Enquête en Espagne sur des déclarations antisémites lors d’une manif néo-nazie
Quelque 300 personnes, certaines faisant le salut nazi, ont participé au rassemblement dans le cimetière madrilène de la Almuden

Le parquet de la région de Madrid a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête sur des déclarations antisémites prononcées lors d’une manifestations néo-nazie ayant eu lieu samedi dans la capitale.
Selon les images diffusées sur les réseaux sociaux, quelque 300 personnes, certaines faisant le salut nazi, ont participé à ce rassemblement dans le cimetière madrilène de la Almudena.
Cette manifestation, à laquelle a également participé un prêtre catholique, avait été organisée en hommage à la « División Azul » (la « Division Bleue »), qui rassemblait des militaires espagnols envoyés par le régime franquiste pour combattre aux côtés de l’armée nazie sur le front russe durant la Seconde Guerre mondiale.
Le cimetière de la Almudena dispose d’un monument en mémoire aux morts de cette division devant lequel les manifestants ont déposé des fleurs.
Les expressions publiques d’admiration pour l’Allemagne nazie, la rhétorique antisémite et les grands rassemblements d’extrême-droite sont relativement rares en Espagne, où de nombreuses personnes ont des souvenirs amers de la dictature de Francisco Franco, qui s’est rangé du côté des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et a ensuite dirigé l’Espagne jusqu’en 1975.
Mais comme dans de nombreux pays européens, le populisme de droite a connu une hausse considérable et soudaine de sa popularité en Espagne au cours des dernières années. En 2019, le parti populiste de droite Vox est entré pour la première fois au Parlement en tant que troisième parti du pays, avec 52 sièges sur 350.
Selon les images du rassemblement, une jeune femme vêtue de bleue a prononcé des phrases de nature antisémite, comme « l’ennemi sera toujours le même, avec des masques différents : le juif ». Ou encore « le juif est le coupable ».
La Fédération des communautés juives d’Espagne avait réclamé lundi dans une déclaration adressée aux procureurs d’ouvrir une enquête sur l’incitation à la violence et à la discrimination à l’encontre de certaines des personnes qui ont assisté à l’événement, y compris la jeune femme, qui n’a pas été identifiée dans les médias.
Le parquet de la région de Madrid a annoncé dans un communiqué l’ouverture d’une « enquête pénale pour rassembler des informations sur ces proclamations antisémites », qui pourraient constituer « un délit relatif à l’exercice des droits fondamentaux et des libertés publiques ».
« Il est inadmissible que des manifestations antisémites aussi graves puissent rester impunies », a, pour sa part, déclaré Isaac Benzaquén, président de la Fédération des Communautés Juives d’Espagne.
La communauté juive espagnole compte environ 40 000 membres.
L’ambassade d’Israël en Espagne s’est unie aux condamnations en dénonçant des déclarations « répugnantes ».