Israël en guerre - Jour 560

Rechercher

Kamala Harris ne « restera pas muette » sur Gaza

Après son entretien avec Netanyahu, la vice-présidente a déploré "la mort de bien trop d'innocents ; selon un haut fonctionnaire israélien, c'est le signe de tensions entre Israël et les États-Unis, dont le Hamas profite

La vice-présidente américaine Kamala Harris, à droite, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrivent pour une réunion dans le bureau de cérémonie du vice-président, dans le bâtiment exécutif Eisenhower à Washington, DC, le 25 juillet 2024. (Roberto Schmidt / AFP)
La vice-présidente américaine Kamala Harris, à droite, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu arrivent pour une réunion dans le bureau de cérémonie du vice-président, dans le bâtiment exécutif Eisenhower à Washington, DC, le 25 juillet 2024. (Roberto Schmidt / AFP)

Suite à son entretien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a indiqué jeudi qu’elle ne « passerait pas sous silence » les souffrances de Gaza, tout en rappelant son engagement en faveur d’Israël.

Ses propos lui ont valu les récriminations de certains Israéliens intimement convaincus qu’ils ne peuvent que compliquer les tentatives d’accord avec l’organisation terroriste du Hamas en vue d’obtenir la libération des otages et mettre fin à la guerre à Gaza.

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré MNetanyahu, qu’il était temps de mettre un terme à la guerre « dévastatrice », une guerre déclenchée par l’attaque brutale du groupe terroriste Hamas contre Israël le 7 octobre, dans des commentaires que certains ont considérés comme un signe d’un changement possible de la position de Washington alors que celle qui est pressentie pour devenir la candidate démocrate à l’élection présidentielle occupe le devant de la scène.

« Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur », a-t-elle déclaré, évoquant les « enfants morts » et les « personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri ».

« Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse », a-t-elle ajouté devant la presse.

L’ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre « franche et constructive ».

Netanyahu, qui se trouve à Washington depuis lundi, s’est entretenu tour à tour avec le président américain Joe Biden puis Harris, jeudi, à la Maison Blanche. Il doit également rencontrer le candidat Républicain à la présidentielle, Donald Trump ce vendredi.

Dans un discours prononcé devant le Congrès américain, mercredi, le Premier ministre a une fois de plus souligné la nécessité d’une « victoire totale » sur le Hamas. Ce discours a déçu les proches d’otages, qui espéraient qu’il parlerait d’un accord de cessez-le-feu en vue de la libération des otages, dont les pourparlers seraient bien avancés. Les proches d’otages américano-israéliens qui se sont entretenus avec Biden et Netanyahu à la Maison Blanche, jeudi, ont dit leur espoir et leur l’optimisme quant à la conclusions d’un accord.

Lors de sa conférence de presse d’après réunion avec Netanyahu, Harris a rappelé qu’Israël avait ‘le droit de se défendre ».

La vice-présidente Kamala Harris, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avant une réunion dans l’aile Eisenhower de la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 25 juillet 2024. (AP Photo/Julia Nikhinson)

La vice-présidente a fait remarquer qu’elle avait, lors de leurs 40 minutes d’entretien à Washington, de nouveau évoqué avec Netanyahu de la situation « désastreuse » à Gaza. Elle a par ailleurs redit l’importance de parvenir à un accord pour faire libérer les otages et mettre fin à la guerre.

Harris a dit avoir « fait part au Premier ministre de sa profonde inquiétude face à l’ampleur des souffrances humaines et de la situation dans la bande de Gaza, à commencer par la mort d’un nombre bien trop élevé d’innocents. Et j’ai clairement exprimé ma vive inquiétude au sujet de la situation humanitaire désastreuse qui règne là-bas. »

La vice-présidente Kamala Harris, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avant une réunion dans l’aile Eisenhower de la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 25 juillet 2024. (AP Photo/Julia Nikhinson)

Harris a parlé d’un « frisson d’espoir dans les pourparlers en vue d’obtenir » un accord sur les otages, ce qui, selon elle, permettrait de mettre fin à la guerre et de déboucher sur l’établissement d’un État palestinien.

« Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahu, il est temps de conclure un accord », a-t-elle déclaré.

Si la plupart des discours de Harris, d’une durée de cinq minutes, sont des éléments de langage utilisés par Biden et elle depuis le début de la guerre, certains ont fait remarquer qu’elle avait davantage mis l’accent sur la crise humanitaire à Gaza.

