Israël Katz: les propos de Schumer « inacceptables » ; les USA et Israël s’accordent sur Rafah
Le ministre des Affaires étrangères dit que tant qu'il a la majorité, Netanyahu restera au pouvoir et suggère aux pays arabes d'installer des tentes pour les évacués de Rafah ; Nides défend Schumer, un "vrai sioniste"
Le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a déclaré lundi que le chef des démocrates du Sénat américain Chuck Schumer était un « ami d’Israël », mais a qualifié « d’inacceptable » son discours appelant à la tenue d’élections en Israël, tout en précisant que Washington avait approuvé le projet d’incursion israélienne dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Les remarques de Schumer, selon lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu se serait « égaré », soulignent le fossé grandissant entre Israël et son allié le plus proche. Elles ont été dénoncées par le Premier ministre, les ministres de la coalition et les républicains américains. Le président américain Joe Biden et les législateurs démocrates les ont saluées.
« Nous sommes un pays démocratique. Tant que le Premier ministre aura une majorité de 61 voix ou plus, ce sera le gouvernement de l’État d’Israël », a affirmé Katz à la radio publique Kan, ajoutant que les liens avec les États-Unis n’étaient pas menacés.
L’ancien ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a défendu Schumer et ses propos dans une interview accordée à la radio de l’armée lundi, décrivant le chef de file de la majorité au Sénat comme le meilleur ami d’Israël et un « véritable sioniste. »
« Le sénateur a le droit de dire ce qu’il croit, et les Israéliens décideront quand et comment ils veulent des élections », a-t-il déclaré.
Dans son discours de jeudi, Schumer a expliqué qu’il se sentait obligé, en tant que Juif américain, de s’exprimer sur le rôle d’Israël dans l’instauration de la paix avec les Palestiniens.
Schumer a présenté Netanyahu comme l’un des quatre principaux obstacles à la paix, aux côtés du Hamas, du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et des Israéliens radicaux de droite, affirmant que le Premier ministre s’était « égaré » politiquement et que lui et son gouvernement ne correspondaient pas aux besoins de la réalité israélienne de l’après-7 octobre.
C’est pourquoi, selon lui, Israël devrait organiser des élections, laissant entendre qu’il recommandait de remplacer Netanyahu et ceux qu’il qualifiait d’extrémistes au sein de son gouvernement, tels que le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich.
Au micro de Kan, Katz a déclaré qu’Israël et les États-Unis étaient en accord sur la question d’une incursion israélienne imminente à Rafah et sur le fait de mettre les civils hors de danger.
« Il est clair que nous allons intervenir à Rafah. Avant l’opération massive, nous procéderons à l’évacuation des civils. Pas vers le nord, mais vers une zone située à l’ouest », a-t-il déclaré, parlant apparemment de la zone d’al-Mawasi – où se trouvait autrefois un bloc d’implantations israéliennes – qu’Israël a suggérée à plusieurs reprises comme une zone de sécurité appropriée pour les civils.
L’administration Biden a exprimé à plusieurs reprises son mécontentement à l’égard de la campagne actuelle. La semaine dernière, des responsables américains ont indiqué à Politico que le président avait déclaré qu’il envisagerait de conditionner l’aide militaire future à Israël si Tsahal poursuivait son offensive contre Rafah, bien que le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, ait semblé nier mardi que le président envisageait une telle mesure.
Biden a également déclaré qu’une entrée de Tsahal à Rafah constituerait une « ligne rouge » pour son administration et a exprimé à plusieurs reprises sa frustration face au nombre de victimes civiles à Gaza et à la lenteur de l’acheminement de l’aide.
Selon Kan, les responsables américains estiment qu’il faudra au moins plusieurs semaines pour évacuer les civils de Rafah, et qu’une telle opération nécessitera un apport massif de nourriture et la construction de logements ou d’abris temporaires.
« Il y a des pays arabes qui peuvent aider à dresser des tentes, ou d’autres choses, dans le cadre de l’action humanitaire », a affirmé Katz lundi.
Selon Israël, Rafah, où sont déployés quatre bataillons du Hamas, est le dernier grand bastion du Hamas dans la bande de Gaza, puisque Tsahal opère dans le nord et le centre de l’enclave palestinienne. Une offensive dans cette région est nécessaire, selon Israël, pour atteindre ses objectifs de guerre, et elle n’est plus hypothétique mais son calendrier reste à définir.
Le bureau de Netanyahu a annoncé vendredi qu’il avait approuvé les plans opérationnels militaires pour une offensive dans le sud de la ville de Gaza.
La guerre a commencé le 7 octobre lorsque quelque 3 000 terroristes ont déferlé sur Israël en franchissant la frontière pour lancer une attaque sans précédent sur les communautés du sud, tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en prenant 253 en otage à Gaza, où plus de la moitié d’entre eux se trouvent encore.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 31 000 personnes auraient été tuées dans les combats jusqu’à présent, un chiffre qui ne peut être vérifié de manière indépendante et qui ne distingue pas entre civils, terroristes et personnes tuées par les tirs de roquettes ratés des groupes terroristes. Israël affirme avoir tués quelque 13 000 terroristes du Hamas lors de combats. Israël affirme également avoir tué un millier de terroristes en Israël le 7 octobre.
Lazar Berman a contribué à cet article.