Israël en guerre - Jour 566

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Alors que leur querelle culmine, Netanyahu accuse le chef du Shin Bet de chantage

Le Premier ministre étaye à peine ses accusations, portant les mêmes allégations contre le prédécesseur de Ronen Bar, Nadav Argaman, qui menace de divulguer des informations "compromettantes"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, lors d'un toast avant Pessah, le 4 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, lors d'un toast avant Pessah, le 4 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, de « chantage » jeudi, alors que la querelle entre les deux hommes atteignait un niveau sans précédent.

Une allégation qui a figuré dans une déclaration qui a été publiée par Netanyahu en réponse à une interview donnée par le prédécesseur de Bar, Nadav Argaman, qui affirmait détenir de nombreuses informations compromettantes sur le Premier ministre et qui menaçait de les rendre publiques si Netanyahu enfreignait la loi.

Selon de nombreuses informations, Netanyahu s’efforce depuis des mois de destituer Bar, cherchant à attribuer la responsabilité des échecs qui ont ouvert la porte au pogrom du 7 octobre 2023, un massacre commis par le groupe terroriste palestinien du Hamas, à l’échelon sécuritaire – évitant ainsi de mettre en cause la responsabilité des leaders politiques.

Bar résisterait, craignant que son départ ne permette à Netanyahu de nommer un loyaliste à sa place.

Les efforts visant à licencier Bar ont été compliqués ces dernières semaines, en raison du lancement d’une enquête conjointe du Shin Bet et de la police sur les liens présumés entre plusieurs des collaborateurs de Netanyahu et le gouvernement qatari. Le licenciement de Bar par le Premier ministre alors que l’enquête est encore en cours serait probablement perçu comme un conflit d’intérêts.

Dans une longue interview accordée au micro de la chaîne N12, Argaman a détaillé certains des désaccords qu’il a eus avec Netanyahu pendant son mandat de chef du Shin Bet de 2016 à 2021, notamment sur la question de l’aide qatarie autorisée dans la bande de Gaza.

L’ancien chef du Shin Bet, Nadav Argaman, lors d’une interview télévisée diffusée le 13 mars 2025. (Crédit : Capture d’écran/Chaîne N12 ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Il est clair que j’ai beaucoup d’informations que je pourrais divulguer […] Mais pour l’instant, je garderai pour moi tout ce qui s’est passé entre le Premier ministre et moi-même » hors de la sphère publique, a déclaré Argaman.

Cependant, « si l’État d’Israël ou si moi-même concluons que le Premier ministre a décidé d’agir au mépris de la loi, alors je n’aurai pas d’autre choix que de révéler tout ce que je sais et que je me suis abstenu de dire jusqu’à aujourd’hui », a-t-il prévenu.

Netanyahu a rapidement répondu à Argaman, l’accusant de chantage dans une déclaration publiée sur le réseau social X.

« Ce soir, une nouvelle ligne rouge dangereuse a été franchie pour la démocratie israélienne », a déclaré le Premier ministre.

« Jamais, dans toute l’histoire d’Israël et de la démocratie, un ancien chef des services de sécurité n’avait fait chanter un Premier ministre en exercice en direct à la télévision. »

« Les menaces criminelles de type mafieux ne me dissuaderont pas », a affirmé Netanyahu.

« Je ferai tout ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité d’Israël. »

Netanyahu a ensuite porté la même accusation de « chantage » contre Bar. Il a fourni peu de détails pour étayer ses dires, mais il a affirmé que le chef du Shin Bet avait tenu une série de briefings non officiels avec certains journalistes, ces derniers jours, dans le but de ternir l’image du Premier ministre.

Le chef du Shin Bet Nadav Argaman (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une cérémonie de remises de distinction organisée au siège du Shin Bet, à Tel Aviv, le 4 décembre 2018. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

« Le seul objectif est d’essayer de m’empêcher de prendre les décisions nécessaires pour restaurer le Shin Bet après son échec lamentable du 7 octobre », a déclaré le Premier ministre.

L’agence de Bar a, à son tour, répondu à Netanyahu, publiant une déclaration indiquant que le chef du Shin Bet « consacre tout son temps aux questions de sécurité, aux efforts pour rapatrier les otages et à la défense de la démocratie. Toute déclaration contraire est dénuée de toute vérité ».

Au cours de l’interview accordée à la chaîne N12, Argaman a déclaré que Netanyahu avait tenté « d’acheter la paix [à Gaza] avec l’argent du Qatar », alors qu’il était évident que cette stratégie finirait par se retourner contre lui.