Des enfants font la queue avec des récipients à la main pour percevoir de l’aide alimentaire dans une cuisine de l’école d’Abu Zeitun, gérée par l’Agence des Nations Unies pour les secours et les travaux aux réfugiés palestiniens (UNRWA) à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, 13 juin 2024. (Omar Al-Qattaa/AFP)

« Il est temps que cette guerre prenne fin, et qu’elle se termine de façon à ce qu’Israël soit en sécurité, que tous les otages soient libérés, que la souffrance des Palestiniens de Gaza cesse, et le peuple palestinien peut exercer son droit à la liberté, à la dignité et à l’autodétermination », a déclaré M. Harris.

Harris a également souligné les éléments pro-israéliens dans ses remarques, marquant le Hamas comme une « organisation terroriste brutale » qui a déclenché la guerre en cours avec son assaut du 7 octobre, et notant qu’il comprenait « des actes horribles de violence sexuelle ».

Au cours de son intervention, Harris a pris la peine de lire les noms des huit otages israélo-américains encore détenus par le Hamas, ce qu’aucun responsable américain n’avait fait jusqu’à présent.

Bien que Harris, contrairement à Biden, n’ait pas eu de réunion avec des proches d’otages, elle a rappelé s’être entretenue à plusieurs reprises avec certains d’entre eux et leur avoir dit : « Ils ne sont pas seuls, je suis avec eux. »

Harris a également souligné sa longue histoire avec l’État d’Israël, rappelant qu’enfant, elle collectait des fonds pour planter des arbres dans l’État juif.

« Depuis l’époque où jeune fille, je collectais des fonds pour planter des arbres pour Israël, jusqu’à mon passage au Sénat des États-Unis et maintenant à la Maison Blanche, mon engagement pour l’existence de l’État d’Israël, pour sa sécurité et pour le peuple d’Israël est inébranlable », a affirmé Harris.

Cette anecdote lui sert beacoup lors de ses apparitions devant des publics pro-israéliens, un peu comme celle de Biden, alors tout jeune sénateur, avec celle qui était alors Première ministre, Golda Meir.

La vice-présidente Kamala Harris s’exprime après une réunion avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans l’aile Eisenhower de la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 25 juillet 2024. (AP Photo/Julia Nikhinson)

Par le passé, Harris s’est montrée plus franche que Biden à propos de Gaza et certains estiment qu’elle pourrait adopter une ligne plus dure vis-à-vis d’Israël. Selon les autorités, il n’y aurait aucune divergence sur la question entre Biden et elle.

Toutefois, ses propos de jeudi n’ont pas été bien accueillis en Israël.

‘Le mal causé aux civils palestiniens est-il le vrai problème ?’

Un haut fonctionnaire israélien a fait savoir aux journalistes, à titre anonyme, que Jérusalem n’avait pas apprécié le ton employé par Harris lors de son allocution et lui reprochait d’avoir trop insisté sur l’importance de mettre un terme à la guerre, signe selon lui d’une divergence de point de vue entre les Etats-Unis et Israël sur la question.

Vue aérienne permettant de voir des personnes en train de passer devant les portraits d’otages ou de personnes tuées lors du massacre du Hamas à la rave Nova, le 7 octobre dernier, sur le lieu même du festival, non loin du Kibbutz Reim, dans le sud d’Israël, le 10 avril 2024. (Jack Guez / AFP)

« J’espère que les propos tenus par Mme Harris lors de sa conférence de presse ne seront pas interprétés par le Hamas comme la lumière du jour entre les États-Unis et Israël, ce qui rendra l’accord plus difficile à obtenir », a déclaré le haut responsable.

Le responsable a noté que Netanyahu avait souligné l’importance de veiller à ce que les deux pays soient perçus comme totalement alignés.

« Plus l’écart entre nos pays est grand, plus nous nous éloignerons d’un accord et nous rapprocherons du risque d’escalade régionale », a indiqué le haut fonctionnaire, qui a par ailleurs contesté la référence faite par Harris à la crise humanitaire à Gaza, estimant que la vice-présidente exagérait et que lors de leur réunion, le Premier ministre lui avait fait un compte rendu « factuel très détaillé » de la situation à Gaza à rebours des inquiétudes de Harris.

La vice-présidente Kamala Harris à son arrivée pour la conférence de presse organisée suite à sa réunion avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans l’aile Eisenhower de la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 25 juillet 2024. (AP Photo/Julia Nikhinson)

Toujours selon cette même source, les propos de Harris sur la nécessité de mettre fin à la guerre serait contre-productif, car Jérusalem souhaite s’assurer que l’accord sur les otages lui permette de poursuivre les combats à l’issue de la première phase, matérialisée par un cessez-le-feu de six semaines au cours duquel le Hamas libérerait les femmes, personnes âgées et malades.

Selon les familles d’otages qui ont se sont entretenus, jeudi, avec Biden et Netanyahu, le président américain leur a redonné espoir que les pourparlers en vue de la conclusion d’un cessez-le-feu et d’un accord sur les otages arrivent à maturité.

