Harcelé, le festival du film israélien de Barcelone se poursuit en un autre lieu
Des organisations anti-Israël parlent de victoire et « de respect de l'appel au boycott culturel » suite à l'annulation de l'événement par un petit cinéma familial suite aux menaces

JTA — Les organisateurs d’un festival du film israélien à Barcelone se sont déclarés contraints de changer de lieu en toute dernière minute en raison du harcèlement dont faisait preuve l’établissement supposé accueillir l’événement.
Le Festival du film Seret, marqué par de nombreux événements dans le monde entier, s’est ouvert jeudi à Barcelone et se tiendra jusqu’à dimanche, jour de diffusion des films finalistes en un nouveau lieu tenu secret, uniquement révélé aux détenteurs de billets.
« En raison des menaces émanant d’organisations anti-israéliennes, qui ne peuvent accepter que la liberté artistique l’emporte sur la politique, nous sommes contraints de changer le lieu de notre festival », ont écrit Odelia Haroush, Patty Hochmann et Noa Hadad, les organisateurs du festival, dans un communiqué publié sur Instagram mercredi. « Personne ne peut et ne doit réduire au silence la liberté d’expression, l’art et le cinéma. »
La controverse autour d’Israël agite le milieu artistique depuis le début de sa guerre contre le Hamas, le 7 octobre dernier, lorsque le groupe terroriste a mené une attaque contre le sud d’Israël au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées, essentiellement des civils, et 253 enlevées dans la bande de Gaza.
Des prix ont été remis en question, des conférenciers annulés et des employés de publications ou de sites Internet ont protesté contre les positions de leur employeur à propos de ce conflit. Dernièrement, des pétitions ont circulé demandant l’exclusion d’Israël de l’Eurovision.
Barcelone a également pesé sur la guerre, en annonçant en novembre sa décision de mettre un terme à ses relations avec Israël. Quelques mois plus tôt, la ville avait déjà déclaré se retirer du jumelage avec Tel Aviv, suspendu un peu plus tôt.
Cinemes Girona, le cinéma dans lequel le festival devait se tenir, explique sa décision par le harcèlement subi par son personnel.
« On nous a menacés d’un cauchemar pendant quatre jours si nous accueillions le festival », aurait écrit le propriétaire du cinéma dans un courriel adressé aux organisateurs du festival, selon les informations de la Douzième chaine. « Hier, ils nous ont menacés, et aujourd’hui, ça n’a fait que s’aggraver. Nous sommes une entreprise familiale. Nous n’en dormons plus la nuit. Ma famille et mes employés ont peur. »
« Je ne voulais pas annuler le festival, mais le prix à payer est trop élevé », a-t-il ajouté.
Le festival est coparrainé par plusieurs organisations culturelles, communautaires et économiques juives, israéliennes, espagnoles et européennes, parmi lesquels un fonds géré par le ministère israélien de la Culture et des Sports, qui apporte un soutien financier aux cinéastes israéliens.
Le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDC) a publié mercredi une déclaration sur les réseaux sociaux faisant état d’une victoire.
« Le cinéma Girona a choisi de respecter l’appel du peuple palestinien à un boycott culturel en annulant le Festival du film israélien », indique le communiqué. « Il s’est élevé contre l’instrumentalisation de la culture par Israël afin de couvrir ses crimes brutaux contre le peuple palestinien. »
Haroush a réagi à la déclaration du mouvement BDS en déclarant à la Jewish Telegraphic Agency : « Je sais – tout comme mon équipe – qu’ils n’ont pas gagné. »
Haroush, qui est la directrice générale du festival, a assuré qu’elle n’en voulait absolument pas au propriétaire de Cinemes Girona d’avoir annulé.
« Ils ne voulaient vraiment pas le faire mais ils ont cédé parce qu’on les a menacés de s’en prendre à eux et de faire une contre-publicité au cinéma », a-t-elle expliqué. « Je ne peux pas leur en vouloir. C’est leur gagne-pain. Mais c’est très, très triste que des choses pareilles se passent et qu’ils pensent avoir gagné, ce qui n’est pas le cas. »
Le festival du film, dont le nom signifie « film » en hébreu, diffuse des films israéliens dans le monde entier. Ce jeudi, à Barcelone, a été la première du Festival du film Seret en Espagne, précédemment organisé en Allemagne, en Argentine, au Chili, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, premiers organisateurs en 2015.
L’acteur israélien Lior Ashkenazi devrait faire une apparition à l’occasion de la projection du film « Karaoke » dans lequel il joue, vendredi. Le film compte également au casting l’acteur irako-israélien Sasson Gabay, connu pour « La visite de la fanfare » et « Les Shtisel ».