France : Ces médias qui ne précisent pas que les Palestiniens sont des détenus de prison
La libération de quelques 1 904 prisonniers palestiniens, dont des assassins, est le compromis qu'Israël a accepté pour permettre le retour des 97 otages retenus par les terroristes du Hamas, malgré la douleur des victimes

« En Israël et en Cisjordanie, l’émotion après la libération d’otages israéliennes et de Palestiniens ». C’est ainsi que le journal Le Parisien a choisi de titrer une vidéo publiée lundi sur YouTube dans laquelle il diffuse les images de la libération par le Hamas des otages israéliennes Romi Gonen, Emily Damari et Doron Steinbrecher dimanche 19 janvier, ainsi que celles de 90 prisonniers palestiniens par Israël, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu la semaine dernière.
De son côté, Sud Ouest a titré : « Trêve à Gaza : Israël relâche 90 Palestiniens après la libération de trois otages israéliennes par le Hamas ». Comme pour le journal précédent, le titre de l’article ne précise pas que les « Palestiniens » en question sont des prisonniers.
Le Monde a, quant à lui, souligné dans son titre que « les 90 Palestiniens libérés par Israël » étaient « en grande majorité des femmes et des adolescents » et qu’ils avaient été « accueillis en héros en Cisjordanie », donnant l’impression – trompeuse – que les prisonniers palestiniens libérés auraient été illégitimement emprisonnés par Israël.
Or, parmi les 62 à 69 femmes qui ont été relâchées hier de la prison d’Ofer figure Khalida Jarrar, 62 ans, membre influente du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) terroriste. Jarrar était accusée d’avoir organisé l’attentat à la bombe de 2019 qui a coûté la vie à Rina Shnerb, 17 ans, dans une source en Cisjordanie. Dans le cadre d’un accord de plaidoyer, Jarrar a été accusée « d’association illégale » et condamnée à deux ans de prison.
Dalal Khaseeb, 53 ans, la sœur de l’ex-numéro 3 du Hamas, Saleh Arouri, figurait également sur la liste fournie par le Hamas. Arouri a été tué lors d’une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth en janvier 2024.

Dans son récit des événements de dimanche soir, Le Monde raconte les « acclamations de centaines de personnes, brandissant des drapeaux des factions palestiniennes » au cœur de la ville de Beitunia, en Cisjordanie. Les « factions palestiniennes » en question ? Des groupes terroristes internationalement reconnus comme tel, dont le Hezbollah, le Jihad islamique palestinien et le Hamas, responsable de la guerre en cours après avoir perpétré le pogrom du 7 octobre qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes dans le sud d’Israël.
Mardi matin, l’Agence France Presse (AFP) a annoncé la libération prévue par l’accord de quatre otages israéliennes samedi 25 janvier en titrant : « Échanges de prisonniers : quatre Israéliennes doivent être libérées samedi », tout en citant un « dirigeant du Hamas ». L’accord de cessez-le-feu conclu par Israël avec le Hamas doit permettre la libération d’otages israéliens kidnappés par le groupe terroriste ; il ne s’agit pas d’un « échange de prisonniers » qui pourrait avoir lieu dans le cadre d’une guerre conventionnelle entre deux États reconnus.
Ces médias donnent le sentiment que les prisonniers de sécurité palestiniens et les otages israéliens du Hamas sont à mettre sur le même plan, banalisant de fait le terrorisme. Or, la plupart des otages ont été capturés par des terroristes du Hamas à leur domicile le 7 octobre et ont été retenus prisonniers dans des conditions inhumaines et en toute illégalité pendant 471 jours.
Par ailleurs, la libération de quelque 1 904 prisonniers de sécurité palestiniens lors de la première phase de l’accord entre l’État hébreu et le Hamas suscite la controverse en Israël et rouvre des plaies chez des dizaines de familles victimes du terrorisme.
Parmi les prisonniers qui figurent sur la liste des personnes qui seront potentiellement libérées dans le cadre de l’accord, plusieurs ont été condamnés pour meurtre et pour terrorisme.
C’est le cas notamment d’Ahmed Dahiri, un haut responsable du Jihad islamique palestinien condamné pour ce meurtre, et de Mahmoud Atallah, qui purge une peine de prison à vie pour avoir tué une Palestinienne qu’il soupçonnait de coopérer avec Israël. Atallah a été inculpé en septembre pour avoir violé une gardienne de la prison de Gilboa, où d’anciens officiers sont accusés d’avoir « prostitué » des collègues féminines à des prisonniers de sécurité.
La Haute Cour de justice avait rejeté samedi 18 janvier un recours déposé par une organisation représentant des victimes du terrorisme contre la libération des assassins de leurs proches.
Un attentat contre une succursale du Likud à Beit Shean en 2002 a tué six personnes dont Ohad Avitan. L’un des terroristes impliqués, Zakaria Zubeidi, pourrait être bientôt libéré dans le cadre de l’accord. La fille d’Avitan, Oshrat Barel, a expliqué l’énorme dilemme auquel font face les victimes du terrorisme comme elle : « Le cœur se serre, l’estomac se retourne – et en même temps, c’est la bonne chose à faire. C’est le prix lourd et juste à payer pour la libération des otages. Si je le pouvais, j’ouvrirais les portes de la prison de mes propres mains, je les libérerais et je leur cracherais au visage, afin de ramener les otages chez eux ».