En 2018, Netanyahu avait décidé d’autoriser l’entrée d’argent qatari dans la bande de Gaza après que l’Autorité palestinienne (AP) a coupé le financement du groupe terroriste palestinien du Hamas. Cette décision avait alors laissé Israël craindre des troubles dans l’enclave, a rappelé Argaman.

L’ancien émir du Qatar, Sheik Hamad ben Khalifa al-Thani (centre droit) et le Premier ministre du groupe terroriste Hamas de Gaza, Ismaïl Haniyeh, (3ᵉ à gauche) à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 octobre 2012. (Crédit : Ali Ali/Pool/AP)

« L’État d’Israël voulait la paix dans la bande de Gaza et cherchait des moyens d’y apporter de l’argent. Les dirigeants ont choisi le Qatar parce que celui-ci a accepté de le faire. »

Argaman a ajouté qu’il avait, dès le départ pensé que cette idée était « une très grave erreur » .

Netanyahu avait néanmoins poursuivi dans cette voie, malgré l’avertissement des agences de sécurité, car « la stratégie de son gouvernement était d’instaurer le calme dans la bande de Gaza », a-t-il déclaré.

Les détracteurs de Netanyahu l’accusent depuis longtemps d’avoir fait en sorte de soutenir le Hamas aux dépens de l’AP, en maintenant les factions palestiniennes divisées pour saper davantage les efforts déployés pour faire avancer une solution à deux États. Le Premier ministre a fait valoir que l’argent qatari était nécessaire pour éviter une crise humanitaire à Gaza.

« Nous avons acheté la paix avec l’argent du Qatar – il était clair pour tout le monde que cela se retournerait contre nous un jour », a déclaré Argaman.

« Le Premier ministre le savait, le cabinet le savait. Les problèmes ont été présentés plus d’une ou deux fois. »

Il a toutefois reconnu que le Shin Bet, ainsi que Tsahal, « auraient dû faire tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher les fonds qataris » d’affluer à Gaza.

Argaman a également évoqué l’enquête en cours – qui a été placée sous un embargo total – sur les liens entre des membres du cabinet du Premier ministre et Doha et les allégations selon lesquelles des centaines de milliers de dollars auraient été transférés du Qatar à des personnes proches du Premier ministre.

Des Palestiniens recevant une aide financière dans le cadre d’une aide allouée par le Qatar, dans un bureau de poste à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 novembre 2019. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Interrogé sur la question de savoir si les liens présumés – s’ils s’avéraient exacts – auraient pu se tisser à l’insu de Netanyahu, Argaman a répondu que le Premier ministre « sait tout ce qui se passe dans son bureau ; rien ne se passe sans son approbation ».

« Je pense que la première personne qui aurait dû se précipiter pour exiger une enquête du Shin Bet… sur l’existence de liens qataris avec le bureau du Premier ministre, c’est le Premier ministre lui-même », a déclaré l’ancien chef du Shin Bet.

Argaman n’a pas caché son aversion pour le gouvernement qatari au cours de l’interview, déclarant à la chaîne N12 qu’il pensait que forger des liens avec Doha revenait à « jouer avec le feu ».

« Le Qatar fait partie de l’axe chiite », a-t-il souligné à propos de la nation majoritairement sunnite.

Une installation dénonçant les liens présumés entre le Qatar et les principaux collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors d’une manifestation anti-gouvernement, sur la place Habima, à Tel Aviv le 8 mars 2025. (Crédit : Noam Lehmann/The Times of Israel)

« Ce sont eux qui ont permis au Hamas de constituer son armée terroriste dans la bande de Gaza. Si, Dieu nous en préserve, il parvenait à prendre le contrôle du bureau du Premier ministre, cela signifierait qu’il influence le Premier ministre, le bureau du Premier ministre, la politique de l’État d’Israël envers le Hamas en général et l’accord sur les otages en particulier. »

« Cela m’apparaît comme une catastrophe, et j’espère que ce n’est pas vrai », a-t-il déclaré à propos des allégations.

Argaman a également déclaré à la chaîne N12 qu’il pensait que l’enquête en cours sur son bureau était la raison pour laquelle Netanyahu n’avait pas encore licencié Bar, car cela pourrait être considéré comme un conflit d’intérêts.

Il a exhorté Bar à ne pas démissionner en raison des échecs qui ont conduit au pogrom du Hamas du 7 octobre 2023 – bien qu’il ait déclaré que Bar devrait le faire à terme – car il a estimé que Netanyahu ne prendrait pas une décision apolitique concernant son successeur.

« J’ai extrêmement peur qu’une nomination faite par ce gouvernement, une nomination faite par ce Premier ministre, puisse être une nomination politique », a déclaré Argaman.

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