Israël inquiet au sujet de la livraison de missiles russes à l’Iran
La restriction sur la livraison des S-300 avait été imposée en 2007 suite à la désapprobation israélienne et américaine
Le président russe Vladimir Poutine a signé lundi un décret annulant l’interdiction pour la Russie de livrer à l’Iran des systèmes de missiles antiaériens S-300, a annoncé le Kremlin.
Cette décision a été prise suite à la signature de l’accord-cadre sur le programme iranien négocié entre l’Iran et l’Occident.
Moscou serait prêt à livrer rapidement l’Iran, annonce un haut fonctionnaire du ministère de la Défense russe.
La général Yury Yakubov indique que le ministère n’attend que le feu vert de la direction politique pour expédier le système, dont la livraison en Iran a été bloquée depuis des années.
« Si une décision politique est prise au sujet de la livraison des missiles S-300 en possession des forces armées russes à l’Iran, je crois que le ministère de la Défense répondra promptement à l’ordre du président », révèle Yakubov, le coordinateur du département des inspecteurs généraux du Ministère de la Défense, selon l’agence de presse russe Interfax.
Les responsables israéliens sont consternés par cette nouvelle et affirment que si la livraison était effectuée, elle changerait l’équilibre des forces dans la région.
Ils ajoutent que la livraison d’un tel système de défense pourrait empêcher toute frappe militaire contre les installations nucléaires de l’Iran, a indiqué la Deuxième chaîne. Le reportage télévisé a également cité des responsables américains anonymes qui ont eux aussi révélé leur inquiétude.
Un décret signé par Poutine lève l’interdiction de « la livraison [des missiles S-300] de la Russie à l’Iran », a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Moscou a signé un contrat de vente en 2007 avec Téhéran pour lui vendre le système S-300, mais les armes n’ont jamais été livrées en raison des fortes objections des États-Unis et d’Israël. Israël et les Etats-Unis avaient fait pression pour empêcher l’Iran d’obtenir le contrôle du système de missiles, qui est considéré comme parmi les plus avancés de la planète.
Moscou a donc bloqué les livraisons des missiles surface-air à Téhéran en 2010 après que l’ONU ait sanctionné l’Iran pour son programme nucléaire lui interdisant l’achat d’armes de haute technologie.
L’Iran a engagé des poursuites contre Moscou devant un tribunal d’arbitrage à Genève.
La décision de lever la restriction imposée sur la livraison intervient après que Téhéran et les puissances internationales, y compris la Russie sont parvenus ce mois-ci à un accord-cadre visant à freiner le programme nucléaire de l’Iran.
L’accord cadre de Lausanne a marqué une avancée cruciale car L’Iran et l’Occident étaient dans une impasse depuis 12 ans. L’Occident contestait la version de Téhéran selon laquelle il ne cherchait pas à construire une bombe nucléaire.
Cependant, les responsables israéliens, avec à leur tête le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont fermement condamné l’accord qui place, selon eux, des restrictions inadéquates pour limiter la capacité de l’Iran à faire de la recherche et produire des armes nucléaires.
Les puissances mondiales doivent encore résoudre une série de questions techniques difficiles avant l’expiration du délai qui prend fin le 30 juin avant de parvenir à un accord final. Ces questions comprennent les étapes pour la levée des sanctions globales imposées à l’Iran et des questions persistantes sur la possible dimension militaire de son programme nucléaire.
Le leader suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, qui aura le dernier mot sur tout accord, a émis un doute quant à la possibilité d’un accord en indiquant que « rien n’est obligatoire » alors que le président Hassan Rouhani a demandé à ce que les sanctions soient levées immédiatement après la signature de l’accord.
Les puissances mondiales le Royaume-Uni, la Chine, la France, l’Allemagne, la Russie et les États-Unis ont annoncé que les sanctions seront assouplies progressivement et que souhaitent mettre en place un mécanisme pour s’assurer qu’elles puissent être rapidement rétablies si l’Iran rompt sa parole.
Malgré le différend sur les missiles S-300, Moscou et Téhéran sont restés en bons termes. La Russie a accepté de construire de nouveaux réacteurs nucléaires pour Téhéran et les deux pays soutiennent le président Bashar el-Assad en Syrie.
Les missiles S-300, développés par l’Union soviétique en 1979, correspondent à une série de systèmes de missiles sol-air de longue portée produits par NPO Almaz.
Le système S-300 a été construit pour les forces de défense aérienne soviétiques pour qu’elles puissent se défendre contre les avions et les missiles de croisière. Les variations ultérieures sur le modèle ont été développées pour intercepter des missiles balistiques.