Joann Sfar lauréat du Prix Jean Daniel pour son enquête sur l’avenir des juifs
“Les mythes sur lesquels je me suis construit et qui faisaient que je dormais bien la nuit se sont un peu effondrés,” confiait récemment l'artiste
Pour sa troisième édition, le prix du journalisme littéraire Jean Daniel a décidé d’honorer Joann Sfar et sa bande dessinée reportage intitulée Nous vivrons : enquête sur l’avenir des juifs (Les Arènes). Ce prix est décerné à un récit « journalistique sublimé grâce à la technique littéraire », lit-on sur le site.
L’auteur-dessinateur-réalisateur, bouleversé par les massacres barbares du 7 octobre perpétrés par le groupe terroriste du Hamas aidé de civils palestiniens complices et la flambée de l’antisémitisme qui a suivi dans le monde, décide de se lancer dans une enquête sur l’avenir des juifs.
« Les mythes sur lesquels je me suis construit et qui faisaient que je dormais bien la nuit se sont un peu effondrés », confiait-il à l’AFP.
Sfar décide donc d’écrire ce journal de bord où il se met en scène à la façon d’un Joseph Kessel. Un ouvrage qui tourne autour de cette problématique : « Où vais-je élever mes enfants pour pas qu’on les emmerde avec le judaïsme ? »
Un livre qui dénonce le fait que : « Les Juifs sont la seule minorité, dans un monde éveillé aux minorités, qui quand elle dit ‘j’ai subi de l’antisémitisme’ reçoit en réponse ‘c’est pas si grave’. »
C’est donc ce travail qui est récompensé par le Prix Jean Daniel, du nom du fondateur du Nouvel Observateur devenu le Nouvel Obs.
Pour le jury, il s’agit non pas d’une bande dessinée, mais d’un « roman graphique puissant et intime, plutôt. À une véritable enquête sur les origines de l’antisémitisme qui a sévi en Europe et dans le monde musulman, et qui explose aujourd’hui en France. »
Joann Sfar rejoint aux palmarès de ce prix Raphaël Glucksmann, primé en 2023 “La Grande Confrontation” où l’eurodéputé, dénonce la guerre menée par Vladimir Poutine à la démocratie occidentale. Dans le cadre des prochaines élections législatives anticipées, Glucksmann s’est en revanche allié à un parti d’extrême-gauche radicale très controversé largement accusé de flirter avec l’antisémitisme.