La police va interroger l’ex-chef du Shin Bet après des allégations au sujet de Netanyahu
Nadav Argaman est convoqué après avoir déclaré qu'il pourrait révéler des informations compromettantes sur le Premier ministre, ce qui a conduit ce dernier à l'accuser de "chantage"

La police israélienne a décidé dimanche de convoquer l’ancien chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Nadav Argaman, pour l’interroger, après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déposé plainte la semaine dernière l’accusant de chantage.
Netanyahu a porté plainte après qu’Argaman a menacé de révéler des informations compromettantes sur le Premier ministre lors d’une interview télévisée.
« Il est clair que j’ai beaucoup d’informations que je pourrais divulguer […] Mais pour l’instant, je garderai pour moi tout ce qui s’est passé entre le Premier ministre et moi-même » hors de la sphère publique, a déclaré Argaman lors d’une interview diffusée sur la chaîne N12 jeudi soir.
Cependant, « si l’État d’Israël ou si moi-même concluons que le Premier ministre a décidé d’agir au mépris de la loi, alors je n’aurai pas d’autre choix que de révéler tout ce que je sais et que je me suis abstenu de dire jusqu’à aujourd’hui », a-t-il prévenu.
Netanyahu a presque immédiatement répondu à Argaman, l’accusant de chantage dans une déclaration publiée sur le réseau social X et en déposant une plainte auprès de la police.
Dans une lettre adressée au chef de la police israélienne Daniel Levy, le Premier ministre a demandé l’ouverture d’une enquête contre Agarman qui, selon lui, « a franchi toutes les lignes rouges » en choisissant de « menacer et de tenter de faire chanter un Premier ministre en exercice en utilisant des méthodes et des moyens employés par les organisations criminelles », disant qu’il agissait comme la « mafia » et qu’il utilisant des tactiques de « la pègre ».

Netanyahu a écrit à Levy qu’Argaman le menaçait par « l’utilisation criminelle d’informations obtenues dans le cadre de son rôle au sein de l’agence Shin Bet ».
Selon lui, une telle action constitue une menace « non seulement pour le Premier ministre, mais aussi une menace absolue pour le régime israélien, l’État de droit et la démocratie », et sa gravité « va au-delà de celle des infractions à la sécurité ».
Vendredi après-midi, à la suite de la plainte de Netanyahu, Levy a déclaré qu’il avait chargé les enquêteurs « d’enquêter sur les allégations » d’Argaman.
En conséquence, un document détaillé a été préparé par les enquêteurs de la police, a indiqué la chaîne N12, et de hauts fonctionnaires se sont ensuite réunis pour discuter de son contenu avant de poursuivre la procédure de convocation.
Selon plusieurs médias, la police n’a pas consulté la procureure générale avant l’ouverture de cette enquête, malgré son souhait d’être tenue informée en raison de l’ancien poste de haut rang occupé par Argaman.
La décision de la police de poursuivre l’affaire est survenue quelques heures seulement avant que Netanyahu n’annonce son intention de limoger Ronen Bar, le successeur d’Argaman.
Vendredi, Bar a pris ses distances par rapport aux propos d’Argaman, déclarant qu’il ne devait pas « utiliser le pouvoir de l’agence inutilement. Cela n’a pas été et ne sera pas notre façon de faire ».
Il a ajouté qu’il « désapprouve les discours qui ne sont pas dignes d’un homme d’État ».
Lors de son interview de jeudi, avant la tentative de limogeage de Bar, Argaman a également déclaré qu’il ne pensait pas que Netanyahu prendrait une décision apolitique dans le choix du prochain chef du Shin Bet.
« J’ai extrêmement peur qu’une nomination faite par ce gouvernement, une nomination faite par ce Premier ministre, puisse être une nomination politique », a-t-il prévenu.
Il a également averti que le licenciement de Bar pourrait constituer un conflit d’intérêts, en raison de l’enquête en cours du Shin Bet sur les liens présumés entre des membres de haut rang du cabinet du Premier ministre et le Qatar.