La Clalit et Hadassah boycottent une conférence sur la fertilité sans femmes médecins
L’Association médicale israélienne a qualifié l'évènement de l’Institut Dorot, une organisation ultra-orthodoxe, de « camouflet » pour la moitié de la communauté médicale

La Caisse de santé Clalit, la plus importante d’Israël, a révoqué son parrainage de la conférence organisée par le Centre de fertilité Dorot, « Médecine et Halakha », après avoir appris que l’événement, prévu le 20 avril à Jérusalem, se tiendrait sans l’intervention de femmes.
Elle a également fait savoir que ses médecins ne participeraient pas à la conférence.
De son côté, le centre hospitalier Hadassah a annulé la participation de ses médecins et l’Association médicale israélienne a demandé à ce que des femmes soient invitées à y prendre la parole.
L’Institut Dorot est une organisation ultra-orthodoxe qui s’adresse aux couples connaissant des problèmes de fertilité.
Il a été fondé par le grand rabbin d’Or Yehuda, Tzion Cohen, après avoir reçu la bénédiction de l’ancien grand rabbin séfarade d’Israël, Ovadia Yosef, et eu des triplés, après 11 ans d’infertilité.
Sur son site Internet, il dit offrir des consultations médicales, des aides financières, un soutien émotionnel, des solutions de préservation de la fertilité et de supervision des FIV, en plus de conseils halakhiques.
L’hôpital Hadassah a publié un communiqué faisant savoir qu’il n’était en rien impliqué dans le parrainage de la conférence de l’Institut Dorot ou dans son financement.
« Compte tenu de l’attachement de l’hôpital Hadassah à la présence de femmes dans tous les secteurs d’activités – en particulier la médecine – et en dépit de la valeur du travail fait par l’Institut Dorot pour les femmes en matière de fertilité et de grossesse, nos médecins ne participeront pas à la conférence. »
Le président de l’Association médicale israélienne, le professeur Zion Hagay, a demandé au président de l’Institut Dorot Cohen à revoir immédiatement la composition de son panel de manière à refléter la présence des femmes dans le corps médical.
Expert en obstétrique et gynécologie, Hagay a qualifié cette exclusion des femmes de « camouflet » pour les femmes médecins, qui constituent la moitié du corps médical.
L’exclusion des femmes médecins par la conférence est « contraire à un document de position du comité d’éthique de l’IMA, publié il y a plus de dix ans, dans un contexte similaire », a rappelé Hagay.
Selon ce document, « l’exclusion des femmes est une pratique illégale, contraire aux valeurs d’égalité et de démocratie : c’est une atteinte à la dignité humaine ».

Il précise en outre que les médecins ne doivent pas prendre part à des événements médicaux excluant les femmes, médecins ou patientes.
« Je demande à tous les organismes concernés de refuser de participer ou de parrainer des événements qui excluent les femmes du corps médical », a ajouté Hagay.
Hannah Katsman, coordinatrice du développement des ressources pour le Center for Women’s Justice, qui a également travaillé avec des femmes après la naissance en qualité de consultante en lactation à l’hôpital Ichilov, est l’une des nombreuses femmes qui ont fait part de leur indignation en ligne.
« Cela a des ramifications bien au-delà de cette seule conférence. La position des haredim nuit à l’intérêt des femmes, en ne permettant pas aux médecins qui prennent soin des femmes haredi de se former auprès de femmes médecins expertes en la matière, ou des hommes », a déclaré Katsman au Times of Israel.
« Cela cause également un préjudice professionnel et financier aux femmes médecins exclues de tels événements. Les femmes haredi préfèrent souvent les femmes médecins ou sont invitées à les consulter en priorité. Mais à quoi cela sert de faire médecine si l’expertise des femmes n’est pas reconnue à sa juste valeur ? », a-t-elle ajouté.
En dépit de ces réactions, l’Institut Dorot a indiqué par des messages sur les réseaux sociaux que la conférence sur les nouveautés en matière de traitement de l’infertilité aurait lieu comme prévu.
« À notre grand regret, certains intervenants ont été contraints de ne pas y assister. Nous l’acceptons et le comprenons », a fait savoir le rabbin Itai Cohen.