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En Suède, une rare poignée de mains entre belligérants yéménites

Pour la première fois depuis 2016, le gouvernement et les rebelles reprennent langue, sous la pression de la communauté internationale qui s'alarme de l'urgence humanitaire

La ministre des Affaires étrangères suédoise Margot Wallstrom et l'envoyé spécial de l'ONU au Yemen Martin Griffiths et les délégations du gouvernement yéménite et des rebelles houthis durant les négociations de paix à Rimbo, en Suède, le 7 décembre 2018. (Crédit : Stina STJERNKVIST / TT News Agency / AFP)
La ministre des Affaires étrangères suédoise Margot Wallstrom et l'envoyé spécial de l'ONU au Yemen Martin Griffiths et les délégations du gouvernement yéménite et des rebelles houthis durant les négociations de paix à Rimbo, en Suède, le 7 décembre 2018. (Crédit : Stina STJERNKVIST / TT News Agency / AFP)

La scène est rare et le geste hautement symbolique : des belligérants yéménites ont échangé une poignée de main devant des journalistes lundi en marge de consultations de paix en Suède.

Tout sourire, Salim al-Moughaless, un négociateur de la rébellion houthie, et Ahmed Ghaleb, un délégué gouvernemental, ont accepté de se serrer la main à la demande de journalistes yéménites, devant un photographe qui a immortalisé l’instant.

« Je n’avais jamais vu ça auparavant », a confié une de ces journalistes, sous couvert d’anonymat de crainte de mettre en danger sa famille restée au Yémen.

Selon des témoins de l’échange, les deux hommes ont accepté de bonne grâce.

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Une source onusienne a indiqué à l’AFP que le médiateur britannique Martin Griffiths, à l’initiative de ces discussions, avait vu la photo, rapidement diffusée sur les réseaux sociaux.

Pour la première fois depuis 2016, le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite et les rebelles appuyés par l’Iran reprennent langue, sous la pression de la communauté internationale qui s’alarme de l’urgence humanitaire.

La ministre des Affaires étrangères suédoise Margot Wallstrom et l’envoyé spécial de l’ONU au Yemen Martin Griffiths et les délégations du gouvernement yéménite et des rebelles houthis durant les négociations de paix à Rimbo, en Suède, le 7 décembre 2018. (Crédit : Stina STJERNKVIST / TT News Agency / AFP)

Selon l’ONU, la crise est la pire au monde et menace directement de famine jusqu’à 20 millions de Yéménites. Toutes les précédentes tentatives de dialogue ont échoué.

Les belligérants sont réunis dans un complexe hôtelier à Rimbo, à une soixantaine de kilomètres au nord de Stockholm.

A la manœuvre, les responsables onusiens souhaitent faire de la villégiature champêtre une possibilité pour « construire une confiance » réciproque en vue d’ouvrir un processus de paix.

Un long chemin pavé d’embûches selon les observateurs avertis de l’histoire complexe du Yémen et de la guerre qui ravage depuis 2014 le pays le plus pauvre de la péninsule arabique et qui a fait environ 10 000 morts.

Histoires extraordinaires

D’après des informations non confirmées officiellement, négociateurs du gouvernement et de la rébellion ne se parlent pas directement, sauf sur un dossier, l’accord d’échange de prisonniers conclu début décembre.

La plupart du temps, le médiateur et ses conseillers font la navette entre les deux délégations.

Abdul Malik al-Hajry et Abdul Majid Hanash, représentants de la délégation houthie répondent répond aux journalistes durant les négociations de paix à Rimbo, en Suède, le 7 décembre 2018. (Crédit : J Henrik MONTGOMERY / TT NEWS AGENCY / AFP)

Les négociateurs des deux camps partagent en revanche une même cafétéria. Et une salle de prières a été aménagée pour permettre aux rebelles, chiites, et aux membres du gouvernement, sunnites, de se recueillir.

« Ils se mêlent les uns aux autres, se rencontrent. Nous avons entendu des histoires extraordinaires – que je n’entends pas partager ici – sur ce que les gens se disent », assurait Martin Griffiths à la presse lundi soir.

Si d’après lui « l’humeur est bonne », les organismes yéménites sont éprouvés par l’hiver suédois, le vent, l’obscurité et les premières neiges.

Echarpe autour du cou, bonnet sur le chef, le ministre de l’Agriculture, Othman Moujalli, s’est plaint de devoir négocier « dans le froid ».

Le ministre de l’Agriculture du Yémen Othman Moujalli répond aux journalistes durant les négociations de paix à Rimbo, en Suède, le 7 décembre 2018. (Crédit : Janerik HENRIKSSON / TT NEWS AGENCY / AFP)

Les négociateurs yéménites sont logés au château de Johannesberg, construit au 17e siècle sur un relief boisé dominant de vastes labours et un golf.

Le domaine situé entre Stockholm au sud et Uppsala au nord a été choisi pour sa proximité avec l’aéroport international d’Arlanda.

Il dispose de plusieurs ailes et bâtisses indépendantes où résident les deux délégations yéménites, protégées par des policiers en uniforme et les services de sécurité et de renseignement. Un drone bourdonne de jour comme de nuit dans la nuée.

Les 250 journalistes accrédités pour ces consultations sont installés dans une maison en bois rouge, avec vue sur les greens pelés.

Mohamed Alhani, de l’agence CFI Développement Media, a fait venir, avec le soutien de l’Unesco, des journalistes yéménites pour couvrir les pourparlers.

« Nous avons une rédaction de 12 journalistes, hommes et femmes, qui représentent toutes les régions », explique-t-il à l’AFP.

« Alors que les médias internationaux peuvent s’intéresser à l’aspect purement politique de ces consultations, nous insistons, nous, sur les questions concernant la population ».

Leur sortie du Yémen représente déjà un exploit en soi. L’aéroport de la capitale Sanaa étant fermé depuis trois ans, il faut se rendre à Aden, dans le sud, pour prendre un avion. « 28 heures de voyage sont parfois nécessaires entre les deux villes à cause des checkpoints ».

Sur un grand écran, certains journalistes ont suivi la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix lundi après-midi à Oslo.

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