Israël devrait baisser le niveau d’alerte en Turquie, même si la menace subsiste
La décision doit encore être validée avant de devenir officielle ; elle intervient après le démantèlement de plusieurs cellules terroristes iraniennes la semaine dernière
Selon des informations publiées dimanche, Israël pourrait revenir sur l’avertissement extraordinaire qu’il avait émis la semaine dernière à l’intention de ses citoyens pour les éloigner de la Turquie, après qu’un complot iranien visant à enlever ou à tuer un Israélien à Istanbul a apparemment été déjoué.
L’avertissement israélien, qui demandait aux citoyens d’éviter de se rendre à Istanbul et d’éviter tout voyage inutile dans toute autre partie de la Turquie, est en vigueur depuis le 13 juin. Les responsables des deux pays ont récemment indiqué qu’ils avaient pour objectif d’abaisser le niveau d’alerte pour les touristes israéliens avant la haute saison estivale
La Douzième chaîne a rapporté dimanche, citant une source anonyme, qu’une décision de lever l’avertissement avait été prise, mais qu’il restait en place tant qu’il n’aurait pas été validé, sans préciser par quel bureau.
Cette affirmation n’a pas pu être vérifiée et, bien que les responsables israéliens aient indiqué que l’arrestation récente d’agents iraniens accusés de comploter contre des Israéliens avait conduit à faire baisser le niveau d’alerte, la Turquie n’est toujours pas totalement sûre pour les touristes israéliens ; par ailleurs, il n’a pas encore été précisé quels paramètres de sécurité resteront en place.
Officiellement, le gouvernement a déclaré dimanche dans un communiqué que le niveau d’alerte est maintenu en l’état, mais qu’il espérait pouvoir le modifier prochainement afin que les Israéliens puissent y revenir « sans crainte ».
Il n’a pas été précisé si le retard de la levée de l’avertissement était lié aux turbulences politiques en Israël ; les avertissements de voyage sont émis par le bureau de lutte contre le terrorisme du bureau du Premier ministre, qui est en cours de transition entre le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, qui devrait prendre le relais dans les prochains jours.
Lapid a émis l’avertissement original quelques heures avant qu’il ne soit diffusé par les canaux officiels, et a été à l’avant-garde du rapprochement diplomatique entre Israël et la Turquie. Lors d’une visite à Ankara jeudi, il a déclaré qu’Israël envisageait de lever l’avertissement, qui avait menacé de mettre à mal la délicate reprise des relations diplomatiques entre Israël et la Turquie.
Selon Lapid et d’autres responsables israéliens, des renseignements avaient indiqué que Téhéran cherchait à attaquer des citoyens israéliens se trouvant en Turquie pour se venger d’une série de meurtres et de frappes contre des cibles militaires et nucléaires, des attaques dont la responsabilité avait été attribuée à Jérusalem.
Un haut responsable de la sécurité a déclaré vendredi aux médias israéliens que le Mossad et ses homologues locaux ont déjoué trois attaques iraniennes visant des civils israéliens à Istanbul ces derniers jours.
Le responsable de la sécurité a déclaré que les renseignements du Mossad avaient conduit les autorités turques à 10 membres d’une cellule iranienne qui auraient planifié l’enlèvement et le meurtre d’un ancien ambassadeur israélien en Turquie et de son épouse. Les 10 membres ont été arrêtés jeudi, a précisé le responsable.
L’agence d’espionnage israélienne du Mossad a affrété un avion privé pour immédiatement rapatrier le couple et d’autres personnes se trouvant à Istanbul, selon des informations israéliennes. Le nom du diplomate n’a pas encore été communiqué.
Selon le responsable, le Mossad a également réussi à déjouer deux autres complots contre des Israéliens à Istanbul ces derniers jours, les touristes quittant le pays à la « dernière seconde ».
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Saeed Khatibzadeh, a démenti les avertissements de Jérusalem concernant un complot dirigé par Téhéran en Turquie, qualifiant ces allégations d’être « sans fondement » et de faire partie d’un « complot pour altérer les relations entre deux pays musulmans. »
Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a répondu sur Twitter : « Depuis plusieurs semaines, des cellules terroristes iraniennes tentent d’assassiner des Israéliens innocents sur le sol turc, sous la direction du gouvernement terroriste iranien. »
L’Iran et Israël sont engagés dans une guerre de l’ombre depuis des années, mais les tensions se sont accrues à la suite d’une série d’incidents très médiatisés que Téhéran a imputés à Israël.
La République islamique a affirmé qu’Israël était responsable de l’assassinat du colonel des Gardiens de la révolution Hassan Sayyad Khodaï à son domicile de Téhéran le 22 mai. L’assassinat de Khodaï est le meurtre le plus médiatisé en Iran depuis celui du scientifique nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, en novembre 2020.
Jeudi, le corps d’élite des gardiens de la révolution islamique d’Iran, qui mène également des opérations à l’extérieur du pays, a annoncé qu’il remplaçait le chef de son unité de renseignement, Hossein Taeb, qui occupait ce poste depuis plus de dix ans.
Taeb a été désigné à plusieurs reprises dans les médias israéliens comme l’homme à l’origine des projets d’attentats contre des Israéliens en Turquie.
Le commandant des gardes, le major général Hossein Salami, a nommé le général Mohammad Kazemi à la tête de l’unité de renseignement, selon l’agence de presse iranienne Tasnim.