« Le mal qui est fait aux civils palestiniens est-il le vrai problème ? Que va en penser le Hamas ? » a demandé le responsable israélien, convaincu que cela ne peut qu’encourager l’organisation terroriste à camper sur ses positions. « J’espère que cela ne va pas faire repartir les pourparlers en arrière, car nous avons beaucoup avancé. »

Malgré la déception de ce responsable israélien suite aux propos de Harris, il estime que les relations avec la Maison-Blanche ne devraient pas se détériorer si d’aventure elle était amenée à occuper un poste plus important.

« Nous sommes sur la voie de la coopération et de la convergence de nos positions… Raison pour laquelle la conférence de presse de Harris pose problème », a déclaré le responsable.

‘On ne sait pas de quoi ils parlent’

Selon les confidences au Times of Israel d’un proche de la vice-présidente, en réaction à l’analyse susmentionnée du haut fonctionnaire israélien, les propos de Harris prennent quelque latitude avec les précédentes déclarations de Biden et elle sur la guerre à Gaza.

« Je ne sais pas de quoi ils parlent », a déclaré le proche conseiller de la vice-présidente, soulignant que l’entretien entre Harris et Netanyahu avait été « sérieux et convivial ».

« Le président Biden et la vice-présidente Harris ont, chacun de leur côté, délivré le même message au Premier ministre Netanyahu : « Il est temps de conclure l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages. C’est exactement ce que la vice-présidenta a elle auissi publiquement fait savoir », a dit le conseiller.

« Ses propos officiels de jeudi sont alignés à ses précédentes déclarations sur le conflit. Elle a commencé par rappeler la solidité de l’appui apporté à Israël avant de dire son inquiétude envers les victimes civiles et la crise humanitaire à Gaza, comme elle le fait toujours », a poursuivi le conseiller.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adresse au Congrès lors d’une réunion conjointe au Capitole des États-Unis, le 24 juillet 2024 à Washington (DC) (Drew Angerer / AFP)

Smotrich et Ben Gvir fustigent la vice-présidente

Les partenaires d’extrême droite de la coalition de Netanyahu s’en sont ouvertement pris aux propos de Harris.

Sur X, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a écrit que le projet d’accord revenait « en mettant immédiatement fin à la guerre d’une manière propice à ce que le Hamas reprenne de la vigueur, à déposer les armes aux pieds du chef militaire du Hamas, Yahya Sinwar, et à toruner le dos à la plupart des otages. »

« Kamala Harris a montré au monde ce que je dis depuis des semaines, à savoir ce qu’il y a derrière cet accord », a écrit Smotrich. « Il ne faut surtout pas tomber dans le piège! »

Le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, lui aussi ultranationaliste, s’en est lui aussi pris à Harris en tweetant : « Nous ne mettrons pas un terme à la guerre, madame la candidate ».

Les deux ministres ont à plusieurs reprises menacé de quitter la coalition de Netanyahu si le Premier ministre signait cet accord, ce qui précipiterait la chute du gouvernement.

Ces négociations, pour lesquelles États-Unis, Egypte et Qatar ont servi d’intemédiaires, ont échoué à imposer nouvelle une trêve à Gaza et une nouvelle vague de libération d’otages détenus depuis le précédent cessez-le-feu d’une semaine, en novembre dernier, en vertu duquel le Hamas avait libéré 105 otages en échange de 240 prisonniers de sécurité palestiniens.

On estime que 115 otages sont restés à Gaza, dont 111 ont été enlevés le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël pour en tuer près de 1,200 personnes et 251 otages, déclenchant la guerre à Gaza. Les forces de défense israéliennes ont confirmé que 39 otages à Gaza avaient été tués.

Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 39 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 15 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Aujourd’hui pressentie candidate démocrate à la présidence, les propos de Harris sur la guerre ont été disséqués à la loupe, certains y voyant un changement de ton de l’administration à l’égard d’Israël et de la bande de Gaza. Les responsables américains ont rejeté l’idée que la position de Harris sur Israël diffère de celle de Biden ou qu’elle joue le rôle de « mauvais flic » au sein de l’administration à l’égard d’Israël.

Le président américain Joe Biden avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, à Washington, le 25 juillet 2024. (AP/Susan Walsh)

La franchise de Harris tranche avec l’image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée, même si les deux hommes entretiennent des relations notoirement compliquées.

« D’un fier sioniste juif à un fier sioniste irlando-américain, je tiens à vous remercier pour 50 ans de service public et 50 ans de soutien à l’État d’Israël », a dit Netanyahu à Biden face aux journalistes, avant leur entretien.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.