Israël approuve la construction de nouveaux logements en Cisjordanie
Au total, 1 313 logements ont reçu l'approbation finale, tandis que 853 autres ont été approuvés pour une phase de planification avancée
Israël a approuvé mercredi la construction de plus de 2 000 nouveaux logements dans des implantations en Cisjordanie, premier feu vert de ce type accordé depuis la normalisation entre l’Etat hébreu et deux pays arabes du Golfe, mi-septembre.
Le Conseil de planification supérieur de l’administration civile a donné son accord pour la construction de quelque 2 166 logements en Cisjordanie, a indiqué à l’AFP un responsable au ministère de la Défense.
Ces autorisations mettent fin à une période de 8 mois de gel effectif de nouvelles constructions dans ce territoire et surviennent moins d’un mois après la signature d’un accord de normalisation entre Israël et deux pays du Golfe.
La plupart des logements approuvés se trouvent dans des zones isolées de Cisjordanie, en dehors des blocs d’implantations auxquels Israël pourrait s’accrocher dans un futur accord de paix.
Les Emirats arabes unis et Bahreïn ont conclu le 15 septembre à Washington des accords de normalisation avec Israël, sous la houlette du président américain Donald Trump, devenant les premiers pays arabes à reconnaître Israël après l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994).
Les Palestiniens voient dans ces accords une « trahison » de la part de pays accusés de pactiser avec l’Etat hébreu sans attendre la naissance de leur Etat. Par le passé, la résolution du conflit israélo-palestinien était considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation des relations entre Israël et des pays arabes.
Dans le cadre de la normalisation, Israël s’est engagé à suspendre son projet d’annexion de territoires palestiniens selon les monarchies du Golfe, une concession saluée par les gouvernements européens et certains gouvernements arabes comme un encouragement aux espoirs de paix.
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que l’annexion de pans de la Cisjordanie était seulement « reportée » et qu’Israël n’y avait « pas renoncé ».
La plupart des logements approuvés se trouvent dans des zones isolées de Cisjordanie, en dehors des blocs d’implantations auxquels Israël pourrait s’accrocher dans un futur accord de paix.
Au total, 1 313 logements ont reçu l’approbation finale, tandis que 853 autres ont été approuvés pour une phase de planification avancée. Parmi ceux-ci, on compte plus de 500 maisons à Har Gilo, au sud de Jérusalem, qui viendront s’ajouter aux 1 600 logements existants une fois l’approbation finale donnée.
Les 1 313 logements sont répartis de la façon suivante : 382 à Beit El, 205 à Nokdim, 200 à Metzad, 157 à Telem, 140 à Talmon, 132 à Kfar Adumim, 84 à Shim’a, 11 à Ma’ale Efraim et 2 à Giv’on.
L’implantation de Kfar Adumim, à l’est de Jérusalem, affirme avoir obtenu l’autorisation d’ajouter 132 nouveaux logements.
2 000 logements supplémentaires doivent être approuvés jeudi, a indiqué l’ONG la Paix Maintenant dans un communiqué.
Plus de 450 000 Israéliens vivent dans les implantations juives en Cisjordanie en plein essor ces dernières années sous l’impulsion de M. Netanyahu, et sous le mandat à Washington de Donald Trump.
Les implantations israéliennes sont jugées contraires au droit international et comme un obstacle à la solution à deux Etats, Un Etat palestinien viable aux côtés d’Israël, rappelle l’ONU. Mais l’administration Trump a, elle, décrété en novembre dernier que ces implantations n’étaient pas contraires au droit international.
Le chef du conseil régional de Gush Etzion, Shlomo Ne’eman, qui supervise plusieurs implantations qui devraient bénéficier de la décision, a salué l’approbation, déclarant : « La mission de développement des communautés en Judée et en Samarie continue d’être un des enjeux primordiaux pour l’Etat d’Israël et la nation entière en cette époque, et nous sommes reconnaissants d’avoir le droit d’être au premier plan ici, dans le Gush Etzion ».
L’Autorité palestinienne a condamné cette décision des autorités israéliennes, qu’elle qualifie de « folie ».
Nabil Abu Rudeineh, un porte-parole du président de l’AP Mahmoud Abbas, déclare que l’expansion des implantations « élimine toute possibilité réelle d’une paix juste et globale. Cette politique israélienne conduira la région au bord de l’abîme ».
« Nous appelons la communauté internationale à intervenir immédiatement et de toute urgence – pour faire pression sur le gouvernement Netanyahu afin qu’il mette fin à cette folie des colonies », a exhorté Nabil Abu Rudeineh.
L’AP s’oppose depuis longtemps à l’expansion des implantations de Cisjordanie, qui, selon elle, met en danger ses aspirations à établir un État palestinien viable et contigu avec Jérusalem-Est pour capitale.
La Jordanie a condamné ce que la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Daifalla Ali Alfayez, a décrit comme une décision israélienne « unilatérale et illégale ».
M. Netanyahu « renforce de facto l’annexion de la Cisjordanie », souligne l’ONG.
Un porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré mercredi que l’approbation par Israël de nouveaux logements dans les implantations risquait d' »alimenter l’instabilité » et de nuire aux chances de pourparlers de paix.
« Nous demandons instamment aux autorités israéliennes de s’abstenir de telles actions unilatérales qui alimentent l’instabilité et érodent davantage les perspectives de reprise des négociations palestino-israéliennes sur la base des résolutions pertinentes des Nations unies, du droit international et des accords bilatéraux », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, a déclaré que cette construction « s’inscrit en faux contre les allégations du gouvernement actuel selon lesquelles il recherchait la paix et la stabilité dans la région ».
Aboul Gheit est dans la ligne de mire des Palestiniens depuis que la Ligue arabe a rejeté une résolution condamnant la décision des Émirats arabes unis de normaliser les liens avec Israël.
De hauts responsables palestiniens ont ensuite demandé sa démission.
Après le vote, Aboul Gheit a nié que la résolution ait eu un quelconque impact sur l’engagement des États arabes envers un État palestinien, et a souligné que les accords de normalisation ont mis fin aux intentions israéliennes d’annexer des pans de la Cisjordanie.
Le groupe La Paix maintenant a noté que les plans ont été approuvés pour soumission par le ministre de la Défense Benny Gantz, chef du parti centriste Kakhol lavan.
Avec la participation de Gantz, « Israël signalera au monde son soutien bipartite à la fin du concept de la solution à deux Etats et d’un Etat palestinien », a-t-il déclaré.
Le gouvernement a promis de nouvelles implantations « au lieu de tirer profit des accords avec les Etats du Golfe et de promouvoir la paix avec les Palestiniens », a-t-il ajouté.