La Haute cour demande la mise en place d’une procédure officielle pour les évacuations médicales depuis Gaza
Des groupes de défense des droits de l'Homme avaient noté dans une requête, au mois de juin, qu'environ 14 000 civils gazaouis avaient besoin d'un traitement médical hors de la bande – mais seulement 225 d'entre eux ont depuis été évacués
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

La Haute Cour de justice a ordonné à l’État d’élaborer une procédure officielle pour l’évacuation des civils gazaouis malades et blessés de la bande de Gaza déchirée par la guerre, de manière à ce qu’ils puissent recevoir des soins médicaux dans un pays tiers.
Cette décision prise mercredi a fait suite à une requête déposée par trois organisations de défense des droits de l’Homme au mois de juin – elles demandaient la mise en place d’un mécanisme encadrant les évacuations médicales, l’Égypte ayant fermé le poste-frontière de Rafah en ce qui concerne de telles évacuations après qu’Israël en a pris le contrôle, au mois de mai.
Le tribunal a noté que l’État avait fourni quelques instructions aux personnes ayant besoin d’un traitement pour qu’elles puissent obtenir l’autorisation d’évacuer, mais il a déclaré que les autorités n’avaient pas encore établi de cadre formel permettant d’apporter une réponse médicale adéquate aux milliers de civils gazaouis malades et blessés dont l’état de santé nécessite une telle assistance.
Selon l’organisation de gauche Médecins pour les droits de l’Homme en Israël, une cinquantaine de civils gazaouis quittaient chaque jour le territoire par le poste-frontière de Rafah pour se faire soigner dans des pays tiers. Environ 5 000 personnes ont pu sortir du territoire entre le 7 octobre 2023 – date à laquelle le pogrom commis par le Hamas sur le sol israélien a déclenché la guerre – et le début du mois de mai de cette année. Ces évacuations ont toutefois cessé après la fermeture, par l’Égypte, du poste-frontière.
Quelque 225 habitants de Gaza ayant besoin d’un traitement médical ont été évacués depuis lors par le poste de Kerem Shalom pour entrer en Israël, les malades partant ensuite aux Émirats arabes unis, en Jordanie, en Égypte et en Roumanie pour y être soignés.
Les parties plaignantes avaient annoncé, au mois de juin, que 14 000 personnes avaient réellement besoin d’un traitement. L’avocat Adi Lustigman, du groupe Médecins pour les droits de l’Homme, a fait savoir que la nécessité de ces évacuations n’a fait que croître depuis lors, le nombre de patients ayant augmenté et les infrastructures de santé de Gaza s’étant encore davantage détériorées avec les hostilités en cours.

La Haute Cour a déclaré dans sa décision que l’agence israélienne de coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) avait donné aux organisations internationales et aux pays hôtes une liste d’actions à entreprendre pour qu’une évacuation puisse avoir lieu.
« Toutefois, une procédure qui formalisera les aspects nécessaires de cette question doit encore nous être présentée, à nous ou aux parties extérieures concernées, d’une manière qui ouvrira la porte à la mise en œuvre efficace des politiques [de l’État] afin qu’elles soient adaptées aux besoins médicaux des malades, dans les circonstances où il n’y a pas d’obstacles à la sécurité », a souligné la Cour.
« Chaque jour où les malades et les blessés de Gaza sont laissés sans aide médicale se paie en vies humaines, notamment en ce qui concerne les enfants et les bébés », ont indiqué Adi Lustigman et Tamir Blank, avocats de l’organisation Médecins pour les droits de l’Homme.
« Les nombreux mois qui se sont écoulés depuis la fermeture du poste-frontière de Rafah, sans mécanisme officiel d’évacuation des patients, ont causé des souffrances, des blessures irréversibles et des décès tous inutiles et qui auraient pu être évités », ont-ils ajouté, exigeant que l’État permette désormais un accès régulier aux traitements dans des pays tiers « afin que ceux pour qui c’est encore possible puissent être sauvés ».