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Face aux initiatives de paix, les implantations israéliennes présentent un nouveau visage au monde

Le nouveau porte-parole du Conseil de Yesha à l'étranger, Oded Revivi, veut montrer comment fonctionne réellement « l'écosystème » en Cisjordanie, où vivent Israéliens et Palestiniens

Le maire d'Efrat, Oded Revivi. (Avi Hyman Communications)
Le maire d'Efrat, Oded Revivi. (Avi Hyman Communications)

EFRAT, Cisjordanie (JTA) – Le Conseil de Yesha représente les implantations israéliennes en Cisjordanie depuis cinq décennies. Ils ont contribué à créer ce qui semble être une réalité irréversible tant aux yeux des opposants que ceux de ses partisans. Quelque 400 000 Israéliens vivent dans des implantations, où ils ont jouissent d’entreprises vinicoles, de chaînes de magasins israéliens, d’une université et d’une infrastructure de sécurité dirigée par l’armée israélienne.

Dans le même temps, une grande partie du monde reste opposée aux implantations, que l’Organisation des Nations unies considère comme illégales en vertu du droit international, et que les États-Unis considèrent tantôt « inutiles » ou « illégitimes ».

Les critiques disent que la présence juive sur la terre que les Palestiniens demandent qu’elle fasse partie d’un futur Etat est un obstacle majeur à tous les plans de paix israélo-palestinienne, notamment la récente initiative française.

Pour le Conseil de Yesha, le groupe de coordination des implantations israéliennes – son nom est un acronyme en hébreu pour Judée et Samarie, les noms bibliques couramment utilisés en Israël pour désigner la Cisjordanie – entraver les efforts visant à renoncer à la terre biblique d’Israël fait partie de la question.

Avec l’initiative française, et peut-être un coup de pouce imminent à la paix régionale, le Conseil a nommé le mois dernier un nouvel ambassadeur pour défendre la cause des résidents des implantations dans le monde.

Le lieutenant-colonel (rés.) Oded Revivi sera la deuxième personne à occuper le poste, prenant la place laissée vacante il y a plus d’un an par Danny Dayan, l’ancien chef du conseil qui vient de devenir consul général d’Israël à New York (après que le Brésil ait rejeté sa nomination comme ambassadeur là-bas en raison de son passé de dirigeant des implantations).

Revivi, 47 ans, a reçu JTA lundi à la vigne du Gush Etzion pour discuter de ses plans pour le job.

Homme puissamment bâti qui porte une petite kippa crochetée et parle un anglais britannique avec un accent hébreu, Revivi est un des relativement rares Israélien qui puisse se tgarguer de comprendre la diaspora juive. Enfant, il a vécu plusieurs années aux Etats-Unis et en Angleterre. Après avoir terminé son service militaire comme officier dans les blindés de l’armée israélienne, il a obtenu un diplôme en droit à Londres, où il a rencontré une Anglaise qui est maintenant sa femme.

Depuis 2008, Revivi est le maire d’Efrat, une grande localité du Gush Etzion avec une population en majorité immigrée et une réputation de modération idéologique.

(L’interview a été modifiée pour plus de clarté.)

Que direz-vous au monde à propos des habitants des implantations ?

Pendant 50 ans, le Conseil de Yesha s’est principalement occupé à essayer de construire les localités et d’en augmenter le nombre, et pas tellement de raconter et diffuser notre histoire. Et tout d’un coup, nous nous réveillons près de 50 ans plus tard, avec toutes sortes d’initiatives qui ne comprennent pas notre message, ni la réalité dans laquelle nous vivons ici, et c’est ce qui doit être transmis.

Le message est, au bout du compte : Il y a des centaines de milliers de Juifs qui vivent ici, il y a beaucoup de Palestiniens qui vivent ici. Il y a un écosystème qui fonctionne. Il peut être amélioré. Il y a des choses qui doivent être modifiées.

Mais ce n’est certainement pas une zone de conflit. La plupart des attaques terroristes se produisent en dehors de la Judée-Samarie. Pourtant, le mythe est qu’une fois il n’y aura plus de Juifs en Judée-Samarie, il y aura la paix et la tranquillité dans cette région. Et je suis en train de transmettre le message de regarder comment les gens vivent ici au jour le jour, l’un à côté de l’autre, comment pouvons-nous peut-être créer et diffuser un autre récit qu’il existe une coexistence, qu’il existe une coopération, et qui peuvent certainement être améliorées, mais qu’il faut commencer quelque part.

Et votre message est évidemment que les Juifs sont là pour rester.

Bien sûr.

Qu’allez vous prendre de Danny Dayan, et qu’allez vous changer ?

Danny a essentiellement jeté les bases pour la compréhension que nous ne pouvons pas juste nous concentrer sur ce qui se passe localement. Il a investi beaucoup de temps avec les diplomates officiels, et avec les médias internationaux. Je pense que cela ne suffit pas. Je pense que nous devons faire plus. Je pense que nous devons trouver des moyens efficaces pour diffuser des messages et relativement bon marché, par les nouveaux médias, c’est quelque chose qui n’a pas été développé pendant le mandat de Danny.

