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La diplomatie de l’UE s’apprête à examiner les éventuelles réponses à l’annexion

Les diplomates se réunissent vendredi ; le projet d'Israël d'appliquer la souveraineté aux implantations et à la vallée du Jourdain étant "le point le plus important du jour"

Le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, s'exprime lors d'un débat au Parlement européen le 14 janvier 2020 à Strasbourg. (Crédit : FREDERICK FLORIN / AFP)
Le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, s'exprime lors d'un débat au Parlement européen le 14 janvier 2020 à Strasbourg. (Crédit : FREDERICK FLORIN / AFP)

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne doivent se réunir ce vendredi pour examiner les mesures potentielles contre Israël concernant son plan d’annexion de certaines zones de la Cisjordanie.

Les ministres doivent se réunir virtuellement en raison de la crise sanitaire.

Plusieurs pays européens, la France en tête, mais aussi l’Irlande, la Suède, la Belgique, l’Espagne et le Luxembourg, auraient exprimé leur soutien aux menaces de sanctions afin de dissuader le nouveau gouvernement israélien – qui doit prêter serment dimanche – de mener à bien ce projet avec le feu vert de Washington.

Mardi, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que les projets d’annexion et la réponse de l’Union à ces projets seraient « le point le plus important à l’ordre du jour » de la réunion de vendredi.

Le bloc de l’UE est le plus grand partenaire commercial d’Israël. Il accorde à ce pays un statut commercial privilégié et contribue au financement de la recherche et du développement scientifiques israéliens grâce à son vaste programme Horizon 2020.

L’implantation israélienne de Shiloh, le 17 novembre 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Les mesures proposées consistent notamment à interdire à Israël de conclure des accords commerciaux avec le bloc, de recevoir des subventions de l’UE ou de bénéficier d’autres formes de coopération avec l’Union.

Il n’est pas clair si ces mesures s’appliqueraient aux futurs accords ou si elles gèleraient les accords existants.

Dans le cadre de leur accord de coalition, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, ont convenu que le gouvernement pouvait commencer à appliquer la souveraineté israélienne aux implantations et à la vallée du Jourdain après le 1er juillet, une mesure qui devrait bénéficier du soutien de la majorité des députés de la Knesset.

Bien que Gantz soit censé s’opposer à une action unilatérale, il a accepté à la demande de Netanyahu de permettre que la question soit soumise à un vote au Parlement.

Josep Borrell a fait savoir qu’une fois que le nouveau gouvernement aurait prêté serment, il s’entretiendrait avec le nouveau ministre des Affaires étrangères, l’allié de Gantz, Gabi Ashkenazi, pour obtenir plus d’informations sur les projets israéliens.

Le numéro 2 de Kakhol lavan Gabi Ashkenazi participe à la conférence annuelle internationale d’innovation municipale à Tel Aviv, le 19 février 2020. (Miriam Alster/Flash90)

« Il est clairement nécessaire d’examiner ce que signifie l’annexion dans le contexte du droit international, et nous devons connaître nos options », a indiqué  un diplomate européen de haut rang à Reuters en début de semaine. « Nous devons également dire quelles seraient exactement les conséquences de l’annexion, idéalement comme moyen d’arrêter une telle démarche. »

Lundi, le porte-parole du Service européen pour l’action extérieure, Peter Stano, a précisé que toute décision de l’UE concernant de futures sanctions dépendrait des résultats des délibérations de vendredi.

« L’annexion est contraire au droit international et si elle se poursuit, l’UE agira en conséquence », a-t-il averti, selon Reuters.

En février, M. Borrell avait fait savoir que l’annexion « ne pouvait pas passer sans être contestée ».

Il est peu probable que les ministres des Affaires étrangères prennent une décision vendredi. La Commission et le Service d’action extérieure, l’exécutif de l’UE et le service extérieur, doivent encore proposer des options spécifiques que les États-membres devront examiner.

Les discussions porteront également sur la recherche de sanctions potentielles qui ne nécessiteraient pas l’accord unanime des 27 membres du bloc, car les alliés d’Israël, y compris la Hongrie et la République tchèque, opposeraient probablement leur veto à toute proposition nécessitant l’unanimité.

« Personne ne veut en arriver au point où les relations d’Israël avec l’Union seraient compromises à long terme, mais c’est ce qui arrivera si Israël annexe, ne serait-ce qu’à cause du précédent qu’une annexion créerait pour tout autre endroit », où des nations se disputent des territoires contestés, a expliqué une source de l’UE citée par Haaretz.

L’annexion des implantations et de la vallée du Jourdain a été l’une des principales promesses de campagne de Netanyahu et de son parti, le Likud, lors des dernières élections. Un peu moins de la moitié des Israéliens soutiennent cette idée et moins d’un tiers pensent que le gouvernement ira jusqu’au bout, selon un sondage réalisé auprès des Israéliens et publié dimanche.

L’implantation d’Arvot Hayarden où siège le Conseil régional de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie. (Crédit : AHMAD GHARABLI/AFP)

Son projet d’annexer des zones de la Cisjordanie a été sévèrement critiqué par la quasi-totalité de la communauté internationale, y compris les alliés européens de Washington et ses principaux partenaires arabes. Le plan de paix du président Donald Trump au Moyen-Orient prévoit la possibilité d’une reconnaissance américaine de ces annexions à condition qu’Israël accepte de négocier dans le cadre de la proposition qui a été dévoilée en janvier.

Selon le plan Trump, les États-Unis reconnaîtront une application israélienne de la souveraineté sur certaines parties de la Cisjordanie après l’achèvement d’une étude menée par un comité de cartographie conjoint États-Unis-Israël et l’acceptation par Israël à la fois d’un gel de quatre ans des zones réservées à un futur État palestinien et d’un engagement à négocier avec les Palestiniens sur la base des termes du plan.

Isolée sur la scène internationale à ce sujet, l’administration Trump a assuré qu’elle soutiendrait l’annexion du territoire de Cisjordanie revendiqué par les Palestiniens pour un éventuel État tant qu’Israël accepterait d’entamer des pourparlers de paix.

L’ambassadeur américain David Friedman a indiqué la semaine dernière que Washington était prêt à reconnaître la souveraineté israélienne sur certaines parties de la Cisjordanie si elle était déclarée dans les prochaines semaines.

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