Gaza : le Hamas pend 3 hommes accusés de collaboration avec Israël
Les hommes exécutés jeudi n'étaient pas mis en cause dans la mort de Mazen Foqaha, mais pour des faits antérieurs
Le Hamas, groupe terroriste au pouvoir dans la bande de Gaza, a pendu jeudi trois hommes accusés de collaboration avec Israël, a annoncé un journaliste de l’AFP qui a assisté aux exécutions.
Celles-ci interviennent dans un contexte d’appels à la vengeance de la part du Hamas après le mystérieux assassinat d’un de ses commandants le 24 mars à l’intérieur du territoire. Le Hamas accuse Israël du meurtre.
Les hommes exécutés jeudi n’étaient pas mis en cause dans la mort de Mazen Foqaha, mais pour des faits antérieurs. Cependant, le Hamas a promis à la suite de l’assassinat de châtier les Palestiniens accusés de collaboration avec Israël.
Le procureur général, Ismaïl Jaber, avait annoncé mercredi des exécutions de collaborateurs dans les jours suivants.
Les trois hommes exécutés jeudi étaient accusés d’avoir remis des informations sur la localisation d’hommes et de sites militaires du Hamas ces trois dernières décennies, ce qui avait entraîné la mort de combattants du Hamas.
Un homme, A.S., 32 ans, a commencé à fournir des renseignements aux Israéliens en 2010, selon le Hamas, et ses « informations très précises » ont entraîné la mort de cadres du Hamas.
Les deux autres hommes étaient âgés de 42 et 55 ans.
Le ministère de l’Intérieur du Hamas affirment que les trois hommes ont été exécutés après avoir eu le droit de se défendre, « conformément à notre Sharia et à notre vraie religion, conformément à la loi palestinien, qui a démontré le droit de notre pays et de ses citoyens. »
Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de la division Moyen Orient de Human Rights Watch, a déclaré dans un communiqué que « les exécutions affreuses de trois hommes jugés être des collaborateurs par les autorités du Hamas dans la bande de Gaza démontrent de la faiblesse, pas de la force. »
« Les autorités du Hamas ne parviendront jamais à établir la sécurité et la stabilité par des bataillons d’exécution ou par la potence, mais par le respect des normes internationales et de l’état de droit », a-t-elle déclaré.
Le général Yoav Mordechai, Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), a déclaré que les exécutions montraient que « le Hamas et l’Etat islamique ont des noms différents, mais les mêmes pratiques. »
Dans le cadre de la loi palestinienne, la collaboration avec Israël, le meurtre et le trafic de drogues sont passibles de la peine de mort.
Il existe cependant une différence frappante entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, contrôlée par l’Autorité palestinienne, entité dominée par le Fatah de Mahmoud Abbas.
Aucune exécution n’a eu lieu depuis 2002 en Cisjordanie, et seulement deux ont été menées entre 1994 et 2002.
Le Hamas n’a fourni aucune information précise sur ce qui lui permettait d’accuser Israël de la mort de Foqaha, rendant d’autres pistes plausibles comme celles de luttes intestines au sein du Hamas, voire d’un règlement de compte de la part de salafistes rivaux du Hamas.
Cependant, Israël est un suspect désigné. Il a éliminé plusieurs figures du Hamas par le passé, et accusait Mazen Foqaha d’être le cerveau de plusieurs attentats suicide meurtriers au cours de la deuxième Intifada (2000-2005).