Cela dit, nous avons aussi besoin des partenaires, et l’un des partenaires potentiels, mais qui a besoin de se faire choyé, développé et étreint, est la communauté juive internationale, qui, en raison de certains désaccords parfois religieux, ne se sent pas concernée. Peut-être en créant des alliances avec elles, nous serons en mesure de faire passer le message grâce aux organisations juives présentes à travers le monde.

Cela risque d’être difficile aux États-Unis. Un nombre croissant de Juifs américains abandonnent Israël, en partie à cause de la frustration au sujet de l’occupation. Est-ce que cela vous inquiète ?

Je pense que certains des politiciens israéliens ne réalisent pas l’importance de l’alliance avec les différents secteurs du judaïsme à travers le monde. Lorsque vous dites : ‘Je n’ai plus rien à voir avec les Juifs masorti,’ vous dites en fait que, dans quelques années, vous allez fermer le lobby le plus fort qu’Israël a travers le monde, que l’on appelle l’AIPAC [le lobby américain pro-Israël]. Voilà quelque chose qu’Israël ne peut pas se permettre.

Encore une fois, nous allons voir quel est le dénominateur commun, nous allons voir quel est le terrain d’entente, nous allons voir quels ponts nous pouvons construire avec les Juifs masorti et les réformés, même si nous n’acceptons pas pleinement la façon dont ils pratiquent leur judaïsme. Il y a un intérêt commun. Et c’est un thème majeur dans ce que je suis en train de transmettre. Et encore une fois, cela n’a pas d’importance avec quelles organisations nous dialoguons.

Une façon dont nous voulons atteindre la communauté juive de la diaspora est de les inciter à acheter des produits en provenance d’Israël, y compris de Judée-Samarie, sur notre site Web. En fait, nous avons eu l’idée de l’AIPAC-Canada. Voilà une excellente façon de dépasser le mouvement BDS [Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël]. Pas y faire face, juste les dépasser.

La vague actuelle de violence palestinienne, qui est centrée en Cisjordanie, semble contredire le message que les Juifs et les Arabes peuvent vivre ensemble sous souveraineté israélienne. Le voyez-vous de cette façon ?

Voilà un excellent exemple de la façon dont les gens ne connaissent pas les faits et parviennent à des conclusions. La plupart des attaques au couteau, la dernière fois que j’ai vu les statistiques, plus de 60 %, ont eu lieu dans ce que nous appelons « le Petit Israël » [à l’intérieur des frontières de 1967]. Seulement 40 % ont eu lieu en Judée-Samarie.

Ce malentendu est un exemple de la façon dont le conflit se dégrade, quels sont les défis et comment se construit une mauvaise réputation. Puis, tout d’un coup, vous devez démonter le mythe au lieu de traiter réellement le problème lui-même. Encore une fois, ce que je suis en train de faire est de construire des ponts et de montrer le dénominateur commun.

La majorité des pays développés aujourd’hui font face au même défi. Si nous comprenons qu’il s’agit d’un défi mondial, si nous comprenons qu’il y a un dénominateur commun à ce que nous souffrons ici et à ce que les gens souffrent à Bruxelles, en France, en Angleterre et aux États-Unis, peut-être que les dirigeants du monde mettront l’accent sur les minorités petites, violentes, et fortes, au lieu de rejeter la majorité par des mesures de punition collective.

Lorsque vous parlez de « punition collective », est-ce une critique de la façon dont Israël répond à la violence palestinienne ?

Construire des clôtures n’est pas la réponse. Vous avez tout le temps pour renforcer la sécurité, qui, selon moi signifie trouver un intérêt commun, ou un intérêt dont le résultat sera tel que les deux parties puissent en bénéficier.

Par exemple, Efrat, où la barrière de sécurité n’est pas construite, n’est pas une autoroute pour ceux qui veulent commettre des attentats suicide parce que – et peu d’Israéliens sont prêts à l’admettre – l’Autorité palestinienne a réalisé que les images de kamikazes ne servent pas leur intérêts, et qu’ils font beaucoup pour empêcher ces extrémistes de venir et de se faire exploser.

Donc, vous voyez les deux parties ont des intérêts, cela ne doit pas nécessairement être le même intérêt, mais le résultat est le même. Les deux parties apprécient le fait qu’il n’y a pas de clôture et qu’il n’y a pas de kamikazes qui passent.

Je sais que vous êtes proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de nombreux autres responsables israéliens. Allez-vous travailler en étroite collaboration avec le gouvernement ?

Je pense que quiconque pense à ce stade que vous pouvez travailler de façon autonome, en ignorant les différents points de vue, en ignorant les différents hommes politiques, ne comprend pas comment le système fonctionne.

J’ai rencontré hier le ministre des Cultes [David Azoulay], qui est l’une des personnes qui reçoit les critiques des mouvements réformés et masorti. Je peux avoir une discussion avec lui, et cependant je peux aller parler dans les synagogues ou temples masorti et réformés pour leur demander de nous soutenir dans notre initiative contre le BDS.

Une fois que nous établissons des liens avec les différents groupes, cela sera peut-être même utilisé pour soutenir l’agenda des mouvements masorti et réformé. Je ne sais pas où cela va mener. Ce que je sais c’est que nous ne sommes pas assez forts pour nous défendre par nos propres forces, et que nous avons besoin d’alliés de toutes sortes, et nous allons essayer de tendre la main à tous ceux qui peuvent aider.

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