Francfort : Un sympathisant allemand d’un réseau néo-nazi américain condamné
Marvin E., 21 ans, a été reconnu coupable de "tentative de création d'un groupe terroriste" et de "préparation d'un acte de violence grave menaçant l'État"
Un sympathisant allemand du réseau néo-nazi américain « Division Atomwaffen » a été condamné lundi à Francfort à trois ans et dix mois de prison pour avoir projeté des attentats destinés à déclencher « une guerre des races ».
Marvin E., 21 ans, a été reconnu coupable par le tribunal régional de Francfort de « tentative de création d’un groupe terroriste » et de « préparation d’un acte de violence grave menaçant l’État ».
Il cherchait notamment en 2021 à fonder dans la région de Hesse une branche du groupe « Division Atomwaffen » (division des armes atomiques), connue pour son idéologie raciste et antisémite.
L’accusé projetait aussi de mener des attaques à l’explosif et à l’arme à feu contre des représentants de l’État, dont des hommes politiques, des personnes de confession juive et des migrants. Son objectif selon le parquet : provoquer une « guerre civile des races » dans les trois ans à venir visant à « préserver la population blanche ».
Il avait été interpellé en septembre 2021 après avoir cherché à se procurer des armes. Les policiers avaient retrouvé à son domicile des composants nécessaires à la fabrication d’explosifs et des billes d’acier, destinées à faire un maximum de victimes possible.
Marvin E. a reconnu les faits durant son procès et a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de faire appel de la condamnation.
Le réseau néo-nazi « Division Atomwaffen », composé de jeunes, a été créé en 2015 aux États-Unis et s’est fait connaître notamment par des campagnes de recrutement sur les campus.
Aux États-Unis, plusieurs membres de Atomwaffen ont été emprisonnés pour avoir menacé des journalistes et des militants anti-racistes et luttant contre l’antisémitisme.
Les autorités allemandes ont érigé la violence d’extrême-droite au premier rang des menaces pour l’ordre public, avant le risque jihadiste.
Elles ont annoncé en décembre dernier avoir démantelé un groupuscule complotiste prêt à renverser les institutions et à attaquer le Bundestag [le Parlement allemand], se réclamant de l’idéologie des « Reichsbürger », « Citoyens du Reich » opposés aux valeurs démocratiques.
Le meurtre en juin 2019 par un militant néo-nazi de Walter Lübcke, élu du parti conservateur qui défendait la politique d’accueil des migrants de l’ancienne chancelière, avait profondément choqué le pays.
Selon l’Agence fédérale du renseignement intérieur (BfV), l’Allemagne comptait en 2021 quelque 33 900 personnes appartenant au spectre de l’extrémisme de droite, contre 33 300 en 2020.
Parmi elles, les autorités estiment le nombre de personnes considérées comme potentiellement violentes à 13 500.