Ensemble à l’ONU, Olmert et Abbas prônent des négociations directes
Netanyahu fustige la rencontre, "pire moment de l'histoire israélienne" ; le chef de l'AP dit vouloir reprendre les pourparlers au point où ils avaient été rompus, en 2008
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a rencontré mardi l’ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert et s’est engagé à reprendre les négociations de paix sur la base des pourparlers entamés avec le leader israélien il y a une décennie et ultérieurement interrompus. Il a clairement rejeté l’initiative de paix soumise par l’administration américaine actuelle.
La rencontre entre les deux hommes à New York et la conférence de presse conjointe qui a suivi ont été vertement critiquées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui les a accusés de tenter de saper le plan de paix des États-Unis.
Faisant part de son rejet de la proposition de paix au cours d’une conférence de presse qui a été organisée en marge d’une rencontre du conseil de Sécurité de l’ONU, Abbas a demandé la reprise des pourparlers qui avaient été entamés avec Olmert lorsque ce dernier était Premier ministre israélien, il y a douze ans.
Les deux dirigeants avaient réalisé « de réels progrès », a insisté Abbas, disant qu’il était « pleinement prêt à reprendre les négociations là où nous les avions tous deux laissées avec M. Olmert, sous les auspices du Quartet international et non sur la base de l’annexion, de la légalisation des implantations et de la destruction de la solution à deux États ».
Abbas « est un homme de paix. Il est opposé au terrorisme. Et il est donc le seul partenaire avec lequel nous pouvons négocier », a dit aux journalistes Ehud Olmert, qui était assis à côté du dirigeant palestinien.
« Je pense qu’il y a un partenaire », a répété Olmert, qualifiant Abbas de « seul partenaire au sein de la communauté palestinienne qui représente les Palestiniens et qui fait savoir qu’il est prêt à négocier ».
Ces négociations avaient été rompues en 2008 dans un contexte de déboires judiciaires pour le leader israélien et d’opération israélienne dans la bande de Gaza.
Olmert avait expliqué qu’il avait proposé cette année-là de renoncer à la quasi-totalité de la Cisjordanie en faveur d’Abbas, avec des échanges de terres au cas par cas ; de diviser Jérusalem pour permettre la mise en place dans la ville d’une capitale israélienne et d’abandonner la souveraineté israélienne dans les lieux saints et dans la Vieille Ville pour les placer sous contrôle international.
Abbas n’avait pas donné de réponse à cette proposition.
Benjamin Netanyahu avait succédé à Olmert au poste de Premier ministre en 2009 et a rencontré Abbas pour la dernière fois au cours de négociations directes en 2010.
Le chef de gouvernement travailliste avait été ultérieurement condamné et emprisonné pour corruption.
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Netanyahu et Abbas s’accusent mutuellement de saper les efforts de paix.
Peu après la conférence de presse, Netanyahu a fortement critiqué l’apparition de son prédécesseur aux côtés du leader palestinien à New York.
Cette rencontre a été « l’un des pires moments de l’histoire d’Israël, un scandale, un déshonneur », a dénoncé Netanyahu. « Après le travail que j’ai réalisé pendant trois ans avec le président américain Donald Trump pour la mise en place de ‘l’Accord du siècle’, un ancien Premier ministre rejoint Abou Mazen [Abbas] pour le combattre. C’est incroyable », a déclaré Netanyahu devant les caméras de la Vingtième chaîne de droite, mardi soir, utilisant le nom de guerre d’Abbas.
Dans ses commentaires, Olmert a dit ne pas être venu « aux États-Unis pour critiquer le président américain ou son plan politique. Ce n’est pas approprié, et il n’y a aucune raison que je le fasse en Amérique ».
Mais il a insisté sur le fait qu’au bout du compte, la paix ne pouvait provenir que de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.
Le plan de Trump « vise à obtenir la paix entre Israël et les Palestiniens. Nous devons donc négocier avec les Palestiniens. Avec qui négocierons-nous ? », s’est interrogé Olmert.
Même le plan de Trump « répète une fois encore un principe de base qui est le point de départ de tout le reste : la solution à deux États », a clamé Olmert, insistant que c’était « un aspect positif » du plan qui doit être poursuivi par toutes les parties, y compris par la partie palestinienne. J’espère que la partie palestinienne… n’ignorera pas qu’il y a un engagement ici en faveur de la solution à deux États dans le plan du président Trump ».
Des négociations directes « auront lieu », a-t-il martelé. « Cela prendra plus de temps, mais ces négociations se feront, et le partenaire d’Israël, dans ces pourparlers, sera Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Qui sera le partenaire du côté israélien – nous le saurons prochainement », a-t-il conclu, se référant au prochain scrutin du 2 mars.
La participation d’Olmert à ce point-presse a également été condamnée mardi par l’envoyé israélien à l’ONU, Danny Danon, qui a fustigé l’ex-Premier ministre, disant qu’il « apporte son aide au terrorisme diplomatique israélien. Ce qui ne nuit pas seulement à Israël, mais aussi aux Etats-Unis qui ont présenté un plan de paix important pour le Moyen-Orient ».
La conférence de presse a suivi le discours prononcé dans la journée par Abbas devant le conseil de Sécurité. Le leader de l’AP a rejeté le plan de paix américain pendant son allocution, estimant qu’il « légalise ce qui est illégal : la construction d’implantations et la confiscation et l’annexion des terres palestiniennes ».
« J’affirme ici qu’il est nécessaire que cet accord – ou que n’importe quelle partie de cet accord – ne devienne pas une référence internationale pour des négociations », a-t-il dit.
Le président de l’AP a ajouté que le plan « transforme notre terre natale en campements résidentiels fragmentés » et a décrit les territoires retenus par le plan pour un futur État palestinien comme étant « du gruyère ».
« Cet accord porte avec lui le renforcement de l’occupation, l’annexion par les forces militaires et enracine un système d’apartheid », a-t-il continué.
Rompant avec les précédentes administrations américaines, le plan prévoit la création d’un État palestinien sur environ 70 % de la Cisjordanie, une poignée de quartiers dans Jérusalem-Est, la plupart de la bande de Gaza et certaines zones au sud d’Israël – si les Palestiniens reconnaissent Israël comme un État juif, désarment le Hamas et tous les groupes terroristes dans la bande de Gaza et remplissent d’autres conditions.
Le plan permettra aussi à Israël d’annexer les implantations, de reconnaître la souveraineté de l’État juif sur la vallée du Jourdain et d’outrepasser les contrôles sécuritaires à l’ouest du Jourdain, en interdisant aux réfugiés palestiniens le droit au retour.
Abbas a également fait savoir, mardi, qu’il était prêt à lancer des négociations avec Israël sous les auspices du Quartet, constitué des États-Unis, de la Russie, des Nations unies et de l’Union européenne, sur la base des résolutions internationales – si Israël montrait qu’il était un partenaire de paix.
« Je suis sérieux dans ce que je dis. Je suis prêt à rester ici, au siège de la légitimité internationale, pour commencer immédiatement ces négociations », a-t-il ajouté.
Le chef de l’OLP a également assuré que les Palestiniens « n’auront pas recours à la violence et au terrorisme, indépendamment des actes d’agression commis à notre encontre ».
« Nous croyons en la paix et à la lutte contre la violence », a-t-il dit. « Nous nous battrons en utilisant la résistance populaire, pacifique ».
Abbas a fréquemment déclaré s’opposer à la violence comme moyen de faire avancer les objectifs poursuivis par les autorités palestiniennes de Ramallah.