France : des « assises de lutte contre l’antisémitisme » lancées par le gouvernement
Aurore Bergé réunit à Paris les responsables de plusieurs associations et les représentants des 6 principaux cultes, qui entendront notamment des témoignages de victimes de l'antisémitisme
Le gouvernement français lance lundi des « assises de lutte contre l’antisémitisme », dont la flambée alarme une communauté juive qui redira ses inquiétudes dans la soirée, lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
La ministre de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé réunit lundi matin à Paris les responsables de plusieurs associations (Licra, SOS Racisme…) et les représentants des six principaux cultes pour plancher sur le sujet. Des témoins ayant été victimes de l’antisémitisme viendront également faire part de leur expérience.
Il s’agit de « lancer un travail » pour définir « un socle commun de valeurs républicaines », explique-t-on au ministère, afin de « reconnaître l’antisémitisme tel qu’il est et lutter efficacement contre ce fléau ». Des personnalités seront désignées à l’issue de la matinée pour travailler à ce « socle commun ».
« Quand on voit le volume malheureusement des actes antisémites (…), c’est toute la société qui doit se réveiller », a déclaré Aurore Bergé sur BFM TV-RMC vendredi, évoquant une « recrudescence terrifiante ».
Le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque quadruplé l’an dernier, à 1 676 contre 436 en 2022, selon l’Intérieur et une enquête de l’Anti-Defamation League publiée dimanche.
Le Crif déplore une flambée après le 7 octobre, date des attaques terroristes sanglantes du Hamas contre Israël.
« On est dans un hiver de l’antisémitisme », a déploré dans un entretien à l’AFP le président du Crif Yonathan Arfi.
Selon une enquête de l’Ifop pour l’antenne française de l’American Jewish Committee (AJC) publiée dimanche dans le Parisien, 94 % des Français de confession juive estiment que l’antisémitisme a progressé depuis une dizaine d’années (+21 points par rapport à 2022).
Cette même enquête montre que 35 % des 18-24 ans ont le sentiment qu’il est normal de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.
Au niveau mondial, l’Anti Defamation League (ADL), principal groupe de défense des droits des juifs, s’est alarmée dimanche du « niveau sans précédent » d’actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un « incendie qui était déjà hors de contrôle ».
Aurore Bergé avait annoncé en mars l’organisation de ces assises, en réponse à une tribune publiée par le collectif « Nous Vivrons » et 70 personnalités, qui appelaient les candidats aux européennes à s’engager « sans détour et sans complaisance » contre l’antisémitisme.
Depuis le 7 octobre, les représentants de la communauté juive ont régulièrement accusé le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI), qui a fait de la guerre à Gaza l’un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin, de nourrir l’antisémitisme.
La dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen, dont le parti, le Rassemblement national (RN) est l’héritier du Front national de son père Jean-Marie Le Pen, s’est quant à elle plusieurs fois posée en pourfendeuse des actes antisémites. Jordan Bardella, tête de liste du RN aux élections européennes du 9 juin, a néanmoins dû reconnaître ces derniers jours que Jean-Marie le Pen, avait tenu dans sa vie des propos « éminemment antisémites » pour lesquels il avait été condamné.
« Confusions »
Les assises de lundi interviennent également sur fond de mobilisation anti-Israël à l’université, notamment à Sciences-Po où le militantisme des étudiants est accusé d’alimenter l’antisémitisme sur le campus.
Lors des assises de lundi, « on attend évidemment le rappel d’une parole publique forte sur l’antisémitisme », a affirmé M. Arfi.
Recevant le Crif à l’Elysée pour ses 80 ans, le président français Emmanuel Macron avait martelé en mars que l’Etat continuerait à combattre sans relâche l’antisémitisme avec « la même fermeté » et la « même intransigeance ».
Le président du Crif devrait répéter ses inquiétudes dans la soirée lors du traditionnel dîner annuel du Crif, qui se tiendra en présence du Premier ministre Gabriel Attal.
Il suffit d'apporter son soutien à nos concitoyens juifs pour se prendre un torrent d'insultes antisémites sur les réseaux sociaux !
???? @BanonTristane @SophiaAram @Abnousse témoignent devant la caméra de @SophieNahum ????#antisemitisme pic.twitter.com/O3jRADRPgE
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 6, 2024
Merci @auroreberge de nous avoir fait confiance pour produire les vidéos projetées lors des assises contre l'antisémitisme @Les_Derniers @egalite_gouv ???? #antisemitisme #7octobre https://t.co/e3nPZnsnEi
— Sophie Nahum (@SophieNahum) May 6, 2024
Le 21 mars dernier, dans une tribune parue dans le Monde, nous appelions avec 150 personnalités à un « minimum commun contre l’antisémitisme ».
Ce matin, Mme la ministre @auroreberge lançait les assises de lutte contre l’antisémitisme.
A venir 2 mois de travaux et de réflexion… pic.twitter.com/qIQiTFhhN1— Collectif Nous Vivrons #???? (@nous_vivrons) May 6, 2024