La star montante du basketball de la NCAA Yarden Garzon représente fièrement Israël
La gardienne de 20 ans des Indiana Hoosiers utilise sa notoriété pour tordre le cou aux « fake news » sur son pays d'origine au moment où l'anti-sionisme redouble, en pleine guerre à Gaza
ALBANY, New York — Timide et réservée de nature, Yarden Garzon se dit plus à l’aise sur le terrain de basketball, où son jeu parle pour elle.
Lors du match le plus important de toute la récente carrière de cette jeune femme de 20 ans originaire de la ville de Raanana, dans le centre d’Israël, avec la guerre à Gaza constamment à l’esprit, son jeu nous dit tout.
La joueuse de deuxième année des Hoosiers de l’Indiana – qui a deux voire trois ans de moins que toutes ses coéquipières sur le terrain – s’est tournée vers le tableau d’affichage, au début du troisième quart d’un match implacable du tournoi NCAA – les « Sweet 16 » – contre les Gamecocks de Caroline du Sud, mieux classés et invaincus à ce jour.
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Comme les 15 000 spectateurs qui avaient pris place dans le stade – sans compter les nombreux téléspectateurs en ce jour férié du Vendredi saint, aux États-Unis, – elle a vu que l’équipe de Caroline du Sud était en train de les écraser, avec 22 points d’avance sur les Hoosiers.
« J’ai vu le score. Je me suis dit que c’était maintenant ou jamais : j’ai jeté toutes mes forces sur le terrain », explique l’arrière d’1 mètre 91 en repensant à ce moment.
Garzon s’est dégagée de sa défenseure, a réussi un tir sauté à trois points et a écopé d’une faute pour s’être dirigée vers la ligne des lancers francs, pour tenter un jeu à quatre points. Elle a réussi le lancer franc et, dans les 15 minutes suivantes, a réussi plusieurs tirs et intercepté quelques balles, tout en faisant des passes décisives. Son action et sa détermination ont été essentielles à l’incroyable remontée qui a permis à l’Indiana de revenir à deux points seulement de l’équipe de Caroline du Sud une minute avant le coup de sifflet final.
Dans le palmarès impressionnant – 35-0 – des Gamecocks, seules deux autres équipes sont parvenues à remonter aussi tardivement dans le match, et aucune n’est revenue d’aussi loin.
Malheureusement pour Garzon, aussi poignants que soient le courage et la détermination dont elle a fait preuve, son équipe et elle n’ont pas réussi à l’emporter, s’inclinant finalement 79-75, ce qui les a éliminées du March Madness.
« Nous avions l’impression que c’était là, à portée de main… Je n’arrive pas à me faire à l’idée que cette saison est terminée », dit-elle d’un ton lugubre dans le vestiaire, après le match. « Mais je suis fière que nous n’ayons pas baissé les bras. »
Malgré la déception, Garzon se rappelle avec émotion des nombreux moments forts de cette saison 2023-24, et notamment des 30 points arrachés en décembre contre Evansville, lorsqu’elle a réussi 12 tirs sur 14. Au cours de la saison, elle a joué dès les premières minutes des 32 matchs avec une moyenne de 11,6 points, 4,3 rebonds et 3 passes décisives par match. Celle qui était déjà une joueuse décisive l’an dernier – en qualité de première année -, a fait de gros progrès dans tous les domaines du jeu pour cette deuxième année, ce qui lui permet de continuer à rêver de devenir une star de la WNBA.
Cela n’a pourtant été facile de se concentrer sur le basket-ball avec ses études d’économie et de mathématiques et ce qui s’est passé chez elle – les horreurs du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont massacré 1 200 personnes et en ont enlevé 253 autres, et la guerre qui s’en est suivie à Gaza.
« Quand [la guerre] a commencé, je me suis dit : « Je vais rentrer chez moi », parce que c’était vraiment dur. Mais mes coéquipiers et entraîneurs ont fait un excellent travail pour me soutenir. Ils ont été là pour moi dès le début. Ils ont tout fait pour me comprendre. Ils suivaient l’actualité, ils savaient donc où j’en étais. »
Garzon s’est également rendue compte qu’elle pouvait aider Israël tout en restant au cœur de l’Amérique à condition de sortir un peu de sa zone de confort – de se dépasser en acceptant de se faire connaître et en mettant à l’épreuve sa maîtrise de l’anglais, pour tirer parti de sa notoriété d’athlète d’élite avec voix au chapitre.
