La présidente de Columbia soutient les étudiants étrangers lors de la remise des diplômes
Claire Shipman a salué Mahmoud Khalil, activiste anti-Israël emprisonné, et souligné que la démocratie "n'était pas un acquis", alors que des manifestants anti-Israël se rassemblaient devant le campus
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

NEW YORK – Mercredi dernier, à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes, la présidente par intérim de l’Université Columbia, Claire Shipman, a apporté son soutien aux droits des étudiants étrangers au moment où se croisent manifestations anti-Israël et répression de la part des autorités fédérales.
« Nous sommes convaincus que nos étudiants étrangers ont le même droit à la liberté d’expression que tous les autres et qu’ils ne devraient pas être pourchassés par le gouvernement au simple motif d’avoir exercé ce droit », a déclaré Mme Shipman devant un parterre de 16 000 personnes.
« Je sais que nous sommes nombreux, au sein de notre communauté, à regretter aujourd’hui l’absence de notre diplômé Mahmoud Khalil », a-t-elle dit en parlant de l’un des leaders des manifestations anti-Israël, arrêté par les services de l’Immigration en mars dernier et toujours détenu depuis.
Des acclamations et des huées se sont élevées de la foule lorsque Shipman a prononcé son discours sous une pluie battante.
Certains, parmi les étudiants et les professeurs, avaient revêtu un keffieh pour la cérémonie et un homme agitait un drapeau israélien.
« La démocratie ne va pas de soi », a rappelé Shipman en parlant de son expérience de journaliste dans une Union soviétique volontiers répressive.
« Nos normes et systèmes ne sont pas des acquis », a-t-elle ajouté.
Pendant son discours, des dizaines de manifestants anti-Israël se sont rassemblés devant les portes de l’université pour scander : « L’Intifada est la guerre du peuple », « La Palestine est arabe » ou encore « Columbia, menteur, vous mettez le feu à la Palestine ».
Protesters outside Columbia during commencement pic.twitter.com/yBY2sgClbh
— Luke Tress (@luketress) May 21, 2025
La police était venue en nombre pour mettre en place des barricades métalliques et empêcher les manifestants d’arriver jusqu’à l’entrée de l’université. Le campus est fermé au public et le personnel de sécurité a contrôlé les sacs des diplômés et de leurs proches venus pour la cérémonie.
Une personne au moins a été arrêtée lors de cette manifestation durant laquelle une dizaine d’anciens élèves ont déclaré vouloir brûler leur diplôme en signe de protestation contre la coopération de Columbia avec l’administration Trump et les mesures prises contre les manifestants anti-Israël. Ils n’ont finalement pas pu mettre le feu à leurs diplômes à cause de la pluie et ont fini par les déchirer.

« Nous continuerons de nous battre aux côtés des étudiants, en solidarité avec la Palestine, jusqu’à ce que Columbia renonce à ses investissements, jusqu’à ce que la Palestine soit libre, du fleuve à la mer », a déclaré l’un des anciens élèves.
Le porte-parole de Columbia a pour sa part déclaré : « L’université a travaillé des mois durant afin de faire en sorte que cet événement se déroule dans de bonnes conditions, pour le bien des dizaines de milliers de participants venus sur le campus. Nous nous réjouissons que nos milliers de diplômés accompagnés de leurs proches et invités aient pu en profiter. »
« La police de New-York a bien géré le petit groupe de manifestants massé devant les portes pendant la remise des diplômes sur le campus », a ajouté le porte-parole.
Mardi, lors d’une autre cérémonie de remise de diplômes, plus modeste, au Columbia College, les étudiants ont hué Shipman pendant qu’elle parlait en disant : « Vous nous avez fait arrêter ». En début de mois, Shipman avait appelé la police sur le campus lorsque des militants anti-Israël avaient occupé une bibliothèque, ce qui avait eu pour effet de perturber les révisions des étudiants avant les examens. Des dizaines d’étudiants ont été suspendus à l’issue de cette manifestation.
La rapidité avec laquelle l’université a agi, cette fois, contraste fortement avec l’année dernière, lorsque les administrateurs avaient mené de longues négociations avec les manifestants qui occupaient les pelouses du campus. Étudiants et professeurs pro-Israël ont salué la réaction de Shipman à la manifestation dans la bibliothèque.
Another clip from students booing acting President Claire Shipman
during the graduation ceremony for Columbia College Class of 2025.Shipman couldn’t go five seconds without students’ chants, including demanding she get off the stage, drowning out her speech.
“You arrested… pic.twitter.com/8aAyHH0B7D
— Jessica Schwalb (@jessicaschwalb7) May 20, 2025
Avant le début de la première remise des diplômes, mercredi, une annonce avait mis en garde contre les tentatives d’agitations, précisant que les perturbateurs seraient invités à quitter la cérémonie.
La coalition de organisations anti-Israël de l’université, Columbia University Apartheid Divest, a envoyé un message à ses fidèles avant la cérémonie pour les inciter à manifester lors de la remise des diplômes.
« Nous avons le devoir d’agir. Nous avons le devoir de perturber », peut-on lire dans ce message. « Gloire aux martyrs ! Victoire à la Résistance !
Par le passé, l’organisation, notamment dirigée par Khalil, avait ouvertement témoigné de son soutien à la violence et aux organisations terroristes.
L’année dernière, l’université avait renoncé aux événements de rentrée à cause des manifestations anti-Israël organisées sur le campus.
Des étudiants juifs et israéliens ont dit faire l’objet de mesures d’ostracisme et de discriminations sur le campus depuis le début des manifestations anti-Israël, dans la foulée du pogrom commis par le Hamas en octobre 2023.

Un groupe de travail indépendant mis sur pied par l’université a, dans un long rapport publié l’an dernier, fait état de « considérables » discriminations à l’encontre des étudiants.
Depuis quelques mois, l’administration Trump exerce de fortes pressions sur l’université au motif de l’antisémitisme qui sévit sur les campus : elle a notamment suspendu le versement de centaines de millions de dollars de subventions fédérales dans l’attente de réformes administratives.
La semaine dernière, l’Université de New York a annoncé avoir refusé de délivrer son diplôme à un étudiant qui avait utilisé son discours, au moment de la cérémonie de remise des diplômes à l’école Gallatin de l’Université de New York, pour condamner Israël.
Le porte-parole de l’Université de New York a présenté des excuses pour ce discours, reproché à l’étudiant d’avoir abusé de son temps de parole « pour exprimer des opinions politiques personnelles tranchées » et menti aux organisateurs de l’événement au sujet du thème de son discours.
Lors de la cérémonie générale de remise des diplômes de l’Université de New York, la semaine dernière, un petit nombre d’étudiants pro-palestiniens avaient hué la présidente de l’université, Linda Mills, sans que cela se traduise par une gêne importante.