Huit candidats démocrates au Sénat américain s’expriment contre l’annexion
Alors que la date du lancement de l'annexion unilatérale de certains pans de la Cisjordanie approche, d'autres démocrates mettent en garde Netanyahu contre cette initiative
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON — Alors que la date du lancement de l’initiative d’annexion unilatérale de certains secteurs de la Cisjordanie par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rapproche, un nombre croissant de Démocrates s’expriment en défaveur d’une telle démarche, avertissant qu’elle pourrait nuire gravement à toute perspective de paix.
Parmi ces Démocrates, huit candidats au Sénat dans des candidats disputés et qui pourraient modifier l’équilibre partisan au Capitole s’ils devaient être élus en 2020.
Dans des déclarations faites au groupe libéral J-Street, dont les activités se consacrent au Moyen-Orient, ces candidats ont fait part de leur ferme opposition à l’annexion unilatérale de certains territoires de la Cisjordanie proposée par Israël et qui pourrait débuter dès le 1er juillet.
Parmi ces candidats au Sénat, Cal Cunningham de Caroline du nord, Sara Gideon du Maine, Teresa Greenfield de l’Iowa, Al Gross de l’Alaska, Jaime Harrison de Caroline du sud, MJ Hegar du Texas, John Hickenlooper du Colorado, Amy McGrath du Kentucky et Jon Ossoff de Georgie.
« Je suis en désaccord avec la décision de procéder à une annexion unilatérale de secteurs de la Cisjordanie dès le mois de juillet 2020, », a indiqué McGrath, qui s’oppose au leader de la majorité Mitch McConnell. « Ce n’est pas une ‘initiative diplomatique’ sage mais plutôt une action qui pourrait empêcher de manière permanente la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël ».
Leur désapprobation collective du plan de Netanyahu, qui est désireux d’élargir la souveraineté israélienne dans les implantations et dans la vallée du Jourdain – les 30 % de territoires qui ont été alloués à l’Etat juif, selon les dispositions du plan de paix – reflète l’animosité des Démocrates sur le sujet. Les Républicains ont jusqu’à présent préféré, pour leur part, soutenir cette initiative ou garder le silence.
Le candidat à la présidentielle Joe Biden, la présidente de la chambre Nancy Pelosi et 28 des 45 sénateurs démocrates élus se sont tous prononcés contre cette annexion, ces dernières semaines.
Ainsi, dix-neuf d’entre eux ont signé un courrier, le mois dernier, envoyé à Netanyahu et à son futur partenaire de coalition, le ministre de la Défense Benny Gantz, disant que l’annexion « aurait un impact clair sur l’avenir d’Israël comme sur nos relations bilatérales et bipartisanes vitales ».
Au mois de décembre, la Chambre des représentants, contrôlée par les Démocrates, avait par ailleurs adopté une résolution – qui respectait majoritairement les lignes partisanes – qui s’opposait à l’annexion et affirmait son soutien à la solution à deux Etats.
Les candidats au Sénat, dont les déclarations ont été rendues publiques lundi, ont estimé qu’une annexion unilatérale de certains pans de la Cisjordanie nuirait aux chances d’une éventuelle solution à deux Etats ainsi qu’aux intérêts et à la sécurité des Etats-Unis.
« L’annexion représenterait un abandon du processus de paix établi à Oslo en 1993 », a commenté Jon Ossoff. « Cela confirmerait l’échec des leaders israéliens et palestiniens à résoudre ce conflit en empruntant la voie diplomatique ».
« Il est de plus en plus clair, année après année, qu’une nouvelle génération de responsables israéliens et palestiniens doit émerger pour définir un cap qui permettra d’apporter la liberté, la sécurité, la paix et la prospérité à tous les habitants de la région », a-t-il continué.
Les responsables palestiniens ont déploré une prise de position trop timide parmi les leaders démocrates face aux espoirs d’annexion de Netanyahu.
Au mois de mai, l’envoyé de l’AP au Royaume-Uni, Husam Zomlot, a estimé que le refus de Biden de réclamer une diminution des aides versées à Israël revenait, dans les faits, à transmettre au Premier ministre le message qu’il pouvait mettre en œuvre son projet sans craindre de conséquences dures.
« Jusqu’à présent, il n’y a rien qui pourrait dissuader Netanyahu de procéder à l’annexion », a-t-il déclaré.
Pour sa part, l’envoyé de Washington en Israël, Ron Dermer, a poussé l’administration Trump à donner le feu vert au gouvernement israélien concernant son plan d’élargissement de la souveraineté, craignant que Biden puisse bloquer ce projet s’il devait être élu, selon un reportage diffusé par la Treizième chaîne au mois de mai.
Sous les termes d’un accord de coalition conclu entre Netanyahu et le ministre de la Défense, Benny Gantz, le gouvernement israélien peut poursuivre l’annexion avec le soutien des Etats-Unis dès le 1er juillet.
L’administration Trump a précisé qu’elle ne s’opposerait pas aux initiatives israéliennes d’élargissement de la souveraineté dans les secteurs qui lui ont été alloués par le plan de paix, qui envisage – sous conditions – la formation d’un État palestinien sur environ 70 % de la Cisjordanie.
Alors que le monde se prépare à voir Jérusalem mettre potentiellement en oeuvre ce plan le mois prochain, un nombre croissant de Démocrates font savoir qu’une telle démarche pourrait sensiblement nuire aux relations entre Israël et leur parti.
« En tant que fort soutien de l’Etat juif et en tant que mère d’un enfant au sein de l’armée américaine, je suis favorable, et avec force, à une solution qui pourrait apporter la paix et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens et qui permettrait de promouvoir la stabilité dans toute la région », a dit Greenfield, la candidate de l’Iowa. « Je ne peux pas soutenir des initiatives unilatérales d’annexion en Cisjordanie qui ne feront que nous éloigner de cet objectif déterminant ».
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