France : Le camp de Macron partagé sur la reconnaissance d’un Etat palestinien
La position diplomatique de la France consiste à dire que "les conditions ne sont pas réunies" pour une telle reconnaissance
Le camp d’Emmanuel Macron reste circonspect, voire partagé sur la reconnaissance d’un Etat palestinien, au moment où Madrid, Dublin et Oslo officialisent cette démarche diplomatique qui provoque la colère d’Israël.
« La reconnaissance d’un Etat palestinien n’est pas un tabou pour la France », avait pourtant déclaré le 16 février Emmanuel Macron en recevant le roi Abdallah II de Jordanie à Paris, semblant franchir un pas diplomatique notable.
Mais pour la tête de liste de la majorité aux élections européennes Valérie Hayer, qui s’inscrit dans la position diplomatique de la France, « les conditions ne sont pas réunies » pour une telle reconnaissance, même s’il faudra aboutir « à une solution à deux Etats ».
Elle était interrogée lors d’un débat sur BFMTV lundi soir sur les déclarations du numéro deux de sa liste Bernard Guetta (le demi-frère du DJ David Guetta) qui s’est prononcé pour une reconnaissance par la France de « l’existence d’un Etat palestinien ».
Bernard Guetta a justifié mardi sur LCI cette divergence en affirmant que la majorité, avec ses trois composantes Renaissance, MoDem et Horizons, n’était « pas le parti communiste chinois ».
Il a semblé toutefois rejoindre Mme Hayer pour dire que cette reconnaissance n’était « pas forcément (pour) maintenant » sinon elle serait perçue comme une « mesure de rétorsion » aux frappes d’Israël sur Rafah.
Pression sur Israël
L’ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui pilote aussi le comité de soutien de Valérie Hayer, considère que la France devrait reconnaître un État palestinien pour faire pression sur Israël. « À titre personnel, je pense qu’il faudrait le faire. Je pense qu’il faut poser des actes de ce type pour avancer en Israël, » avait-il répondu à une question du journaliste Jean-Jacques Bourdin. Ce geste diplomatique est devenu « indispensable », a-t-il dit la semaine dernière.
Cet acte de reconnaissance, avait appuyé le président Emmanuel Macron en février, « nous le devons aux Palestiniens, dont les aspirations ont été trop longtemps piétinées. Nous le devons aux Israéliens qui ont vécu le plus grand massacre antisémite de notre siècle. Nous le devons à une région qui aspire à échapper aux promoteurs de chaos et aux semeurs de revanche ».
Mais le pas n’a pas encore été franchi. Les conditions ne sont pas réunies « à ce jour pour que cette décision ait un impact réel » sur le processus visant la solution à deux Etats, a justifié la semaine dernière le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné.
Paris considère que cette décision unilatérale doit être prise au « bon moment » et être « utile dans une stratégie globale pour la solution politique ».
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’Etat de Palestine est désormais reconnu par 145 pays sur les 193 Etats membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne. Mais aucun membre du G7 ne l’a fait et dans les faits il n’y a pas d’État palestinien.
« Légitimer le Hamas »
La gauche est pour sa part unanime à réclamer une telle reconnaissance. Socialistes, communistes, écologistes et insoumis appellent tous la France à imiter Madrid, Dublin et Oslo. « On a le sentiment d’un gouvernement » français qui ne « sait absolument pas ce qu’il veut raconter » sur le sujet, avec une « illisibilité totale », a estimé la députée écologiste Sabrina Sebaihi mardi.
De leur côté, la droite et l’extrême droite ne veulent pas entendre parler de cette reconnaissance. C’est « impossible » parce que cela « reviendrait à légitimer le Hamas », a expliqué la tête de liste du Rassemblement national Jordan Bardella.
La tête de liste Les Républicains François-Xavier Bellamy a lui évoqué un « grand danger » qui risque de « donner le sentiment que l’on donne raison à ceux qui ont déclenché l’attentat terroriste du 7 octobre ».
Le groupe terroriste palestinien du Hamas s’était en effet félicité de la reconnaissance de l’État palestinien par les trois pays européens, affirmant qu’il s’agissait du fruit de la « courageuse résistance », sans doute une référence aux massacres qu’il avait commis le 7 octobre aux côtés de civils palestiniens complices.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 252 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages. Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 36 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, bien que seuls quelque 24 000 décès aient été identifiés dans les hôpitaux.
Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 13 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier de terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi l’assaut.