Israël : L’élection de Raïssi en Iran devrait susciter une « grave inquiétude »
Réaction de Bennett ; Yair Lapid fait part de sa "détermination" à stopper le programme nucléaire ; un porte-parole évoque l'extrémisme du nouveau président
L’élection de l’ultra-conservateur Ebrahim Raïssi en Iran est un « signal » pour que les « puissances » étrangères se « réveillent » avant de revenir à un accord sur le programme nucléaire iranien, a plaidé dimanche le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett.
Qualifiant M. Raïssi de « président le plus extrémiste » élu en Iran depuis la révolution de 1979, la diplomatie israélienne avait soutenu samedi soir que sa victoire « devrait susciter une grave inquiétude » dans le monde.
Naftali Bennett, qui a succédé la semaine dernière à Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement israélien, a déclaré en conseil des ministres que M. Raïssi, déclaré vainqueur samedi de la présidentielle iranienne, n’avait « pas été choisi par le peuple iranien mais par (l’ayatollah) Khamenei ».
« Le choix de Raïssi est un signal pour que les puissances se réveillent, un signal de dernière minute peut-être avant de revenir sur l’accord sur le nucléaire, pour leur permettre de comprendre avec qui elles font affaire et quel type de régime elles vont choisir de renforcer », a déclaré M. Bennett.
Les responsables de la sécurité pensent aussi que le nouveau président iranien adoptera les visions radicales du Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, en termes de politique étrangère et de politique nucléaire, a fait savoir une chaîne de télévision israélienne. Ils ont déclaré que l’État juif devait, une fois encore, se préparer à une éventuelle attaque contre les structures nucléaires de la République islamique.
Bien qu’issu d’un courant politique se caractérisant par l’antiaméricanisme et le rejet de l’Occident, M. Raïssi a rappelé pendant la campagne que la priorité était d’obtenir la levée de ces sanctions pour sortir le pays de l’ornière.
Selon la Douzième chaîne, Raissi est favorable à la réintégration de l’Iran dans l’accord sur le nucléaire de 2015 qui prévoit une limitation du programme nucléaire du pays en échange d’un allègement de sanctions – et les Israéliens estiment pour leur part qu’un arrangement avec les États-Unis concernant une remise en place de l’accord ne sera pas trouvé avant le mois d’août, lorsque Raissi prendra ses fonctions.
Mais, avertissent-ils, l’Iran devrait, dans l’intervalle, continuer à développer son stock d’uranium enrichi.
« Il n’y a plus d’autre choix que de recommencer à préparer des plans d’attaque contre le programme nucléaire de l’Iran. Cela nécessitera des budgets et une nouvelle affectation de ressources », aurait dit une source israélienne proche du dossier.
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, pour sa part, a écrit samedi soir sur Twitter que « le nouveau président de l’Iran, connu sous le nom de Boucher de Téhéran, est un extrémiste responsable de la mort de milliers d’Iraniens. Il est attaché aux ambitions iraniennes en matière de nucléaire et à la campagne de terrorisme mondial menée par le régime ».
Lapid a ajouté que « son élection doit à nouveau tous nous pousser à mettre un terme immédiat au programme nucléaire iranien et aux ambitions destructrices du pays dans la région ».
Lior Haiat, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a écrit sur Twitter que Raissi allait être « le président le plus extrémiste connu jusqu’à présent ».
« Personnalité extrémiste, engagée en faveur de l’avancée rapide du programme nucléaire, son élection fait entrevoir clairement les réelles intentions malveillantes de l’Iran et elle devrait entraîner une grave inquiétude au sein de la communauté internationale ».
Jeudi, le ministre de la Défense Benny Gantz a déclaré qu’Israël et les États-Unis œuvraient à renforcer le contrôle du programme nucléaire de Téhéran tout en avertissant que « toutes les options sont sur la table » concernant une éventuelle frappe militaire de la part de Jérusalem – si une telle attaque devait s’avérer nécessaire pour empêcher la république islamique d’obtenir l’arme atomique.
De son côté, le chef d’État-major Aviv Kohavi devait prendre la tête d’une importante délégation d’officiers de haut-rang israéliens à Washington, dimanche dans la matinée, pour y rencontrer des responsables américains au sujet du programme nucléaire et des efforts expansionnistes de Téhéran dans la région, a annoncé Tsahal.
« Le chef d’État-major discutera avec ses homologues des défis sécuritaires qui se posent actuellement et notamment de ce qui touche à la menace nucléaire iranienne, des initiatives prises par l’Iran pour s’ancrer militairement au Moyen-Orient, des efforts de réarmement du Hezbollah, des conséquences de la menace représentée par les missiles de précision et la mise en place de forces conjointes », a ajouté l’armée.
Le voyage de Kohavi intervient dans un contexte de tensions sous-jacentes entre les États-Unis et Israël sur la question du nucléaire iranien. Le président américain Joe Biden et son administration ont l’intention de réintégrer l’accord conclu en 2015 sur le sujet avec l’Iran – une initiative à laquelle s’opposent ouvertement et avec force les responsables israéliens et notamment Kohavi.
Les négociateurs qui tentent de ressusciter l’accord sur le nucléaire iranien doivent tenir une réunion dimanche à Vienne.
Le représentant russe à ces négociations qui se tiennent depuis le mois d’avril sous l’égide de l’UE, Mikhaïl Oulianov, a affirmé dimanche que cette nouvelle réunion « décidera de la marche à suivre ». « Une entente sur le rétablissement de l’accord nucléaire est à portée de main mais n’est pas encore finalisée », a-t-il dit sur Twitter samedi.