Israël en guerre - Jour 625

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Faute de Haredim, Tsahal se tourne vers les femmes : 1 combattant sur 5 est aujourd’hui une femme

Lors de récentes discussions à la Knesset, Tsahal a révélé que les femmes représentaient 20,9 % de la force de combat. Et dans leurs rangs, toujours plus de religieuses

Des femmes officiers du Corps de défense des frontières (Armée israélienne)
Des femmes officiers du Corps de défense des frontières (Armée israélienne)

Un soldat israélien sur cinq est une femme, a indiqué un officier supérieur lors d’une récente audition à la Knesset, soulignant l’importante augmentation du nombre de femmes combattantes.

« Aujourd’hui, les femmes représentent 20,9 % de la force de combat de Tsahal – un chiffre sans précédent. Nous enregistrons également une augmentation du nombre d’unités technologiques, mais la principale augmentation concerne le nombre de femmes affectées au combat », a déclaré le brigadier-général Shay Tayeb, chef de la division de la planification et de la gestion du personnel de la Direction du personnel, le 7 mai, lors de la présentation de données officielles aux membres de la Knesset dans le cadre d’une discussion sur les femmes soldats et la nécessité d’une loi de conscription équitable pour les hommes ultra-orthodoxes.

Alors que les femmes sont donc de plus en plus nombreuses dans les bataillons d’infanterie légère, les unités de combat d’élite et autres unités susceptibles de les mettre en première ligne, l’armée pourrait avoir du mal à relever le double défi de les intégrer aux côtés de l’arrivée attendue de recrues ultra-orthodoxes, mettent en garde les autorités chargées de la planification.

Sur les 18 915 Haredim qui ont reçu leur ordre de conscription depuis juillet 2024, 319 se sont effectivement enrôlés et 2 521 d’entre eux ayant décidé d’ignorer plusieurs rappels ont reçu un ordre de conscription immédiat leur enjoignant de se présenter dans les locaux d’un centre d’intégration dans les 48 heures sous peine d’être déclarés réfractaires.

Résolument opposée à ce que les hommes haredim échappent à la conscription, le major Sapir Barabi, chef de service affecté à la Direction du personnel de Tsahal, explique qu’entre 2012 et 2024 – si l’on en croit les chiffres de l’annuaire de recrutement – le nombre de femmes soldats de combat a été multiplié par dix.

S’agissant plus spécifiquement des fonctions de combat dévolues aux femmes, Tsahal explique que les femmes peuvent aujourd’hui prétendre à 58 % des postes de combat. Demeurent fermées aux femmes la totalité de l’infanterie et des forces blindées de Tsahal en manœuvre, ainsi que la grande majorité des commandos, toutes formées pour opérer en territoire ennemi.

Le plafond de verre des forces spéciales se fissure

Cela fait maintenant une vingtaine d’années que l’armée israélienne permet aux femmes d’effectuer un service en tant que combattantes au sein des bataillons d’infanterie légère mixtes stationnés en permanence aux frontières d’Israël avec l’Égypte, la Jordanie et, plus récemment, la Cisjordanie, dans le cadre du Corps de défense des frontières.

Les femmes représentent environ 60 % de tous les bataillons mixtes, et les soldats de combat – hommes et femmes – s’entraînent et servent ensemble depuis l’enrôlement, pendant leur formation et jusqu’à leur déploiement aux frontières.

Lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, des membres de l’un de ces bataillons d’infanterie légère normalement stationnés à la frontière égyptienne – le bataillon Caracal – et sa compagnie de chars entièrement féminine se sont battus durant des heures et ont tué des dizaines de terroristes le long de la frontière et dans les communautés envahies par eux.

La brigade de recherche et de sauvetage du Commandement du front intérieur, dont les troupes sont majoritairement féminines et parfaitement entraînées au combat, est souvent déployée pour procéder à des arrestations ou mener des missions de défense de routine en Cisjordanie. Pendant la guerre, elles ont opéré à Gaza pour aider les soldats en manœuvre.

Au sein de l’armée de l’air, femmes et hommes servent ensemble dans le réseau de défense aérienne – techniquement considéré comme un service de combat. Dans la Marine également, des femmes servent aux côtés des hommes à bord de bateaux lance-missiles.

Les femmes soldats peuvent également être maîtres-chiens au sein de l’unité d’élite Oketz ou secouristes-ambulancières au sein d’autres brigades d’infanterie ou de blindés à prédominance masculine, et ce jusque dans le cadre de l’offensive terrestre à Gaza.

Compte tenu de la forte augmentation du nombre de combattantes, l’armée israélienne continue d’explorer de nouvelles pistes.

