Israël en guerre - Jour 348

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La guerre fait grimper les coûts du transport aérien – reprise progressive des vols vers Israël

Les experts conseillent le gouvernement d’inviter les compagnies aériennes à reprendre les vols pour préparer le reprise de l'industrie touristique après-guerre

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Des passagers dans le Duty Free de l'aéroport Ben Gurion, près de Tel Aviv, le 26 décembre 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90/Dossier)
Des passagers dans le Duty Free de l'aéroport Ben Gurion, près de Tel Aviv, le 26 décembre 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90/Dossier)

Avec Pessah et l’été qui approchent à grands pas, les prix des vols grimpent en flèche et les compagnies étrangères ont du mal à reprendre les vols vers Israël en raison des combats contre le Hamas à Gaza.

Lorsque la guerre a éclaté suite à l’attaque du groupe terroriste le 7 octobre dernier, dans le sud d’Israël, la quasi-totalité des grandes compagnies aériennes internationales ont suspendu leurs vols vers Tel-Aviv.

Mais depuis le début de cette année, avec des tirs de roquettes de Gaza vers Israël en net retrait, quelques compagnies étrangères ont repris leur liaison avec Israël mais avec une faible fréquence et d’autres annoncent leur intention d’en faire autant dans les semaines qui viennent.

Les prix des billets d’avion à destination et en provenance d’Israël ont plus que doublé faute d’une offre suffisante et en raison d’une moindre concurrence doublée de primes d’assurance de guerre plus élevées et d’une légère augmentation de la demande.

Représentants de l’industrie aéronautique et voyagistes souhaitent que le gouvernement israélien établisse une feuille de route et invite les compagnies aériennes à reprendre leurs vols ou en augmenter la fréquence afin de relancer l’industrie touristique après-guerre, et l’économie dans son ensemble.

« Compte tenu du fait que l’aviation joue un rôle crucial dans le développement économique d’un pays et qu’elle jouera un rôle crucial dans la reprise de l’économie israélienne dans l’après-guerre, on pourrait s’attendre à ce que le gouvernement israélien encourage les compagnies aériennes à desservir Israël et aide davantage les transporteurs israéliens.», explique au Times of Israël Kobi Zussman, directeur national de l’Association internationale du transport aérien (IATA) en Israël.

« Bien sûr, tant que nous serons en guerre, il sera difficile de revenir à la normale, mais il faut penser à l’après-guerre et à la façon dont Israël entend attirer les touristes. »

La guerre a éclaté le 7 octobre, lorsque le Hamas a envoyé des milliers de terroristes depuis Gaza dans le sud d’Israël, où ils se sont livrés à un carnage sans précédent, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, et faisant 253 otages. Israël a riposté en rappelant des centaines de milliers de réservistes et en évacuant de vastes portions de la zone frontalière entre Gaza et le Liban, avec des entreprises fermées et des populations consignées chez elles en raison des tirs de roquettes et de la guerre.

La guerre à Gaza pèse lourd sur l’économie, qui s’est contractée de 19,4 % en rythme annuel les trois derniers mois de 2023 par rapport au trimestre précédent, alors que les dépenses de consommation, le commerce et l’investissement ont chuté et que le tourisme s’est arrêté. Au total, l’économie n’a progressé que de 2 % en 2023, après avoir progressé à un rythme rapide de 6,5 % en 2022.

Kobi Zussman, responsable de l’IATA en Israël. (Autorisation)

Dans les jours qui ont suivi l’attaque du 7 octobre, les compagnies internationales ont suspendu la quasi-totalité de leurs vols vers Israël et le trafic de passagers a plongé, de 78 % en novembre et 71 % en décembre, selon les données de l’Autorité israélienne de l’aviation (IAA).

De façon à garder son ciel ouvert, Israël a débloqué 6 milliards de dollars à titre de garanties d’assurance pour les compagnies aériennes israéliennes, ce qui a permis à la compagnie nationale El Al, ainsi qu’à Arkia et Israir, de continuer à rapatrier des Israéliens et faire venir les réservistes.

Sur les 150 compagnies étrangères qui assuraient des vols vers Israël avant la guerre, une cinquantaine seulement a repris une partie de ses opérations en Israël cette année.

« Nous sommes passés de 650 à 700 vols entrants et sortants par jour, avant la guerre, à 150 à 250 par jour », précise Zussman.

Parmi les transporteurs européens, l’allemand Lufthansa et ses filiales Austrian Airlines et Swiss ont rétabli certains de leurs vols vers Tel-Aviv en janvier, suivis d’Air France et de British Airways, qui a annoncé la reprise de ses vols à compter du 1er avril.

Photos d’Israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza par des terroristes du Hamas, à l’aéroport international Ben Gurion, près de Tel Aviv, le 26 décembre 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

Parmi les compagnies aériennes américaines, United Airlines a repris sa desserte de Tel Aviv depuis New York début mars. Le transporteur table sur une reprise de ses vols au départ de San Francisco, Washington et Chicago à l’automne. Delta Air Lines a annoncé en mars la reprise de vols quotidiens vers Tel Aviv au départ de New York en juin.

