Fin de l’alyah accélérée pour les Russes et Biélorusses fuyant la guerre
Le ministère de l’Immigration maintient le programme accéléré pour les Ukrainiens et les cas spéciaux, mais veut se concentrer sur l’absorption de la dernière vague d'immigration
Israël mettra fin aux procédures accélérées d’immigration en Israël réservées aux Russes et Biélorusses, a annoncé vendredi le ministère en charge du programme.
En revanche, le gouvernement maintient la procédure au bénéfice des Ukrainiens désireux de s’installer en Israël, a déclaré vendredi au Times of Israel le cabinet du ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer.
Le ministère avait mis en place des « guichets uniques » pour les immigrants des trois pays suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
A l’issue de réunions avec ses collaborateurs et d’autres services, Sofer a décidé le retour aux procédures qui prévalaient avant la guerre pour les ressortissants de Russie et Biélorussie.
Bien que Jérusalem ait mis l’accent sur l’accueil des Ukrainiens chassés par l’agression, ce sont finalement les Russes – et dans une bien moindre mesure les Biélorusses – qui constituent l’essentiel de cette nouvelle vague d’immigration, motivée par le désir d’échapper à la conscription obligatoire et aux violations des droits de l’homme par le Kremlin
La reprise des procédures précédemment en vigueur va contraindre Russes et Biélorusses à déposer un dossier d’immigration auprès de l’Autorité de la population et de l’immigration du ministère de l’Intérieur, obtenir un rendez-vous avec le consulat israélien pour examiner leur éligibilité et effectuer d’autres démarches. Ce n’est qu’ensuite qu’ils pourront se rendre au ministère de l’Immigration et de l’Intégration pour obtenir le statut d’immigrant assorti du droit de résidence.
Ceux qui ne peuvent aujourd’hui plus se prévaloir de la procédure accélérée mais ne souhaitent pas rester en Russie ou en Biélorussie jusqu’à l’obtention de leur autorisation n’auront d’autre choix que de venir vivre en Israël, sans statut de résident, jusqu’à ce que leur demande soit approuvée, au terme d’un processus beaucoup plus long.
Dans cette dernière éventualité et pendant tout le temps de leur attente, ils auront davantage de mal à trouver un travail, louer un appartement ou se faire soigner.
Le cabinet de Sofer a fait savoir, vendredi, au Times of Israel que cette décision avait été motivée par la nette diminution du nombre des candidats à l’immigration dépourvus des justificatifs requis et par le souhait de mettre l’accent sur l’absorption du grand nombre d’immigrants accueilli l’an dernier.
« Les demandes concernant les Ukrainiens et les cas humanitaires en provenance de Russie continueront à être examinées par un guichet unique, comme jusqu’à présent », a déclaré au Times of Israel le porte-parole du ministère.
Il a ajouté que les personnes arrivées en Israël avant le 15 avril sans avoir terminé le processus d’immigration devront désormais se tourner vers l’organisation Nativ, chargée de l’immigration en provenance des pays russophones, et l’Autorité de la population, mais seulement à partir du 15 juin.
Sofer a demandé au ministère de faire preuve de compréhension envers les cas humanitaires et de s’assurer que chaque immigrant reçoive une réponse, a ajouté le ministère.
Si les chiffres de l’immigration venaient à évoluer, Sofer serait prêt à réévaluer sa décision envers les demandeurs russes et biélorusses.
En décembre dernier, le Centre de recherche et d’information de la Knesset avait indiqué qu’entre mars et octobre 2022, 29 133 immigrants étaient arrivés en provenance de Russie, 13 570 d’Ukraine et 1 580 de Biélorussie.
Bien que la Biélorussie ne soit pas officiellement en guerre, des dizaines de milliers de soldats russes ont envahi l’Ukraine en passant par son territoire et des détachements russes y son toujours déployés.
En Biélorussie, la conscription est obligatoire et nombre de Biélorusses craignent que le chef de l’Etat, Alexandre Loukachenko, ne décide d’entrer en guerre pour venir en aide à son proche allié, Vladimir Poutine.
Certaines voix estiment que la décision israélienne arrive à un moment particulièrement critique, car Poutine a promulgué, la semaine passée, une loi permettant l’envoi des ordres de mobilisation par voie électronique. Echapper à la conscription deviendra plus difficile pour les Russes, qui risquent donc de tenter de fuir leur pays en plus grand nombre.