Enquête de Tsahal sur l’incident de l’aide humanitaire : des tirs sur des Gazaouis menaçants, pas sur le convoi
Lors de l'incident du 29 février, 12 000 Palestiniens ont pris d'assaut le convoi à Gaza ce qui a donné lieu à un mouvement de foule meurtrier ; Les soldats n'ont tiré que sur ceux qui « représentaient une menace », assure l'armée
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un premier examen des évènements survenus le 29 février à Gaza, au cours desquels 120 personnes, selon le groupe terroriste islamiste du Hamas, ont été tuées autour d’un convoi d’aide humanitaire pris d’assaut par une foule affamée, montre que des soldats israéliens n’ont pas tiré sur le convoi, comme le prétendait le Hamas, a indiqué vendredi l’armée israélienne.
« L’examen mené par le commandement a révélé que les troupes [israéliennes] n’ont pas tiré sur le convoi humanitaire, mais qu’elles ont tiré sur un certain nombre de suspects qui s’approchaient [de soldats israéliens] et présentaient une menace », écrit l’armée dans un communiqué.
Le général de division Yaron Finkelman, chef du commandement sud de l’armée israélienne, a présenté le rapport au chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, mardi, selon le communiqué de l’armée israélienne.
Par voie de communiqué, l’armée israélienne a déclaré que l’enquête avait fait la lumière sur la chronologie des événements, à partir du moment où les 38 camions d’aide sont arrivés à l’endroit prévu, sur la côte de la bande de Gaza à 4h00 du matin, pour être escortés par l’armée israélienne jusqu’au lieu de distribution, dans le quartier Rimal de la ville de Gaza.
L’armée israélienne a déclaré qu’à 4h15 du matin, ses soldats avaient patrouillé sur la route que les camions devaient emprunter et déployé des unités en vue de l’opération. À 4 h 29 du matin, le convoi d’aide humanitaire a commencé à arriver, accompagné de chars de Tsahal, selon l’enquête.
Mais selon l’armée israélienne, le convoi, attaqué vers 4h30 (2h30 GMT) sur la route côtière dans l’ouest de la ville de Gaza, a été « pillé » par « une foule d’environ 12.000 Gazaouis ».

« Pendant que se déroulait le pillage, des incidents ayant porté grand tort aux civils ont été provoqués par [une] bousculade et le fait que des gens ont été renversés par des camions », écrit l’armée, notant qu’à 4 h 33, les soldats avaient identifié la présence de corps de Palestiniens à côté des camions et au milieu de la foule.
De plus, « des dizaines de Gazaouis se sont avancés en direction des troupes [israéliennes] proches, jusqu’à plusieurs mètres d’elles, posant ainsi une véritable menace » pour ces soldats.
« A ce stade, les soldats ont tiré de façon préventive pour maintenir les suspects à distance. Comme les suspects continuaient d’avancer vers eux, les troupes ont tiré précisément sur plusieurs suspects pour éliminer la menace », indique encore le communiqué de l’armée.
Toujours selon l’enquête, le convoi a repris sa route vers le nord en suivant l’itinéraire prévu, jusqu’à 4h51 du matin, heure à laquelle il s’est trouvé bloqué par des véhicules palestiniens.
À 5h00 du matin, les soldats de Tsahal se sont retirés de la zone de concentration de la foule, et à 5h30 du matin, les camions ont atteint le lieu de distribution, explique l’enquête.
L’armée israélienne a fait savoir que l’incident allait donner lieu à d’autres examens par le Mécanisme d’évaluation des faits de l’État-major général, organisme militaire indépendant chargé d’enquêter sur les incidents inhabituels en temps de guerre.

Elle a précisé que le mécanisme « examinerait en toute indépendance l’incident et en tirerait des conclusions de manière à formuler des conclusions ».
« L’armée israélienne accorde une grande importance à l’action humanitaire et fait tout son possible pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire jusqu’à la bande de Gaza et améliorer les mécanismes existants », a ajouté l’armée.
Le soir du drame, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, avait insisté sur le fait que l’armée israélienne protégeait ce convoi, affrété selon lui par l’Egypte, pour lui permettre d’arriver à bon port, dans le nord de la bande de Gaza, où l’ONU redoute une famine imminente après cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.
Quelques heures après le chaos, l’armée israélienne a publié des vidéos de drones donnant à voir des milliers de personnes rassemblées autour des camions d’aide, conduits par des « entrepreneurs » palestiniens.
Selon ces mêmes images, certains véhicules ont tenté de se frayer un chemin à travers la foule.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que l’incident avait fait 115 morts et plus de 760 blessés, en parlant comme d’un « massacre » dont les tirs israéliens seraient responsables. Ces chiffres n’ont pas pu être confirmés de manière indépendante.
Selon les toute premières conclusions de l’enquête initiée par l’armée israélienne quelques heures après l’incident, moins de 10 victimes seraient le fait des tirs israéliens.
L’armée israélienne a assuré la coordination de plusieurs livraisons d’aide humanitaire au nord de Gaza ces dernières semaines et depuis l’incident du 29 février.
L’incident s’est produit à un moment de fortes inquiétudes internationales concernant la situation humanitaire dans la bande de Gaza et les difficultés pour apporter de l’aide aux plus de deux millions de personnes prises au piège d’une guerre qui a commencé lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas a mené une attaque massive, le 7 octobre, contre Israël, en tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en faisant 253 otages.
La ville de Gaza et le nord de Gaza ont été les premières cibles de l’offensive aérienne, maritime et terrestre d’Israël. La zone, qui a subi de considérables dégâts, s’est trouvée coupée du reste du territoire et de l’aide pendant des mois, la majeure partie de la population ayant été évacuée vers le sud.
Selon les organisations en charge de l’aide humanitaire, il est presque impossible d’acheminer de l’aide humanitaire dans la majeure partie de Gaza en raison des problèmes de coordination avec l’armée israélienne, des combats et des troubles à l’ordre public, avec des foules désespérées qui prennent d’assaut les convois d’aide.
Selon l’ONU, un quart des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza sont menacés de famine et près de 80 % d’entre eux ont fui leur foyer.