La Knesset approuve la scission de Kakhol lavan ; Gantz garde le nom
Yesh Atid et Telem se séparent de la faction centriste tandis que les députés de droite Hendel et Hauser s'en séparent pour former une nouvelle faction
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
La commission des Arrangements de la Knesset a officiellement approuvé dimanche la rupture de l’alliance Kakhol lavan, en votant pour permettre aux factions Yesh Atid et Telem de se séparer du parti centriste et aux différents députés de chaque faction de changer d’allégeance en prévision d’un accord imminent de gouvernement d’union qui a réorganisé l’arène politique.
Jeudi, le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz, a été élu président de la Knesset dans un coup de théâtre, ouvrant la voie à une coalition avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et conduisant à l’éclatement de l’alliance Kakhol lavan, qui avait fait campagne lors des trois élections de l’année dernière sur l’éviction de Netanyahu en raison de son inculpation pour corruption.
Suite à ce changement, les factions Yesh Atid et Telem, dirigées respectivement par Yair Lapid et Moshe Yaalon, ont déposé une demande officielle de rupture avec Kakhol lavan, ne laissant que la faction de Gantz pour s’allier au bloc de Netanyahu dirigé par le Likud.
La commission des Arrangements, en permettant la scission, a voté l’approbation d’un certain nombre de demandes : que Yesh Atid et Telem se séparent de Kakhol lavan ; que les députés Telem Tzvi Hauser et Yoaz Hendel quittent le parti et forment leur propre faction, appelée Derekh Eretz, qui travaillera en tant que faction unie avec Kakhol lavan ; que la députée Gadeer Kamal-Mreeh quitte Kakhol lavan pour Yesh Atid, et que la députée Pnina Tamano-Shatta quitte Yesh Atid pour Kakhol lavan.
Le résultat de ces changements donne à Kakhol lavan-Derech Eretz 17 députés et Yesh Atid-Telem 16. La faction de Gantz – initialement appelée Hossen LeYisrael – a reçu l’autorisation de continuer à utiliser le nom du parti Kakhol lavan.
Lapid et Yaalon ont catégoriquement rejeté l’entrée dans un gouvernement d’union avec le Likud tant que celui-ci est dirigé par Netanyahu. Tous deux ont sévèrement critiqué Gantz pour avoir rompu leur alliance, Lapid l’ayant critiqué lors d’une conférence de presse avec Yaalon jeudi pour avoir « rampé » dans une coalition « d’extrémistes et de racketteurs ».
Répondant aux critiques, Gantz et ses collègues de Kakhol lavan affirment que la seule alternative à l’adhésion à une coalition dirigée par Netanyahu aurait été un quatrième tour des élections et qu’un gouvernement stable est nécessaire pour faire face à l’épidémie de coronavirus.
Suite aux votes de la commission de dimanche, la nouvelle faction Yesh Atid-Telem a déclaré qu’elle servirait fièrement les Israéliens depuis l’opposition.
« Yesh Atid-Telem continuera sur la voie pour laquelle il est entré en politique. Depuis l’opposition, nous nous battrons pour les citoyens d’Israël et protégerons la démocratie israélienne. Simultanément, nous travaillerons tous ensemble pour aider la population à traverser la crise du coronavirus. La crise n’est pas bien gérée. L’économie s’effondre et les décisions ne sont pas appliquées », a déclaré le parti dans son premier communiqué commun.
« Nous serons une voix claire et forte pour les millions d’Israéliens qui aiment ce pays mais craignent pour son avenir. Nous surveillerons le travail de ce gouvernement et créerons une véritable alternative pour l’État d’Israël. Nous lutterons contre la pente glissante qui nous mène à un gouvernement corrompu qui piétine notre démocratie », a indiqué le communiqué.
« Des progrès significatifs ont été réalisés » et « une autre réunion se tiendra dans la journée de dimanche pour parvenir à un accord final », selon ce texte du Likud (droite) de M. Netanyahu et de la formation centriste de M. Gantz.
De multiples spéculations ont émergé depuis le retournement inattendu de jeudi dernier. A tel point que Netanyahu s’est adressé à ses alliés politiques de droite et religieux pour les rassurer sur les pourparlers de coalition avec Kakhol lavan. Les rapports relatifs à la répartition des portefeuilles ministériels, dont beaucoup seraient attribués à Kakhol lavan, sont « totalement faux », selon M. Netanyahu.