Des combattantes de l’unité de mobilité des parachutistes dans la bande de Gaza pendant la guerre du 7 octobre (Armée israélienne)

En 2024, l’armée israélienne a initié des programmes pilotes pour intégrer les femmes au sein des unités des forces spéciales, notamment l’unité 669, Sayeret Matkal et Yahalom, l’unité d’élite du Corps de Génie de combat. Le projet pilote Yahalom est aujourd’hui terminé et l’armée israélienne attend une décision concernant l’ouverture officielle de l’unité aux effectifs féminins.

Certaines femmes soldats qui ont terminé le projet pilote Yahalom ont déjà suivi le cours d’officier de Tsahal, tandis que d’autres terminent leurs deux années au sein de l’unité. On ignore dans quelle mesure l’armée a intégré les femmes ayant mené à bien le projet pilote dans des activités opérationnelles au-delà des frontières.

Les deux femmes soldats acceptées au sein de la prestigieuse unité de sauvetage 669 ont abandonné, et aucune information publique n’est disponible sur celle qui a été recrutée par l’unité spéciale de reconnaissance Sayeret Matkal. À l’heure actuelle, on ignore dans quelle mesure le projet pilote sera ou non maintenu ou si de nouvelles recrues féminines intégreront ces unités.

Selon l’armée israélienne, toutes les femmes ont satisfait aux exigences de dépistage et d’entraînement au combat, sur la base d’une échelle de condition physique adaptée.

Une discussion concernant les femmes combattantes se tient dans le cadre de la sous-commission des ressources humaines de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, présidée par le député Elazar Stern (au centre), membre du parti Yesh Atid (Danny Shem-Tov/Service du porte-parole de la Knesset)

Un autre projet pilote en cours au sein de l’armée israélienne a pour objet de tester l’intégration des femmes au sein des unités de mobilité de combat des forces terrestres. À l’heure actuelle, chaque bataillon d’infanterie dispose de pelotons de mobilité, généralement composés de soldats d’infanterie régulière formés à la conduite opérationnelle de Hummers et/ou véhicules tout terrain.

La mission principale de l’unité de mobilité est d’acheminer des fournitures pondéreuses – eau, nourriture, munitions, mortiers, missiles, etc – aux forces déployées en territoire ennemi. Elle consiste par ailleurs à évacuer les blessés au combat ou transporter du matériel d’un commandant de compagnie à un autre ou entre les commandants de compagnie et les commandants de bataillon, sous le feu.

Ce projet pilote a débuté très récemment et concerne pour l’heure une trentaine de femmes combattantes qui forment un peloton. Elles suivent une formation poussée sur la base d’entraînement de la brigade parachutiste – Camp Eitan -, non loin du kibboutz Shomria.

Selon Barabi, leur formation est identique à celle de leurs homologues combattants masculins. L’armée israélienne a toutefois décidé de former des pelotons par genre au sein de la base d’entraînement de la brigade et de ne pas les intégrer au sein d’unités mixtes.

Des femmes soldats en cours de formation dans une brigade commando (Armée israélienne)

Un autre programme pilote susceptible de s’ouvrir aux femmes combattantes au titre des recrutements 2025 est l’unité 504 – celle chargée de recruter des agents en territoire ennemi et d’interroger les prisonniers, que ce soit sur le terrain ou dans les installations de Tsahal. L’unité 504 appartient à la Direction du renseignement de Tsahal, qui compte le plus grand nombre de femmes à des postes de renseignement.

Assez de programmes pilotes et laissons les femmes voler de leurs propres ailes

La députée Merav Michael, membre du parti Avoda, reproche à l’armée d’utiliser des programmes pilotes pour, en fait, retarder l’intégration des femmes à de réels postes de combat.

« Aucun autre segment de la population ne fait l’objet de tant de programmes pilotes », regrette-t-elle. « Laissons-les faire leurs preuves en nous laissant guider par le principe de la « bonne personne au bon endroit » et mettons un terme à tous ces projets pilotes. »

L’une des questions les plus controversées soulevées lors de la discussion en sous-commission des ressources humaines de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset a été la décision de Tsahal d’affecter des femmes soldats religieuses à des postes de combat au sein de « pelotons genrés », sur le même principe que ce qui est proposé aux soldats masculins religieux ne souhaitant pas servir aux côtés de combattantes.

L’armée israélienne devrait ainsi ouvrir un peloton de combat exclusivement féminin au sein de l’Unité de collecte des Renseignements de combat – elle-même membre du Corps de Défense des Frontières –, probablement au sein du bataillon Eitam chargé de la surveillance de la frontière entre l’Égypte et la Jordanie, dans le sud d’Israël, et un autre peloton du même type au sein de l’un des bataillons du Dôme de fer de la Défense Aérienne.

La major Lior Engel (Rovach) pendant son service en tant que commandante de compagnie du commando Caracal, lors de la marche des bérets, en août 2016 (Photo de Tsahal)

Selon Michaeli, le fait que Tsahal autorise la mise en place d’unités genrées destinées aux soldats religieux est dangereux et de nature à saper les fondements des objectifs opérationnels de l’armée.