« Delta ne fait que reporter sa décision. Tant que ce ne sera pas fait, je n’y croirai pas », affirme Mark Feldman, PDG de Ziontours Jérusalem. « La plupart des compagnies aériennes ne mettent pas suffisamment de liaisons, en particulier vers l’Amérique du Nord ou d’autres destinations long-courriers. »

« Les vols sont à 80 % achetés par des Israéliens – normalement, on est plutôt à 55 % – ce qui explique que tout est faussé et que les prix des billets soient incompréhensibles », ajoute Feldman.

Parmi les compagnies low cost, la compagnie aérienne hongroise Wizz Air a repris certains de ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv ce mois-ci et la compagnie britannique EasyJet devrait reprendre les siens le 25 mars prochain.

La compagnie low cost irlandaise Ryanair a de nouveau suspendu ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv le 27 février dernier, un mois après les avoir repris. Ryanair a fait savoir que la fermeture du terminal 1, principalement utilisé par les compagnies aériennes charters ou low cost et le trafic domestique, l’avait conduite à utiliser le terminal 3, dont les frais sont plus élevés.

« Ce n’est pas comme pour la COVID, le reste du monde continue de voler », explique Feldman. « Ryanair ne laisse pas ses avions au sol, à prendre la poussière – la compagnie peut très bien les utiliser ailleurs pour gagner de l’argent, alors pourquoi venir en Israël ? »

Parmi les compagnies étrangères à avoir suspendu leurs vols vers Israël jusqu’à nouvel ordre on compte Cathay Pacific, Air Canada, Virgin Airlines, Turkish Airlines et Pegasus Airlines.

Yossi Fatael, directeur général de l’Association des voyagistes d’Israël. (Autorisation)

« Le gouvernement doit mettre en place une stratégie pour inciter les compagnies aériennes à revenir en Israël et rouvrir la destination, quitte à leur assurer une sécurité les deux premiers mois, pour les aider à redémarrer. Après, tout reprendra », analyse Yossi Fatael, directeur général de l’Association des voyagistes d’Israël.

« Il faut encourager le retour des compagnies aériennes, comme le font la Jordanie ou l’Égypte voisines, elles aussi touchées par la guerre, en donnant par exemple un coup de pouce en matière d’assurance des touristes et des compagnies aériennes étrangères », ajoute M. Fatael.

Regardons ce que font nos voisins

La guerre à Gaza, qui en est à son sixième mois, a eu un impact sur les voyages et le tourisme dans d’autres pays du Moyen-Orient, en particulier en Égypte et en Jordanie, où les réservations de vols ont chuté et les voyagistes ont signalé des annulations.

L’Égypte propose des incitations pour soutenir son industrie touristique, convaincre les compagnies aériennes à desservir certaines destinations, comme Charm el-Cheikh, et même rembourser les programmes de marketing des voyagistes.

Selon un rapport de S&P Global, en 2023, le tourisme avait contribué à hauteur de 26 % aux recettes libanaises. Pour la Jordanie et l’Égypte, ce chiffre a été respectivement de 21 % et 12 %, et pour Israël, de 3 %.

En 2023, Israël a enregistré l’entrée de 3,01 millions de touristes, qui ont apporté 17,7 milliards de shekels à l’économie.

Zussman et Fatael souhaitent tous deux qu’Israël propose des incitations aux compagnies aériennes sous forme de réduction des redevances aéroportuaires et d’assistance pour ce qui est des primes d’assurance élevées.

« Cela n’a rien d’inhabituel dans le monde de l’aviation et cela pourrait stimuler l’activité économique », reprend Zussman. « Nous nous attendions à ce qu’Israël fasse de même, mais pour l’heure, il n’en est rien. »

Zussman évoque la Grèce comme exemple d’un pays offrant aux compagnies internationales des réductions sur les redevances aéroportuaires pour stimuler les vols vers les îles grecques durant l’hiver ou les mois creux.

Un avion de Ryanair, sur le tarmac de l’aéroport international Ben Gurion, à l’extérieur de Tel Aviv, le 2 mars 2021. (Crédit : Yossi Aloni/FLASH90)

Le porte-parole de l’IAA a déclaré au Times of Israël que les redevances aéroportuaires en Israël étaient déjà parmi les plus basses au monde et que les compagnies étrangères revenaient progressivement, mais que les touristes se tenaient toujours à distance à cause de la guerre.

Le ministère des Transports a dit envisager la réouverture du terminal 1 – celui des low cost – dans les prochaines semaines. Néanmoins, l’IAA est réticente à rouvrir ce terminal en raison de sa faible fréquentation et d’une pénurie de personnel, notamment due au rappel de réservistes pour prendre part aux combats.

Zussman explique que les compagnies étrangères qui réduisent leurs vols ou arrêtent de desservir Israël réaffectent leurs avions à d’autres destinations plus attrayantes et qu’il est par conséquent important que le gouvernement agisse maintenant pour garantir le retour des comapgnies étrangères dans l’après-guerre.

« Lorsque les compagnies aériennes ne peuvent plus desservir une destination, elles trouvent des destinations tout aussi avantageuses, et il faut ensuite des mois pour les faire revenir », explique Zussman. « Pour encourager l’activité économique et faire revenir les touristes en Israël, le gouvernement doit proposer un plan pour inciter davantage de compagnies aériennes à reprendre leur liaison vers Tel-Aviv. »

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