Gaza: Un ex-général s’exprime sur le bombardement de la tour Al-Jalaa en mai
Selon Nitzan Alon, qui a dirigé l'enquête militaire sur les questions de relations publiques liées au raid, la frappe a fait plus de mal que de bien à Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un ancien général israélien a déclaré, dimanche, que la frappe aérienne qui avait détruit une tour qui accueillait les bureaux de l’Associated Press au mois de mai, pendant le conflit qui a opposé l’État juif au Hamas dans la bande de Gaza, aura finalement été l’équivalence d’un « but contre le camp » israélien, entraînant davantage de dommages pour l’image du pays que de bénéfices.
« La destruction de la tour qui hébergeait les bureaux de l’AP a été l’équivalent d’un ‘attentat terroriste’ en termes de relations publiques et d’un but marqué contre notre camp, de notre point de vue », a expliqué le général de division Nitzan Alon, ancien chef des opérations de l’armée israélienne.
Alon, qui a dirigé l’enquête militaire sur les questions liées aux relations publiques qui se sont posées pendant le récent conflit, faisait ainsi référence à un raid aérien, le 15 mai, qui avait détruit la tour Al-Jalaa de Gaza City, d’une hauteur de douze étages – un bombardement qui avait été âprement critiqué dans le monde entier et notamment aux États-Unis.
« Tout le monde n’en est pas persuadé au sein de l’armée mais en ce qui me concerne, j’ai la conviction que cela a été une erreur. Le bénéfice opérationnel n’a pas été à la hauteur des dommages causés au niveau diplomatique et en termes de perception », a-t-il ajouté.
Israël avait affirmé que la tour était utilisée par le Hamas qui y avait installé des équipements permettant de bloquer les signaux GPS dans le but d’interférer avec le système de défense antimissile israélien du Dôme de fer, utilisé par l’État juif pour intercepter les roquettes, obus de mortier et drones lancés depuis Gaza.
Même si les responsables israéliens ont depuis reconnu que l’armée aurait dû mieux expliquer les raisons justifiant la destruction de la tour, aucun d’entre eux n’a pour autant estimé que le bombardement avait été une erreur. Au lendemain de la guerre – et partiellement à cause des leçons tirées de l’indignation qui avait suivi la frappe sur la tour al-Jalaa – les militaires avaient commencé à mieux coordonner leurs initiatives de relations publiques et leurs actions opérationnelles.

« Je pense que le succès remporté par l’armée en termes de relations publiques a été très, très limité. Il y a une longue liste de leçons à tirer et un grand nombre d’entre elles sont relatives à la communication intra-organisationnelle », a continué Alon, qui a cité des ruptures de communication entre Tsahal et les ministères du gouvernement.
Alon a tenu ces propos lors d’une conférence qui a été organisée par l’Institut d’études de sécurité nationale à Tel Aviv et qui était consacrée à l’importance de l’image publique pendant les conflits militaires.
Israël avait mené un conflit de représailles qui avait duré onze jours, dans la bande de Gaza, contre le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes terroristes au mois de mai, après le tir par le Hamas de six roquettes vers Jérusalem en réponse à des affrontements qui avaient eu lieu dans la ville sainte. Treize personnes avaient perdu la vie pendant les combats au sein de l’État juif – douze civils et un soldat – et environ 250 Palestiniens avaient été tués du côté de l’enclave côtière. A peu-près la moitié appartenaient à des organisations terroristes.
Une caractéristique déterminante de la tactique militaire employée par Israël avait été de prendre pour cible les hautes tours de la bande de Gaza qui, selon l’État juif, étaient utilisées par le groupe terroriste du Hamas – et étaient donc des cibles légitimes.
Le 15 mai, l’armée de l’air israélienne avait détruit la tour al-Jalaa, donnant aux occupants du bâtiment une heure pour évacuer les lieux. Il n’y avait pas eu de blessé.

Tsahal n’avait initialement fait part que de maigres informations sur les raisons de la destruction du bâtiment, disant seulement qu’il accueillait des bureaux des services de renseignement et du département de recherche et développement du Hamas, ainsi qu’une unité technologique de l’organisation terroriste. Vivement critiquée à l’international, l’armée s’était davantage justifiée, disant qu’il y avait dans la tour des équipements « spéciaux » du Hamas.
« La cible était d’une grande valeur militaire pour le Hamas et elle a été contrôlée conformément aux procédures rigoureuses mises en vigueur au sein de l’armée et conformément aussi au droit international », avaient fait valoir les militaires à ce moment-là.
L’État juif s’était exprimé encore une fois plus tard et plus précisément, notant que les équipements présents dans le bâtiment servaient à interférer avec le système du Dôme de fer. Les responsables des renseignements militaires avaient affirmé que l’importance du matériel électronique avait justifié l’attaque contre la tour ainsi que la décision prise de l’anéantir totalement – plutôt que de simplement effectuer une frappe chirurgicale aux niveaux occupés par le Hamas. Ils avaient déclaré que ce type de frappe n’aurait pas été suffisant pour détruire toutes les capacités installées dans le bâtiment par le Hamas.
Les groupes de défense de la liberté de la presse avaient, eux aussi, dénoncé cette frappe militaire, qui avait ouvert un nouveau chapitre dans la relation d’ores et déjà houleuse qu’entretiennent les militaires israéliens et les médias internationaux.
Sally Buzbee, directrice de l’AP, avait déclaré que cela faisait quinze ans que l’agence de presse avait des bureaux dans la tour et qu’elle n’avait jamais été informée de la présence du Hamas dans le bâtiment, ajoutant qu’elle n’avait eu dans le passé aucune indication que ce soit réellement le cas.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.