« Le fait de constituer des unités genrées ne répond pas à un besoin opérationnel mais à des considérations politiques », explique-t-elle. « On nous parle de ces soldats ultra-orthodoxes qui refusent de servir au sein d’unités d’artillerie parce que cela impliquerait pour eux de le faire aux côtés de combattantes. C’est une approche dangereuse pour Tsahal. Il y a un vrai risque que la ségrégation entre les sexes gagne du terrain et qu’au final, cela nuise à l’armée israélienne – comme cela nuira aux femmes. »

Des combattantes de l’unité de mobilité parachutiste dans la bande de Gaza pendant la guerre du 7 octobre, avec un chien errant. (Armée israélienne)

Des taux d’abandon comparables

Interrogée sur le taux d’abandon des femmes soldats en cours de formation, Barabi explique que dans le Corps de défense des frontières, le taux d’abandon des femmes est de 15 % et de 14 % chez les hommes. « Il n’y a pas de différence majeure entre les sexes », dit-elle, « et le taux d’abandon des postes de combat est sensiblement le même dans toutes les unités. »

Ofra Ash, PDG du Deborah Forum, actif dans la promotion des femmes au sein de la sécurité nationale et de la politique étrangère, a pris part à cette discussion et rappelé qu’il y avait encore très peu de femmes aux postes de commandement supérieur de Tsahal.

« Tant qu’il n’y aura pas de femmes aux plus hauts postes de l’État-major – c’est-à-dire des femmes qui auront gravi tous les échelons et servi au combat et en opérations – nous ne pourrons pas parler de réels progrès », affirme-t-elle.

À l’heure actuelle, il n’y a que deux femmes générales au sein de l’État-major, toutes deux à des postes de juristes.

L’avocate militaire en chef, Yifat Tomer-Yerushalmi, lors de la cérémonie d’adieu au président par intérim de la Cour suprême, Uzi Vogelman, à la Cour suprême israélienne, à Jérusalem, le 1er octobre 2024. (Crédit : Oren Ben Hakoon/POOL)

Desserrer la pression sur les réservistes

Lors d’une seconde discussion à la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le 8 mai dernier, Tayeb a, pour le compte de Tsahal, indiqué que « chacun des nouveaux bataillons mixtes – hommes/femmes – présente un immense potentiel d’inflexion de la dépendance envers les réserves ».

Tayeb a expliqué qu’un seul bataillon régulier – par exemple, un bataillon mixte du Corps de défense des frontières ou de la Brigade de recherche et de sauvetage – équivalait en termes de production opérationnelle à plus ou moins sept bataillons de réserve.

S’il y a bien un pourcentage qui témoigne de l’augmentation du nombre de femmes à des postes importants de l’armée israélienne, c’est celui des femmes qui servent actuellement au sein de la réserve.

Lors de la deuxième guerre du Liban, en 2006, les femmes ne représentaient que 3 % des réservistes. Lors de l’opération Bordure protectrice en 2014, ce chiffre était passé à 8 % et depuis le début de la guerre du 7 octobre, la proportion de femmes dans la réserve a atteint 20 %.

Au niveau général de Tsahal, souligne-t-il, 90 % des postes sont ouverts aux femmes.

Le brigadier-général Shay Tayeb, chef de la division de la planification et de la gestion du personnel de la Direction du personnel de Tsahal, prend la parole dans le cadre de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le 8 mai 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Tayeb explique que parmi les candidates au service militaire, 37 % s’identifient comme religieuses – ultra-orthodoxes ou nationalistes-religieuses. Par ailleurs, 25 % des femmes sont affectées à des unités dans lesquelles la période de service obligatoire est de 32 mois, soit la même durée que les hommes. Ces unités comprennent les forces de combat et certaines unités de renseignement.

Au cours des débats en sous-commission à la Knesset, le député Simcha Rothman, membre du parti HaTzionout HaDatit, a demandé de quelle manière s’était produite la forte augmentation du nombre de femmes – en particulier religieuses – affectées à des postes de combat, sans mesure spéciale de la part de Tsahal. Ce qui, a noté Rothman, contraste fortement avec les importants investissements logistiques et financiers de l’armée pour recruter des hommes ultra-orthodoxes, sans pour autant donner des résultats comparables.

Trois femmes députées – Michaeli, Sharon Nir et Efrat Rayten – ont répondu à Rothman que la motivation des femmes était le reflet de leur envie de voir leurs frères et amis s’enrôler et de faire leur part. Dans de nombreux cas, ont-elles ajouté, les familles de ces femmes ne les ont pas soutenues dans leur décision d’effectuer leur service militaire.

Les députées ont conclu que dans le cas des femmes, l’armée israélienne n’avait pas fait de campagnes de recrutement spéciales – la demande était venue de la base.

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