Erdogan : des « Juifs en Israël » battent des femmes et des enfants palestiniens
Le président turc promet "Nous leur donnerons une leçon" ; en réponse, Netanyahu l’accuse de massacrer des enfants et femmes kurdes

Samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que des « Juifs en Israël » battent des femmes et des enfants palestiniens, dans la nouvelle sortie de dirigeant turc agitateur contre l’État juif.
Erdogan, un soutien fort du groupe terroriste palestinien du Hamas, critique depuis longtemps Israël et associe régulièrement les actions de l’État hébreu envers les Palestiniens aux massacres de masse de Juifs par les nazis pendant la Shoah.
« Les Juifs en Israël frappent des gens au sol. En fait, les Juifs ne frappent pas seulement les hommes, mais aussi les femmes et les enfants quand ils tombent au sol », a-t-il dit à des jeunes Turcs lors d’une rencontre à Istanbul de la Fondation de la jeunesse turque.
« Mais en tant que Musulmans, nous nous opposerons à ces gens [les Juifs] s’ils ont le courage de s’en prendre à nous et nous leur donnerons une leçon », a ajouté Erdogan.

Dans le passé, Erdogan avait nié être antisémite quand il exprimait de telles critiques contre Israël.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite répondu à Erdogan, publiant une critique cinglante de l’occupation par la Turquie du nord de Chypre et du traitement militaire turc de la minorité kurde du pays tout comme des Kurdes dans la Syrie voisine.
« Erdogan – l’occupant du nord de Chypre, dont l’armée massacre des femmes et des enfants dans des villages kurdes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie – ne devrait pas faire la morale à Israël », a déclaré le Premier ministre dans un communiqué.
Yair Lapid, le chef du parti Yesh Atid, a également appelé le gouvernement à adopter une position plus agressive envers la Turquie. Il a qualifé Erdogan d’être antisémite après les remarques du dirigeant turc. « Les Juifs ne frappent pas des gens, mais le temps est venu pour les Juifs de frapper Erdogan et de lui dire que nous ne resterons pas silencieux devant des antisémites comme lui », a écrit Lapid sur Twitter.
Si les relations entre Israël et la Turquie sont tendues depuis longtemps, les tensions ont atteint un nouveau sommet en mai après la réponse d’Israël aux violentes manifestations à la frontière de Gaza qui ont été organisées par le Hamas et au cours desquelles des dizaines de Palestiniens ont été tués.
A l’époque, Erdogan avait tenu Israël pour unique responsable des morts de Gaza, accusant l’État juif d’être un « État terroriste » qui commet un « génocide ». Il avait ensuite comparé les actions d’Israël à celles des nazis.

La Turquie avait ensuite rappelé son ambassadeur de Tel Aviv et expulsé les diplomates d’Ankara et d’Istanbul.
Israël avait répondu de la même manière, et Netanyahu avait déclaré qu’Erdogan « comprend bien le terrorisme et les massacres ».
Israël avait expulsé le consul général de Turquie à Jérusalem, qui représente Ankara auprès des Palestiniens, alors que la Turquie avait menacé de poursuivre l’État juif devant le Tribunal pénal international (TPI) à la Haye.
Même s’il y a des annonces sur des discussions en coulisses entre Israéliens et Turcs pour essayer de restaurer les relations diplomatiques, aucun diplomate ayant été rappelé n’est revenu à son poste.
La dernière attaque en date d’Erdogan contre Israël intervient quelques jours après que le président américain Donald Trump a soudainement annoncé le retrait de toutes les troupes américaines de Syrie, une décision qu’il aurait prise lors d’un appel téléphonique avec le dirigeant turc, selon l’Associated Press.
Trump a déclaré que le contingent de quelque 2 000 soldats américains en Syrie serait retiré puisque le groupe jihadiste de l’Etat islamique avait été « vaincu », une affirmation remise en doute pas de nombreux élus et analystes. La décision de Washington n’a pas seulement des conséquences pour les Kurdes, qui sont entraînés par les forces américaines, mais aussi pour les actions turques en Syrie.
Vendredi, dans le sillage de l’annonce, Erdogan a promis d’expulser toutes les milices kurdes soutenues par les Etats-Unis et la jihadistes de Syrie. De leur côté, les forces kurdes ont prévenu que toute attaque d’Ankara pourrait sérieusement mettre à mal le combat contre l’Etat islamique.

Erdogan a suggéré que la Turquie pourrait lancer une opération contre les milices des Unités de Protection du peuple kurde (YPG). Ankara les considère comme des « ramifications terroristes » du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guerre d’insurrection contre l’état turc depuis 1984. Le PKK est considéré comme un groupe terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.
« Dans les prochains mois, nous verrons une opération visant à se débarrasser de l’YPG et des éléments de l’Etat islamique sur le terrain de Syrie », a-t-il déclaré à Istanbul.
Ergodan s’est félicité de la décision de retrait de Trump. Il a pourtant déclaré vouloir rester « prudent » à cause « d’expériences passées négatives », en référence à la déception continue d’Ankara sur l’incapacité de l’administration américaine à cesser de fournir un soutien militaire à l’YPG.
La décision de Trump a profondément préoccupé Israël. De fait, la présence américaine en Syrie était perçue comme une protection contre les efforts militaires de l’Iran à s’implanter.
Au cours des dernières années, Israël a répété, à de nombreuses reprises, que l’Iran cherchait à établir une présence militaire en Syrie. Le régime iranien a combattu aux côtés de la Russie et de son allié libanais du Hezbollah au nom du président syrien Bachar el-Assad.
Pour Israël, le retrait américain laisse l’état juif sans un allié stable dans la lutte contre l’Iran en Syrie. Cela ouvre potentiellement la porte à Téhéran pour créer ce que l’on a qualifié de « pont terrestre » depuis l’Iran, à travers l’Iraq et la Syrie, vers le Liban et la mer Méditerranée.
Alors que la majorité des troupes américaines a été postée dans le nord-est de la Syrie, soutenant ainsi les combattants kurdes, un petit contingent de soldats américains a maintenu une présence le long de la frontière irakienne à al-Tanf, bloquant ainsi les efforts iraniens à transférer des armes et des technologies.
Raphael Ahren a contribué à cet article.