IsraAID lance un chatbot qui assiste les victimes de crimes sexuels au Soudan du Sud
Le chatbot permet une prise en charge plus rapide des victimes, qui se sentent plus en confiance d'échanger anonymement, mais dans un pays où le taux d'accès aux portables est faible, cette solution rencontre des limites

Une organisation basée en Israël a lancé, il y a environ cinq mois, un chatbot (agent conversationnel) au Soudan du Sud pour venir en aide aux femmes victimes de viols dans la situation complexe que traverse le pays depuis des années.
Le chatbot, intégré à l’application de messagerie instantanée Whatsapp, permet aux victimes de viols de répondre rapidement et de manière anonyme à un questionnaire qui ouvre ensuite un dossier auprès de travailleurs sociaux. Avec ce système, ceux-ci peuvent porter assistance aux victimes en l’espace de quelques heures seulement.
La rapidité de la procédure doit permettre une prise en charge plus rapide, afin notamment d’anticiper toute grossesse non-désirée qui découlerait d’un viol.
IsraAid, la plus grande ONG humanitaire de l’État hébreu à l’origine du projet, assure que les données sont cryptées et anonymisées et estime que la technologie peut aider à améliorer la communication.
Dans les trois premiers mois après le lancement du projet, fin 2024, le chatbot a permis de répertorier 135 cas de viols.
Des dizaines de milliers de personnes vivent toujours dans un camp de déplacés, à l’extérieur de Juba, capitale du Soudan du Sud, même après le cessez-le-feu de 2018 qui a mis fin à la guerre civile qui a ravagé le pays, soit parce qu’ils craignent de partir, soit parce qu’ils n’ont plus de maison dans laquelle retourner.
Plusieurs organisations humanitaires présentes sur place estiment, sur la base des témoignages recueillis auprès de victimes d’agressions sexuelles, que la solution idéale serait pour les victimes de solliciter assistance virtuellement. Cela s’explique principalement par le fait que de nombreux préjugés empêchent encore les victimes de parler et par le fait que les jeunes filles ont besoin d’une permission pour quitter le domicile.

Mais la solution technologique rencontre un obstacle majeur : le Soudan du Sud enregistre l’un des taux d’accès aux téléphones et au réseau les plus bas au monde. Selon la GSM Association, moins de 25 % des personnes en bénéficient.
Kirsten Pontalti, associée à la Fondation Proteknon pour l’innovation et l’apprentissage, a commenté : « Il faut se demander si cela fonctionnera dans un environnement à faible technologie. Quels sont les taux d’alphabétisation ? Ont-ils accès à des appareils ? Si oui, de quel type ? Est-ce qu’ils trouveront cela intéressant, est-ce qu’ils auront confiance, est-ce que c’est sûr ? »