GB : L’ex-nº1 d’un syndicat étudiant, limogée pour antisémitisme, intente un procès
Les avocats de Shaima Dallali estiment qu’elle a été limogée pour ses positions pro-palestiniennes et sa confession musulmane, en dépit des conclusions de l’enquête
L’ex-présidente du plus grand organisme représentatif des étudiants du Royaume-Uni a annoncé, vendredi, son intention de poursuivre le syndicat en justice, affirmant que son limogeage, à l’issue d’une longue enquête pour antisémitisme, était discriminatoire.
Les avocats de Shaima Dallali ont fait valoir, dans un communiqué, que le limogeage de la présidente du National Union of Students avait été motivé par une « hostilité » envers ses positions pro-palestiniennes et sa confession musulmane – protégées par la loi britannique sur l’égalité – et que les sanctions disciplinaires à son encontre étaient parfaitement injustes.
La déclaration précise que Dallali « a fait l’objet de nombreuses plaintes ainsi que d’agressions et de menaces, à tel effet que ses prises de position antisionistes passées ont été présentées comme de l’antisémitisme ».
Dallali réclame des dommages et intérêts pour limogeage abusif et fait appel également de son renvoi par la procédure de recours interne du National Union of Students.
Dès l’élection de Dallali, en mars 2020, le Union of Jewish Students [Syndicat des étudiants juifs] avait fait état de l’existence de tirades anti-israéliennes, jugées antisémites, comme un message, publié il y a 10 ans, qui disait : « Khaybar Khaybar Ô Juifs… L’armée de Mahomet rendra Gaza », référence à la bataille de Khaybar, en 628 de notre ère, au cours de laquelle l’armée musulmane aurait attaqué des Juifs dans la ville de Khaybar.
Dallali s’était, depuis, excusée sur les réseaux sociaux pour cette publication.
En 2022, une enquête avait été diligentée par la conseillère de la Reine, Rebecca Tuck, sur la base des plaintes reçues.
Dallali avait dans un premier temps été suspendue de son poste, en août, puis limogée en novembre en raison de propos « inacceptables » et de « violations importantes » des règles du syndicat, a déclaré le National Union of Students.
Today, I can confirm that I have commenced Employment Tribunal proceedings against the NUS.https://t.co/f8ORIc7hzp pic.twitter.com/45cl1XjiQe
— Shaima Dallali (@ShaimaDallali) March 17, 2023
Les avocats de Dallali estiment que leur cliente a été limogée en dépit des conclusions de l’enquête, qui ont établi que trois de ses messages étaient simplement « discourtois », ajoutant que son tweet « Khaybar Khaybar » n’avait rien d’antisémite.
Ils ont par ailleurs fait valoir que le limogeage avait été injuste à d’autres égards, puisque Dallali n’aurait pas été autorisée à avoir d’avocat durant la procédure, le syndicat aurait refusé de lire ses observations écrites et aurait entravé l’appel à témoins pour soutenir sa ligne de défense.
Les avocats ont ajouté que leur cliente « avait présenté des excuses à plusieurs reprises, et qu’avant et pendant son mandat de présidente, elle s’était clairement exprimée contre toute forme de racisme, antisémitisme compris, tout en menant campagne pour dénoncer le sort du peuple palestinien ».
« Mme Dallali estime que ces quatre tweets ne constituent pas une infraction suffisant à expliquer de manière rationnelle son limogeage », peut-on lire dans le communiqué.
Vendredi, un porte-parole du syndicat déclarait au Jewish Chronicle considérer que l’enquête précédemment menée avait été « approfondie et juste ».
« Il ne fait aucun doute que cette enquête a été menée de façon très sérieuse. Nous prenons note du fait que l’ex-présidente a introduit un recours aux Prudhommes », a déclaré le porte-parole.
« Notre but est de représenter tous les étudiants et de reconstruire le syndicat de manière à ce qu’il soit une organisation effectivement inclusive et progressiste, animée par le désir de faire le bien. Nous prenons des mesures pour appliquer un plan d’action contre l’antisémitisme et mobiliser les étudiants pour un avenir meilleur », a ajouté le syndicat.
Le National Union of Students est une confédération de quelque 600 syndicats étudiants, représentant plus de sept millions d’étudiants.