La police de Berlin enquête sur deux agressions anti-juives dans des trains
Le rabbin orthodoxe agressé, qui se trouvait avec son fils à ce moment-là, dit songer à envoyer l'adolescent, qui a peur de vivre en Allemagne, vivre aux États-Unis
JTA — Les autorités de Berlin enquêtent sur deux agressions ayant pris pour cible, le même jour, des passagers juifs qui se trouvaient à bord d’un train et à proximité d’une gare alors que les incidents liés à l’antisémitisme signalés dans la capitale allemande sont en recrudescence.
Le 13 septembre, Ariel Kirzon, un rabbin orthodoxe qui dirige la communauté de Potsdam, une banlieue de Berlin, a expliqué qu’il était en train de parler en hébreu avec un interlocuteur au téléphone, aux abords d’une gare lorsqu’un homme l’a bousculé et insulté, le traitant de « schrecklicher Scheissjude » (« Saloperie de terrible Juif »).
Kirzon a déclaré que son fils, un adolescent âgé de 13 ans qui se trouvait à ses côtés à ce moment-là, avait dorénavant peur de continuer de vivre en Allemagne et que sa famille réfléchissait à l’envoyer aux États-Unis. « Je suis allé très souvent aux États-Unis, j’ai été dans toutes les grandes villes », a confié le rabbin, affilié au mouvement ‘Habad, au tabloïd BZ. « Rien de tel n’est jamais arrivé là-bas ».
Plus tard, dans la même journée, un homme Juif de 33 ans a été verbalement agressé et frappé dans un train de banlieue, a fait savoir la police. L’agresseur aurait insulté le trentenaire en utilisant des injures antisémites et avec l’aide d’un autre individu, il aurait frappé la victime à la tête et au torse. Un autre passager serait intervenu pour venir en aide à la victime, qui est ensuite descendue du train. L’agresseur n’aurait pas quitté la rame. Les blessures physiques de l’homme n’ont pas nécessité de traitement médical, ont indiqué les forces de l’ordre.
Les deux dossiers sont actuellement entre les mains des enquêteurs des services de sécurité de l’état et les victimes ont porté plainte. Les forces de l’ordre ont annoncé avoir saisi les images tournées par les caméras de surveillance dans le cas de Kirzon. Aucun agresseur n’a pour le moment été retrouvé.
Ces informations surviennent alors que le nombre d’incidents antisémites est en recrudescence à Berlin, a fait savoir le Contre de Recherche et d’Information sur l’antisémitisme, le RIAS, un groupe de recherche allemand. Selon le Centre, il y a eu 1 052 incidents antisémites en 2021, dont 22 attaques physiques ; plus de la moitié des signalements portaient sur la haine anti-juive sur internet. Les chiffres totaux, pour les années 2020 et 2019, étaient de 1 019 et de 886 respectivement.
Ces statistiques nationales inquiètent également les responsables de la communauté juive du pays. Le rapport le plus récent consacré aux crimes antisémites commis chaque année en Allemagne, qui a été diffusé au mois de mai, a fait remarquer que ces crimes avaient augmenté de presque 29 % en 2021 par rapport à l’année 2020. Le document s’était basé sur les statistiques rendues publiques en mai par le Bureau de la police criminelle fédérale, l’équivalent allemand du FBI.
Depuis qu’il a signalé l’agression dont il a été victime la semaine dernière, Kirzon a réclamé un renforcement de la sécurité autour de sa communauté de Potsdam. La police fait des patrouilles autour de la synagogue les jours de fête mais il aimerait que les agents soient aussi présents le reste de l’année, ont expliqué les médias allemands.
Kirzon, qui a émigré en Allemagne depuis l’Ukraine il y a dix ans, a déclaré à la JTA qu’il avait subi un incident antisémite en 2019 alors qu’il marchait dans Berlin, la nuit, pendant la fête de Pessah : Quatre individus, qui portaient avec eux des bouteilles et qui étaient apparemment ivres, lui avaient lancé « les pires » insultes antisémites en Russe. Ils ne l’avaient pas agressé physiquement, a-t-il précisé lors d’un entretien téléphonique avec la JTA, lundi.
« Ils ont regardé comment j’allais réagir et j’ai fait semblant de ne pas comprendre le russe », s’est-il souvenu. Kirzon avait fait part de l’incident au RIAS mais il n’avait pas porté plainte. « J’ai continué à marcher parce que j’avais déjà vécu ça en Ukraine, aussi avec des ivrognes ».
Il a précisé qu’aucune arrestation n’avait encore eu lieu dans le sillage de l’agression subie à la gare ; la police n’est pas entrée en contact depuis jeudi dernier, jour où il a confié aux agents la veste qu’il portait au moment de l’agression comme élément pour l’enquête.