Enquête sur une directrice d’école après des propos sur Ben Gvir
Le ministère de l'Éducation convoquera Merav Schreiber qui a déclaré que la nomination d'un extrémiste au poste de ministre de la Sécurité intérieure conduirait à un assassinat politique
Le ministère de l’Éducation a ouvert une enquête sur la conduite d’une directrice d’école de Ramat Gan suite à des commentaires qu’elle a faits sur le législateur d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, lors d’une cérémonie organisée au début du mois pour marquer les 27 ans de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin.
Merav Schreiber, directrice de l’école Netaïm de la banlieue de Tel Aviv, a déclaré, lors de la cérémonie, que la nomination potentielle de Ben Gvir au poste de ministre de la Sécurité intérieure conduirait à un « assassinat politique ».
« Je suis désolée, j’en tremble. Si cette personne, qui sera probablement nommée ministre de la Sécurité intérieure – celui-là même qui a poursuivi Rabin, arraché l’insigne de sa voiture et a même dit qu’il pouvait l’atteindre – obtient ce qu’il veut, non seulement nous n’aurons rien appris, mais nous serons aujourd’hui proche d’un assassinat politique », a déclaré Schreiber.
Ben Gvir a acquis une certaine notoriété avant l’assassinat de Rabin lorsque, au cours d’une interview télévisée, il avait fièrement brandi l’insigne qu’il avait arraché de la Cadillac de Rabin en déclarant : « Nous atteindrons aussi Rabin ».
« Il a adhéré à une organisation terroriste, a participé à des activités au sein du mouvement [suprémaciste juif] Kach, qu’il a rejoint à l’âge de 16 ans. Il n’a pas fait son service militaire. Il a dirigé une campagne contre l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et a œuvré pour la libération d’Yigal Amir, l’assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin », a déclaré Schreiber. Ben Gvir n’a pas été appelé au service militaire obligatoire précisément à cause de ses activités extrémistes, il est un fervent admirateur de Baruch Goldstein, et est un membre important du gouvernement », a déclaré la directrice.
Jusqu’en 2020, Ben Gvir exposait dans son salon une photo de Baruch Goldstein – un terroriste juif qui a perpétré un massacre au Tombeau des Patriarches à Hébron en 1994, tuant 29 Palestiniens en prière. Il a déclaré l’avoir retirée en janvier 2020 après s’être aperçu que cela pouvait lui nuire politiquement.
Les images du discours de Schreiber sont devenues virales, provoquant la consternation dans certains milieux. Selon les directives du ministère de l’Éducation, les enseignants doivent faire preuve de sensibilité lorsqu’ils expriment des opinions politiques.
Le maire de Ramat Gan, Carmel Shama-Hacohen, a déclaré à la Douzième chaîne qu’il avait reçu un certain nombre de plaintes concernant cet incident et qu’il les avait transmises au département de l’Éducation de la municipalité ainsi qu’au ministère de l’Éducation.
Schreiber sera convoquée au ministère de l’Éducation dans les prochains jours pour une enquête sur ces commentaires, a déclaré le média. Le ministère a répondu que l’affaire avait été portée à son attention et qu’elle serait examinée.
Ben Gvir se décrit comme un disciple du rabbin extrémiste et ancien député Meir Kahane, dont le parti Kach a été interdit et déclaré groupe terroriste dans les années 1980, tant en Israël qu’aux États-Unis. Comme feu Kahane, Ben Gvir a également été condamné pour terrorisme, bien qu’il insiste sur le fait qu’il est devenu plus modéré ces dernières années et qu’il n’a pas les mêmes croyances que le fondateur du Kach.
Le législateur d’extrême-droite a lui-même sorti à deux reprises sa propre arme à l’occasion d’altercations récentes – une fois face à des gardiens de la sécurité arabes sur un parking de Tel Aviv, au mois de décembre de l’année dernière et, au début du mois, lorsqu’il a affronté des manifestants palestiniens pendant une visite effectuée dans un quartier tendu de Jérusalem-Est.
Au mois de mai 2021, pendant le conflit opposant Israël aux groupes terroristes de la bande de Gaza, le chef de la police, Kobi Shabtai avait, semble-t-il, attribué la responsabilité des émeutes meurtrières survenues dans les villes mixtes à Ben Gvir, citant la décision prise par le numéro un d’Otzma Yehudit d’installer un bureau à Sheikh Jarrah, un quartier particulièrement sensible de Jérusalem-Est, ce qui avait entraîné des affrontements avec les résidents palestiniens avant que n’éclatent les émeutes qui avaient déchiré Israël.
Après que son bloc a remporté une majorité de sièges à la Knesset lors des dernières élections législatives la semaine dernière, le leader du Likud, Benjamin Netanyahu, est en passe de former son nouveau gouvernement, qui comprendra Ben Gvir et sa faction extrémiste Otzma Yehudit, qui fait partie de l’alliance HaTzionout HaDatit.
Peu après le discours de Schreiber, le partenaire politique de Ben Gvir, le député Bezalel Smotrich, a été accusé de propager des théories du complot pour avoir accusé l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet de l’assassinat de Rabin.
S’exprimant lors d’une session spéciale de la Knesset en mémoire de Rabin, Smotrich a affirmé que la rhétorique de droite contre Rabin à l’époque était justifiée et n’a joué qu’un rôle minime dans l’incitation à son meurtre. Il a affirmé que le Shin Bet, qui est chargé de protéger les hommes politiques, était responsable.
Smotrich réclame le poste de ministre de la Défense dans le cadre des négociations de coalition, ce qui suscite une vive opposition publique de la part d’un certain nombre d’autres anciens hauts responsables de la défense. Il n’a servi que brièvement su sein de Tsahal, son service ayant été reporté pour lui permettre d’étudier à la yeshiva et de suivre des cours de droit, avant d’être une fois de plus raccourci.
Smotrich avait été arrêté par le Shin Bet en 2005, soupçonné d’avoir programmé des mouvements de protestation violents contre le désengagement à Gaza alors en cours, et avait été maintenu en détention pendant trois semaines, maintenant son droit de garder le silence et refusant de coopérer à l’enquête. Il faisait partie d’une cellule de cinq personnes arrêtées alors qu’ils semblaient préparer un attentat avec 700 litres d’essence, avait rapporté Yedioth Ahronoth. Il avait été libéré sans être inculpé et s’était dit très fier de cette arrestation.