En route depuis les États-Unis vers Haïfa, un navire militaire israélien fait escale au Maroc
Une ONG, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, a déploré le "mutisme d’État" et condamné cette escale
L’escale d’un navire de guerre israélien dans le port de Tanger Med au Maroc a provoqué une nouvelle levée de boucliers dans le pays.
Les 6 et 7 juin 2024, l’INS Komemiyut s’est arrêté dans la cité portuaire dans le nord du pays alors qu’il naviguait des États-Unis vers le port de Haïfa pour être livré à la Marine israélienne. Son achat par Israël permettra de renforcer ses capacités amphibies. En effet, les péniches de débarquement sont principalement utilisées pour transporter des troupes et du matériel à travers la mer et les déployer rapidement sur le rivage.
Cet atout pourrait être utilisé par Israël à Gaza ou au Liban, comme le dénoncent des militants pro-palestiniens marocains.
Depuis le 7 octobre, de grandes manifestations ont lieu quasiment toutes les semaines dans les principales villes du Maroc en soutien au peuple palestinien.
C’est la deuxième fois en un an qu’un navire israélien fait escale au Maroc. En septembre 2023, l’INS Nachshon avait déjà créé la polémique en s’arrêtant au port de Tanger pour bénéficier d’un ravitaillement. Mais depuis, la reprise de la guerre entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas à Gaza a rendu la pilule particulièrement difficile à avaler pour le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, une ONG qui, dans un communiqué publié le 22 juin, a déploré le « mutisme d’État ».
Si la diplomatie marocaine dénonce régulièrement la poursuite des attaques israéliennes à Gaza, le gouvernement marocain reste fidèle au volet de coopération sécuritaire avec l’État hébreu actée par les Accords d’Abraham de 2021. L’escale technique et le ravitaillement en carburant et provisions de l’INS Komemiyut en est ainsi la preuve.
L’ONG a également exprimé son regret que le Maroc n’ait pas suivi « l’exemple du gouvernement espagnol » qui avait, le 19 mai dernier, refusé l’accostage au port de Carthagène d’un cargo transportant des explosifs à destination d’Israël.
Cet événement met en lumière la difficile position d’équilibriste adopté par le Maroc qui, d’un côté, cherche à maintenir la relation établie avec Israël en échange de la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur le Sahara occidental, et de l’autre prend le risque de créer une rupture idéologique avec sa population, en très grande majorité opposée à la guerre menée par Israël à Gaza. En 2021, la normalisation entre Tel Aviv et Rabat avait déjà provoqué des expressions de rejet par la population marocaine.