Israël en guerre - Jour 494

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La rencontre des ministres des Affaires étrangères israélien et libyen aurait été validée par Tripoli

Najla Mangoush avait été renvoyée et elle avait fui le pays après que le chef de la diplomatie israélienne de l'époque, Eli Cohen, a rendu publique cette réunion, évoquant un "premier pas" vers l'établissement de liens diplomatiques

La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, s'exprimant lors d'une conférence de presse avec son homologue turc au ministère turc des Affaires étrangères, à Ankara, le 13 février 2023. (Crédit : Adem Altan/AFP)
La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, s'exprimant lors d'une conférence de presse avec son homologue turc au ministère turc des Affaires étrangères, à Ankara, le 13 février 2023. (Crédit : Adem Altan/AFP)

L’ex-ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, a tenu à redire dans un podcast que la réunion qui avait été organisée en août 2023 avec son homologue israélien de l’époque, Eli Cohen – une rencontre qui avait provoqué un tollé lorsqu’elle avait été rendue publique – avait reçu le feu vert de Tripoli.

Mangoush avait été limogée et elle avait dû quitter son pays lorsque Cohen avait fait savoir qu’ils s’étaient vus.

Pour la première fois depuis les faits, Mangoush a indiqué que cette rencontre avait eu lieu en marge d’un sommet, à Rome, et qu’il ne s’agissait pas à proprement parler d’une réunion officielle.

« C’était une réunion secrète », a-t-elle expliqué pour le podcast Atheer d’Al Jazeera. « Cette réunion n’était pas le signe de la normalisation (avec Israël). »

Elle a ajouté que le Premier ministre libyen Abdul Hamid Dbeibeh l’avait chargée d’organiser cette réunion.

Cohen, à l’époque, avait évoqué une rencontre « historique », disant qu’elle était « un premier pas » dans l’établissement de liens diplomatiques entre Israël et la Libye. Il avait été dénoncé par des représentants du gouvernement comme par des membres de l’opposition pour avoir révélé que cette réunion entre les deux hauts-responsables avait eu lieu, et des sources de haut-rang l’avaient accusé d’avoir porté gravement atteinte à la diplomatie israélienne.

La révélation de la tenue de cette réunion avait été très mal reçue en Libye lorsque Cohen l’avait rendue publique – des manifestants furieux avaient alors pris d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères et d’autres avaient attaqué et incendié une résidence du Premier ministre à Tripoli.

Mangoush, toute première femme, en Libye, à occuper le poste de ministre des Affaires étrangères, avait été renvoyée après l’annonce faite par Cohen. Le Premier ministre, Abdul Hamid al Dbeibeh, avait annoncé qu’un panel serait formé pour enquêter sur l’affaire.

Des personnes brûlant un tee-shirt montrant le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et son homologue libyenne Najla Mangoush à Tripoli, en Libye, le 27 août 2023. (Crédit : Yousef Murad/AP Photo)

S’exprimant dans le podcast, Mangoush a indiqué que non seulement Dbeibeh était au courant de la tenue de la réunion mais que c’était lui qui l’avait envoyée discuter avec Cohen afin de parler « de problèmes stratégiques liés à la sécurité et à la stabilité de la zone méditerranéenne ».

Alors qu’il lui était demandé d’entrer dans le détail et selon une traduction en anglais du podcast diffusé en langue arabe, Mangoush a précisé que sa conversation avec son homologue israélien avait été l’occasion d’aborder « des questions stratégiques et sécuritaires sensibles qui touchent la sûreté et la stabilité de la Libye ».

Elle a aussi affirmé qu’elle avait profité de cet entretien pour exprimer « le point de vue qui est celui du peuple libyen en soutien aux Palestiniens, avec le rejet des politiques mises en œuvre par le gouvernement israélien, et ce que nous ressentons à ce sujet ».

Les propos de Mangoush qui précisent que Dbeibeh avait demandé à sa cheffe de la diplomatie de prendre part à la réunion semblent correspondre aux informations datant du mois d’août 2023, qui avaient laissé entendre que la rencontre avait été autorisée par Tripoli.

A ce moment-là, les analystes avaient estimé que cette réunion était peut-être le résultat d’une initiative prise par Dbeibeh – initiative qui avait raté sa cible – dans le cadre de manœuvres politiques avec l’administration rivale, dans l’Est du pays. Ils avaient ajouté que Mangoush était devenue un fusible dans cette affaire, sautant lorsque la polémique avait fait son apparition.

Selon l’analyste Jalel Harchaoui, Dbeibeh avait organisé cette rencontre en réponse aux pressions exercées par les États-Unis, qui sommaient Tripoli de resserrer les liens avec Israël – mais il avait finalement pris ses distances après avoir sous-estimé la réaction des opposants aux liens avec l’État juif, notamment de la part de l’administration de l’Est du pays.

Anas El Gomati, expert de la Libye au sein de l’Institut Sadeq, estime toutefois que Khalifa Haftar, homme de forte influence et rival direct de Dbeibeh, et le Parlement basé dans l’Est du pays étaient également au courant de la réunion et qu’avec Dbeibeh, ils ont contribué à faire de Mangoush la femme à abattre.

Les deux administrations rivales « ont utilisé la première femme ministre des Affaires étrangères du pays pour en faire le bouc-émissaire de décisions qu’ils ont prises ensemble », avait-il commenté à l’époque.

Même si cette affaire lui a coûté sa fonction, Mangoush a confié au podcast qu’elle ne pensait pas que la rencontre avait été une mauvaise chose « dans son principe » et elle s’est défendue face au tollé en soulignant que son entretien avec Cohen avait simplement fait partie du « travail diplomatique » qui est celui d’un ministre des Affaires étrangères.

Mangoush a critiqué Dbeibeh et sa prise en charge de la tempête diplomatique – qu’il aurait ainsi contribué à créer – et elle a insisté sur le fait que « le problème aurait pu être simplement résolu si Dbeibeh s’était exprimé directement, qu’il s’était adressé au peuple libyen et qu’il avait révélé la vérité. »

Mais elle a été suspendue de son poste – elle l’occupait alors depuis un peu plus de deux ans – et elle a quitté le territoire libyen, partant d’abord pour la Turquie et ensuite au Royaume-Uni par crainte d’éventuelles représailles. Elle n’est jamais retournée en Libye.

Des manifestations antigouvernementales ont éclaté à Tripoli la semaine dernière, suite à la diffusion de ce podcast, les manifestants accusant Dbeibeh d’avoir collaboré avec Israël.

Israël et la Libye n’ont jamais entretenu de relations diplomatiques officielles même si des rumeurs de rencontres entre les deux parties circulent depuis longtemps.

Il y avait eu, semble-t-il des contacts entre des responsables israéliens et le fils du dictateur libyen Mouammar Kadhafi – et même avec Kadhafi lui-même avant la chute de son régime. Kadhafi aurait ainsi tendu la main à Israël à plusieurs occasions, notamment pour promouvoir sa proposition d’établissement d’un pays israélo-palestinien uni qui se serait appelé Isratine.

En 2021, le fils de Kadhafi, Haftar, se serait rendu en Israël pour une réunion secrète avec des responsables israéliens. A cette occasion, il aurait proposé d’établir des relations diplomatiques entre les deux pays en échange du soutien israélien.

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