La fille du président libanais favorable à la paix avec Israël – sous conditions
"Je ne m'opposerai pas à la perspective d'un accord de paix", a dit Claudine Aoun - ses propos les plus récents sur le sujet, lesquels ont de nouveau suscité l'indignation
La fille du président libanais Michel Aoun a suscité l’indignation dans son pays, lundi, après avoir apporté son soutien à l’idée d’une paix conclue avec Israël – qui serait toutefois assortie de réserves significatives.
Claudine Aoun, personnalité libanaise bien connue, avait une première fois abordé le sujet le mois dernier et l’a évoqué à plusieurs reprises par la suite sur différentes chaînes de télévision. Elle a consacré un tweet à la paix avec Israël encore une fois dans la journée de dimanche, des propos qui ont été largement critiqués et partagés sur les réseaux sociaux au Liban.
« Avant d’évoquer la paix, nous devons démarquer les frontières et résoudre les problèmes liés à notre territoire », avait-elle écrit le 24 septembre, se référant à un conflit portant sur les frontières maritimes entre les deux pays, un problème actuellement au cœur de négociations indirectes menées sous l’égide des États-Unis, et à plusieurs querelles mineures concernant des territoires.
« Je soutiens aussi l’adoption d’une stratégie de défense qui nous permettrait de nous défendre quand nous sommes attaqués », a-t-elle ajouté. « Nous soutenons tous le principe de la paix et j’espère me rendre à Jérusalem, mais pas avant que tous les litiges ne soient réglés ».
ترسيم الحدود وحلّ ملفّ اللاجئين الفلسطينيين وحماية الموارد الطبيعيّة التي نعول عليها للنهوض باقتصادنا، هي من الخطوات الأساسية التي يجب أن تحدث، للحديث عن سلام مع إسرائيل. أنا أدافع أولاً عن مصالح بلدي وعن سيادته واستقلاله.@josephinedeeb @AlJadeed_TV
٥/١٠— Claudine Aoun (@claudineaoun) October 25, 2020
Dans son tweet de dimanche, la fille du chef de l’État a ajouté que la question des réfugiés palestiniens devait aussi être résolue – c’est l’un des problèmes au cœur du conflit israélo-palestinien qui devrait se régler uniquement dans le cadre d’un accord de paix général entre les deux parties.
« Une fois que ces problèmes seront résolus, je ne m’opposerai pas à la perspective d’un accord de paix entre l’État libanais et Israël », a-t-elle déclaré devant les caméras de la télévision nationale.
Ses propos sur Israël avaient entraîné de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains la qualifiant de « traîtresse ». Ses paroles prononcées lundi ont eu le même effet.

Le Liban et Israël, qui sont encore techniquement en guerre, ont organisé des négociations sans précédent sous les auspices de l’ONU et des États-Unis, au début du mois, pour régler un conflit portant sur les frontières maritimes, pour permettre le lancement de travaux d’exploration pétrolière et gazière.
Ces pourparlers, qui ont eu lieu sur une base des forces de maintien de la paix dans la ville frontalière libanaise de Naqoura, ont duré environ une heure. Ils sont survenus quelques semaines après que les Émirats arabes unis et Bahreïn sont devenus les premiers États arabes à normaliser leurs liens avec l’État juif depuis l’Égypte, en 1979, et la Jordanie, en 1994.
Une seconde série de discussions aura lieu le 28 octobre.
Le Liban insiste sur le fait que ces négociations sont purement techniques et qu’elles n’impliquent aucun réchauffement politique susceptible de mener à une normalisation avec Israël.
Israël a aussi minimisé la signification de ces pourparlers, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 15 octobre, a indiqué que ces contacts pourraient mener, à terme, à un accord de paix.

Dans un débat à la Knesset, il a reconnu qu’aussi longtemps que le groupe terroriste du Hezbollah « contrôle, dans les faits, le Liban, il ne pourra pas y avoir une paix réelle avec le pays ». Mais il a ajouté que les pourparlers maritimes – les premiers entre les deux pays en 30 ans – avaient « une signification économique et potentielle considérable, pour eux comme pour nous ».
« J’appelle le gouvernement libanais à continuer ces pourparlers pour démarquer la frontière maritime, et peut-être que cela pourra constituer la toute première avancée vers de prochains lendemains – un jour où nous conclurons une paix véritable », a continué Netanyahu.
« Depuis le début du sionisme, l’une de nos mains brandit une arme en défense et l’autre reste tendue à tous ceux qui veulent la paix », a-t-il poursuivi. « On dit que la paix se conclut avec des ennemis. C’est faux. Il faut faire la paix avec ceux qui ont cessé d’être des ennemis. Il faut faire la paix avec ceux qui désirent la paix et qui renoncent à vous annihiler ».