Fatah : Un haut responsable va former un bloc séparé pour les élections
Nasser al-Qidwa, membre du puissant comité central et neveu de Yasser Arafat, est un vieil opposant d'Abbas. Il espère que Barghouti, toujours en prison, dirigera son nouveau bloc

Nasser al-Qidwa, membre du Comité central du Fatah, a déclaré mercredi son soutien à un bloc distinct qui se présentera aux élections palestiniennes. C’est le dernier coup porté à l’unité du pouvoir en Cisjordanie.
« Je suis favorable à la formation d’une liste électorale dans le cadre d’un vaste forum démocratique qui comprendrait diverses tendances de la société, et non l’unique mouvement du Fatah », a écrit al-Qidwa sur Twitter.
Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a publié un décret à la mi-janvier ordonnant aux Palestiniens de se rendre aux urnes. Si elles avaient lieu, ce seraient les premières élections nationales palestiniennes depuis 15 ans. Le premier tour de scrutin de ces élections législatives devrait se tenir le 22 mai.
Nombre d’observateurs sont sceptiques quant à la tenue d’élections après tant d’années de promesses électorales non tenues par les dirigeants palestiniens. Plusieurs cercles diplomatiques commencent à croire que ces élections auront bien lieu.

Al-Qidwa et d’autres militants ont baptisé leur nouvelle liste Forum national démocratique. Dans un tweet, Al-Qidwa a déclaré qu’il espérait que Marwan Barghouti, terroriste palestinien condamné en Israël, prenne la tête du parti.
Barghouti, qui n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature, purge actuellement cinq peines d’emprisonnement à perpétuité dans une prison israélienne pour avoir organisé des attentats terroristes lors de la deuxième Intifada.
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Al-Qidwa avait précédemment appelé Barghouti à s’impliquer dans les élections législatives palestiniennes et à ne pas « fuir ses responsabilités ».
Al-Qidwa a également demandé à l’ancien chef de la sécurité de Gaza Mohammad Dahlan, membre du courant de la réforme démocratique, à prendre à nouveau un rôle dans la politique palestinienne, y compris au sein du Fatah lui-même. Dahlan, qui a été exilé de Cisjordanie en 2011, est depuis longtemps en désaccord avec les dirigeants palestiniens basés à Ramallah.
« Je veux dire à la faction principale du Fatah [la faction de Dahlan] qu’elle a toute sa place et que ses membres sont les bienvenus dans le cadre des réconciliations au sein du Fatah et en dehors du Fatah », a déclaré al-Qidwa.
Depuis les dernières élections en 2006, les dirigeants palestiniens avaient promis à plusieurs reprises d’organiser un vote. La victoire écrasante du groupe terroriste du Hamas au Parlement sur ses rivaux du Fatah, faisait suite alors aux querelles qui avaient déchiré les factions considérées comme corrompues.
La victoire du groupe terroriste avait conduit à la création d’un gouvernement unitaire fragile entre le Fatah et le Hamas. Suite à un boycott international, le gouvernement s’était effondré. Les mouvements palestiniens rivaux ont alors mené une lutte sanglante concernant le pouvoir à Gaza.

Le Hamas est de nouveau sorti victorieux de cette bataille qui a conduit à une rupture durable. La peur et la méfiance entre les deux factions – combinées au désir de conserver le pouvoir – ont torpillé toutes les tentatives d’élections au cours des 15 dernières années.
Tout comme en 2006, le mouvement Fatah d’Abbas est profondément divisé. D’un côté, Barghouti jouit d’une large popularité au sein du public palestinien. Dahlan conserve pour sa part une faction fidèle à Gaza.
Cela fait longtemps qu’al-Qidwa critique Abbas. Il a acquis une réputation de diplomate efficace et compétent après avoir été à plusieurs reprises en poste à l’étranger, notamment en tant que représentant de l’Autorité palestinienne auprès des Nations Unies.
Depuis quelques semaines, les critiques d’al-Qidwa à l’égard de l’Autorité palestinienne sont devenues plus virulentes. Lors d’une conférence virtuelle diffusée par l’Université de Birzeit fin février, al-Qidwa a déclaré que le système politique palestinien devait être changé et non pas seulement réformé.
« En même temps que nous luttons contre les actions israéliennes, notre système politique doit radicalement changer, » a déclaré al-Qidwa.
Al-Qidwa a exhorté les Palestiniens à trouver ce qu’il a appelé « une troisième voie » afin de sortir de la situation dans laquelle se trouve la politique palestinienne, coincée entre la « lutte armée ou des négociations avec des concessions sans fin ». Il n’a pas donné plus de détail.
Lors d’un entretien téléphonique avec le Times of Israël la semaine dernière, le membre du Comité central du Fatah, Azzam al-Ahmad, s’est moqué des remarques d’al-Qidwa selon lesquelles le régime politique palestinien avait besoin d’un changement fondamental.
« Nasser fait partie du système politique et les relations sont solides entre les membres du Comité central », a déclaré al-Ahmad.
Il semble qu’un nouveau vote effacerait certaines différences entre les factions du Fatah qui ont tant impacté les élections de 2006. Le groupe terroriste du Hamas a fait une concession au Fatah en acceptant qu’un vote populaire national détermine la répartition des sièges au Parlement palestinien.
En 2006, de nombreux candidats du Fatah se sont affrontés dans différents districts, ce qui a éparpillé les voix. Le Hamas, dont la discipline interne est plus stricte, n’avait présenté qu’un seul candidat par district. En conséquence, les électeurs ont eu tendance à glisser vers le Hamas, malgré une légère victoire du Fatah.
Ahmad al-Majdalani, haut responsable de l’Autorité palestinienne, a déclaré au Times of Israel que la nouvelle procédure électorale empêcherait le renouvellement de pareil glissement vers le Hamas ou toute autre faction.
« La nouvelle loi électorale empêche tout parti d’obtenir la majorité aux élections législatives. Des alliances seront indispensables, soit dans le cadre des élections, soit après », a déclaré Majdalani.