« J’ai le pouvoir d’en parler autant que je veux. Ce n’est pas beaucoup, mais j’y consacre toute mon énergie : je fais en sorte de sensibiliser le public à ce qui se passe en Israël avec les otages », explique-t-elle. « J’essaie de publier le plus possible sur les réseaux sociaux pour que les gens sachent ce qui se passe vraiment. Je sais qu’il y a beaucoup de fake news. Et je veux vraiment dire la réalité de ce qui se passe. Je suis heureuse d’avoir de bonnes réactions. Parfois, elles sont moins bonnes, mais j’essaie de me focaliser sur le positif. »
Pour rendre son soutien à Israël plus visible encore, elle s’est fièrement drapée dans la bannière israélienne pour les besoins d’une photo de l’équipe en début de saison. Et elle n’a pas caché sa joie lors de la soirée spéciale « We Stand With Yarden », lors d’un match à domicile, où elle a reçu une énorme ovation.
Celle qui a commencé avec un ruban adhésif au poignet disant « Ramenez-les chez eux » porte désormais une plaque d’identité militaire en pendentif pour envoyer un message plus visible encore, et elle prend la parole sur la question chaque fois qu’elle le peut, y compris lors des conférences de presse des jours de match.
Tout en admettant qu’il y a des jours plus difficiles que d’autres, notamment lorsque les nouvelles d’Israël sont particulièrement mauvaises, elle se réjouit de la présence et du soutien de sa sœur aînée Lior, elle aussi joueuse de basket-ball de tout premier plan de la NCAA. De deux ans son aînée, Lior a joué les deux dernières années à l’Université d’État de l’Oklahoma à Stillwater, à environ 10 heures de route du campus de l’Indiana de Bloomington.
Les deux soeurs sont constamment en contact et ont une relation de grande proximité.
Par ailleurs, celle dont Yarden dit qu’elle est sa meilleure amie – sa sœur jumelle Yuval – est repartie en Israël pour servir dans l’armée israélienne, comme beaucoup de leurs amis.
Yarden et Yuval se donnent des nouvelles chaque jour, ne serait-ce que pour se dire bonjour quand le temps manque pour plus.
« Ma relation avec ma sœur jumelle est indescriptible », confie Yarden.
« Elle est toute ma vie. Nous avons chacun un tatouage qui dit ‘une sur deux’ parce que nous sommes des amies très proches. Nous savons tout l’une de l’autre. Nous savons ce que l’autre pense et ressent. Je ne peux pas imaginer vivre sans elle. »
Yarden s’empresse de souligner, avec un grand sourire, qu’elle doit son initiation au basket-ball à Yuval. Yarden ne voulait pas essayer ce sport, quand elles étaient plus jeunes, mais Yuval a insisté pour que Yarden l’accompagne. Et Yarden est immédiatement devenue accro à ce sport, tandis que Yuval s’est rapidement intéressée à la danse. Un petit côté unique au sein de la famille, car leur père Eitan et leur frère Dvir sont eux aussi des joueurs de basket-ball de haut niveau, sans compter leur mère Ruth, joueuse de volley-ball de haut niveau elle aussi.
Maintenant que la saison est terminée, Yarden va faire une petite pause et s’éloigner du basket-ball pour se concentrer sur ses devoirs, célébrer Pessah avec l’importante communauté juive de l’Université de l’Indiana, puis se rendre en Israël une fois le semestre terminé pour passer du temps avec sa famille et ses amis avant de retourner sur le campus et se préparer à la prochaine saison de basket-ball.
Une fois que les joueurs clés de l’équipe de cette année auront obtenu leur diplôme, la saison prochaine sera très différente. Garzon va continuer avec les Hoosiers, dont elle pourrait devenir le point focal, à la fois au niveau de l’attaque et de la défense, et la meneuse.
Son entraîneuse, Teri Moren, est convaincue que l’avenir réserve de grandes choses à sa star israélienne. Elle dit qu’en plus de 30 ans de carrière à un poste d’entraîneur, elle n’a jamais vu de joueuse de première année aussi mature qu’elle.
« Elle n’a pas peur de prendre de coups : c’est ce que j’aime chez elle et que nous respectons tous », confie Moren. « C’est une excellente coéquipière. Elle est intelligente, aussi bien sur qu’en dehors du terrain. Elle comprend le jeu. On peut la faire jouer de un à cinq [tous les postes au basketball], ce qui la rend très ludique pour un entraîneur. C’est une jeune femme formidable, et c’est formidable pour nous de l’avoir au sein du programme. Elle va continuer à monter en gamme. »
Quant à Garzon, qui a commencé à jouer au basket-ball en club avec le Maccabi Raanana à l’âge de 8 ans et a continué jusqu’à l’année de son diplôme d’études secondaires, elle est bien déterminée à atteindre ses objectifs sportifs de long terme, à savoir une carrière professionnelle dans la WNBA mais aussi un rôle de premier plan au sein de l’équipe israélienne.
« Je suis très fière de jouer avec le nom d’Israël sur ma poitrine », confie-t-elle. « Il n’y a rien de tel que de jouer pour notre pays. Avant chaque match, au moment de chanter l’hymne national, c’est un sentiment unique, un moment de bonheur et de fierté. »
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