En pleine guerre, des clubs de business angels pour aider les startups israéliennes
L'Autorité israélienne de l'innovation va consacrer 9 millions de shekels à la création de trois clubs d'investisseurs pour lever les fonds essentiels aux startups qui démarrent
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Pour aider les start-ups israéliennes en phase de démarrage qui peinent à lever des fonds du fait de la guerre, l’Autorité israélienne de l’innovation, chargée des politiques technologiques du pays, a décidé de financer un programme destiné à créer des clubs d’investisseurs privés.
Dans le cadre de cette initiative, l’Autorité israélienne de l’innovation va consacrer 9 millions de shekels au lancement de trois clubs d’investisseurs privés ou providentiels, afin de renforcer les investissements dans les jeunes startups israéliennes en besoin de capital initial. Le programme vise à attirer et encourager les investisseurs locaux et étrangers et faciliter les investissements collectifs dans les startups israéliennes de deep tech en stade de pré-amorçage ou d’amorçage.
Ces clubs serviront de plates-formes pour les investisseurs privés afin de mettre en commun leurs ressources et ainsi renforcer les investissements, et fournir un soutien crucial aux entreprises technologiques débutantes. Au-delà des capitaux, ces clubs d’investisseurs providentiels partageront également leur expertise en matière d’affaires et de gestion.
Le directeur de l’Autorité israélienne de l’innovation, Dror Bin, rappelle que les investisseurs privés, dans les entreprises débutantes, sont « essentiels en matière de création d’entreprises en Israël, que ce soit en termes de financement ou de leur valeur ajoutée aux entrepreneurs au début de parcours ».
« Nous avons constaté un besoin en termes d’investissements à ces stades, dans des entreprises avec une profondeur technologique et un niveau d’innovation élevés », explique Bin. « L’Autorité de l’innovation continuera à fournir des solutions à l’industrie de la haute technologie dans les situations normales et d’urgence afin d’aider les entrepreneurs à créer et développer des entreprises disruptives qui formeront l’épine dorsale de la future haute technologie israélienne. »
Le mois dernier, déjà, l’Autorité israélienne de l’innovation avait annoncé le déblocage de 100 millions de shekels d’aides pour venir en aide à une petite centaine de startups avec des problèmes de liquidités et leur permettre de faire face aux difficultés liées à la guerre.
Des milliers d’employés du secteur de la Tech et de fondateurs de start-up ont rejoint les rangs de l’armée suite au rappel de 350 000 réservistes afin de répondre aux besoins de la guerre qui a commencé par le massacre, le 7 octobre, de 1 200 personnes – essentiellement des civils – et l’enlèvement de 240 otages, dans le sud d’Israël par 3 000 terroristes.
Ce rappel pose des difficultés particulières aux startups en phase de démarrage, que ce soit en termes d’obtention de fonds critiques ou de fonctionnement quotidien.
Selon une enquête récente de l’Autorité israélienne de l’innovation et du Start-Up Nation Policy Institute (SNPI), les deux tiers environ des entreprises technologiques et startups israéliennes rencontrent des problèmes au niveau opérationnel, comme le report ou l’annulation de commandes et de projets.
Déjà avant le déclenchement de la guerre, les entreprises technologiques israéliennes avaient enregistré une baisse drastique des investissements – jusqu’à -70 % -, exacerbée par un ralentissement de la croissance économique mondiale et le projet de réforme judiciaire controversée du début d’année.
Israël tire la plupart de ses investissements technologiques de l’étranger. On estime à 80 % la part des investissements en capital-risque dans les startups high-tech locales venus de l’étranger en 2021 et 2022.
La dépendance de l’économie israélienne envers son secteur technologique s’est considérablement accrue ces dix dernières années. Cette industrie contribue en effet à hauteur de 18 % au PIB israélien, contre moins de 10 % aux États-Unis et 6 % environ au sein de l’UE. On estime à 14 % la part des employés travaillant dans le secteur de la technologie ou dans des emplois de nature technologique dans d’autres secteurs.
L’économie israélienne repose sur les produits technologiques et leur exportation, qui représentent environ 50 % des exportations totales, ainsi que sur les taxes afférentes.
Dans le cadre de cette initiative, l’Autorité israélienne de l’innovation a lancé un appel à propositions auprès de sociétés de capital-risque, d’entrepreneurs et d’investisseurs. Les gagnants se verront attribuer des fonds pour la création et le fonctionnement du club de business angels durant trois ans. Chaque club aura droit à une subvention annuelle pouvant aller jusqu’à 900 000 shekels, pour un total de 2,7 millions de shekels.
Ces subventions serviront, entre autres, à recruter des investisseurs expérimentés et un directeur de club et à conclure des contrats avec des prestataires chargés d’effectuer les contrôles réglementaires ou de rendre des services juridiques, financiers et fiscaux.