Netanyahu porte plainte contre l’ex-chef du Shin Bet pour son chantage « mafieux »
Le Premier ministre a demandé à Daniel Levy d'enquêter sur Nadav Argaman, l'accusant d'avoir utilisé des "tactiques criminelles" lors d'une interview ; la police confirme enquêter

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a porté plainte vendredi contre l’ancien chef du Shin Bet, Nadav Argaman, l’accusant d’avoir « menacé et d’avoir tenté de faire chanter un Premier ministre en exercice » lors d’une interview télévisée diffusée jeudi.
Dans une lettre adressée au chef de la police israélienne Daniel Levy, le Premier ministre a demandé l’ouverture d’une enquête contre Agraman qui « a franchi toutes les lignes rouges » en choisissant de « menacer et de tenter de faire chanter un Premier ministre en exercice en utilisant des méthodes et des moyens employés par les organisations criminelles », disant qu’il agissait comme la « mafia » et qu’il utilisant des tactiques de « la pègre ».
La police a confirmé enquêter sur les déclarations d’Argaman.
La lettre, qui a été publiée dans son intégralité par la chaîne d’information N12, a été envoyée par l’avocat de Netanyahu, Uriel Nizri, même si aucune plainte officielle n’a été déposée auprès de la police, selon les médias israéliens.
Lors de son entretien avec la même chaîne, la veille au soir, Argaman avait affirmé détenir une mine d’informations compromettantes sur le Premier ministre et il avait menacé de les rendre publiques si Netanyahu enfreignait la loi.
Netanyahu a écrit à Levy qu’Argaman menaçait le Premier ministre par « l’utilisation criminelle d’informations obtenues dans le cadre de son rôle au sein de l’agence Shin Bet ».

De telles actions, a-t-il estimé, constituent une menace « non seulement pour le Premier ministre, mais aussi pour le régime israélien, l’État de droit et la démocratie ».
Il a déclaré que la gravité des événements « va au-delà de celle de celle des infractions à la sécurité ».
Au cours de son entretien en profondeur avec la chaîne, Argaman avait détaillé certains désaccords qu’il avait eus avec Netanyahu pendant son mandat de chef du Shin Bet, de 2016 à 2021, notamment en ce qui concernait l’autorisation de l’entrée de l’argent qatari dans la bande de Gaza.
« Il est clair que j’ai beaucoup de connaissances, que je peux mettre à profit… mais pour l’instant, je garde tout ce qui s’est passé entre le Premier ministre et moi-même » hors de la sphère publique, avait dit Argaman.
Toutefois, « si l’État d’Israël devait conclure – ou si je dois conclure moi-même – que le Premier ministre a décidé d’agir en contradiction avec la loi, alors je n’aurai pas le choix et je dirai tout ce que je sais et que je me suis abstenu de dire jusqu’à aujourd’hui », avait-il prévenu.
Netanyahu avait rapidement riposté à Argaman, l’accusant de chantage dans une déclaration publiée sur le réseau socialX.
« Ce soir, une nouvelle ligne rouge dangereuse a été franchie pour la démocratie israélienne », avait écrit le Premier ministre jeudi soir. « Jamais, dans toute l’Histoire d’Israël et de la démocratie, l’ancien chef d’un service de sécurité n’a fait chanter un Premier ministre en exercice à la télévision en direct ».
Netanyahu avait ensuite porté la même accusation de « chantage » à l’encontre de l’actuel chef du Shin Bet, Ronen Bar. Il n’avait que peu étayé cette affirmation, disant toutefois que le chef du Shin Bet avait tenu une série de briefings officieux avec certains journalistes ces derniers jours afin de ternir la réputation du Premier ministre.

L’agence de Bar avait, à son tour, émis une déclaration en réponse à Netanyahu, affirmant que l’accusation portée contre Bar était une « allégation grave contre le chef d’une organisation de l’État ».
Le communiqué avait ajouté que le chef du Shin Bet « consacre tout son temps aux questions de sécurité, aux efforts pour récupérer les otages et à la défense de la démocratie. Toute déclaration contraire est dénuée de toute vérité ».