Kerry furieux que le département d’Etat ait tronqué un point presse vidéo sur l’Iran
Le secrétaire d'État américain a réaffirmé sa "confiance totale en Jen Psaki et en son éthique" tout en indiquant voulant savoir ce qu'il s'est passé
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est insurgé vendredi contre son ministère, le département d’Etat, qui avait tronqué en 2013 la version vidéo d’un point presse pour supprimer un passage où étaient évoquées des discussions secrètes entre les Etats-Unis et l’Iran.
Le ministère des Affaires étrangères avait reconnu mercredi que son service de presse avait « délibérément » tronqué la version télévisuelle de son briefing quotidien, en décembre 2013, afin d’effacer un échange entre la porte-parole de l’époque, Jennifer Psaki, et un journaliste de Fox News, James Rosen sur les tractations amorcées secrètement en 2012 entre Washington et Téhéran.
Ces discussions avaient précédé les négociations officielles entre les grandes puissances et l’Iran sur son programme nucléaire.
« Quoi qui se soit passé, c’était à la fois maladroit, stupide et déplacé », a tonné John Kerry devant quelques journalistes à Paris, où il a participé vendredi à une réunion internationale sur le conflit israélo-palestinien.
« Je voudrais comprendre exactement ce qui s’est passé et pourquoi », a ajouté le ministre américain, tout en réaffirmant sa « confiance totale en Jen Psaki et en son éthique », la porte-parole du département d’Etat à l’époque de l’incident.
« C’est inacceptable », a martelé M. Kerry.
L’actuel porte-parole du département d’Etat, John Kirby, a diligenté une enquête interne après que le journaliste de Fox News, M. Rosen, eut révélé dans un sujet diffusé en avril qu’une question qu’il avait posée fin 2013 avait disparu de la vidéo du point presse conservée dans les archives mises à disposition en ligne par le département d’Etat.
La transcription écrite de ce briefing n’a en revanche jamais été modifiée.
D’après le département d’Etat, un employé du service de presse avait à l’époque reçu un appel d’un collègue lui transmettant une requête pour couper la vidéo, mais sans se souvenir du responsable qui avait formulé cette demande.
L’administration du président Barack Obama défend avec force l’accord conclu en juillet 2015 entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de Téhéran. Ce texte, en vigueur depuis le 16 janvier, prévoit, en contrepartie d’une surveillance internationale du programme nucléaire de l’Iran, de lever les sanctions.
Mais les opposants républicains du président Obama soutiennent que son administration démocrate a trompé l’opinion sur la portée de cet accord et sur les négociations secrètes qui ont contribué à cette percée diplomatique.
Des commissions du Congrès, aux mains des républicains, ont d’ailleurs demandé vendredi des enquêtes sur cette affaire de vidéo tronquée.