L’ambassadeur d’Israël en Suède réclame une meilleure protection des sites juifs
Les crimes antisémites sont en hausse, mais l'ambassadeur Isaac Bachman salue Stockholm pour être "attentif" aux besoins de la communauté
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Jérusalem appelle le gouvernement suédois à renforcer les mesures de sécurité autour des institutions juives, a déclaré lundi l’ambassadeur d’Israël à Stockholm, en réaction à de nouveaux chiffres qui montrent une augmentation des crimes de haine antisémites dans le pays scandinave.
« Nous pensons que la sécurité devrait être renforcée et la police devrait être présente plus souvent et de façon plus marquée », a déclaré Isaac Bachman au Times of Israel dans un entretien téléphonique.
Dans le même temps, Bachman a félicité le gouvernement suédois pour être attentif au problème de l’antisémitisme, en notant qu’il reste à voir si la tendance à la hausse de la violence contre les Juifs peut être stoppée.
En 2014, 6 270 crimes de haine ont été signalés en Suède, 267 d’entre eux (soit 4 %) sur fond antisémite – une augmentation de 38 % par rapport à 2013.
Cette augmentation est probablement liée à l’Opération Bordure protectrice de 2014, qui a conduit à une hausse du sentiment anti-israélien à travers l’Europe. Les données pour 2015 ne sont encore disponibles.
Alors que 4 % semble être un chiffre relativement faible, les diplomates israéliens à Stockholm disent qu’il est en fait élevé si l’on considère que les Juifs ne représentent que 0,2 % de la population du pays (il y a environ 15 000 Juifs en Suède, sur 9,8 millions d’habitants).
En comparaison, 9 % des crimes de haine en 2014 étaient dirigés contre des Musulmans, qui représentent environ 6 % à 7 % de la population du pays. Par conséquent, ont calculé les responsables israéliens, un Juif en Suède risque 24 fois plus d’être agressé qu’un Suédois musulman.

Beaucoup de Juifs en Suède ne se sentent pas à l’aise en déclarant à la police des crimes haineux, ajoute Bachman, car ils veulent éviter que leur identité soient révélée lors des enquêtes de police. « Pour éviter des situations désagréables, je suppose sur une base très solide que le nombre d’incidents [antisémites] est encore plus élevé. Cela rend les proportions encore pires », a-t-il dit.
En outre, la « grande majorité » des plaintes concernant les crimes de haine ne sont pas résolues, a déploré l’ambassadeur. En conséquence, l’ambassade d’Israël à Stockholm soutient l’appel de Juifs locaux pour une présence accrue de la police autour des institutions juives et pour une meilleure éducation contre l’antisémitisme.
« Nous nous adressons au gouvernement avec la même demande que la communauté juive en ce qui concerne des éléments concrets de sécurité autour des centres juifs, et pas nécessairement uniquement les synagogues », a déclaré Bachman.
« Parfois, il s’agit de centres sociaux, de maisons de retraite – des établissements connus pour être juifs. La demande a rencontré une certaine compréhension auprès des autorités, mais pas au niveau attendu. »
Malgré les tensions diplomatiques récentes entre Jérusalem et Stockholm sur les propos de dirigeants sur le conflit israélo-palestinien, Bachman a salué l’engagement du gouvernement de centre-gauche du pays pour lutter contre l’antisémitisme.
« Le nouveau gouvernement est très préoccupé par l’antisémitisme, » a-t-il dit. Le roi, le Premier ministre et d’autres représentants importants de l’Etat assistent régulièrement à des événements organisés par la communauté juive locale, a-t-il ajouté.
« C’est une position très importante qui envoie un message de sérieux sur la façon dont ce gouvernement se penche sur l’antisémitisme. Nous devons aussi laisser passer un peu de temps pour voir comment cela va trouver son expression dans les chiffres [des crimes de haine] ».
Bachman a dit : « Nous avons besoin de voir plus de policiers, plus de gens qui travaillent sur le terrain dans différentes villes, villages et quartiers qui comprennent un peu mieux ce que sont ces crimes de haine, ce qu’est l’antisémitisme. Nous devons voir des enseignants dans les écoles qui le comprennent un peu mieux. »
Les enseignants suédois évitent souvent de parler d’antisémitisme en classe, surtout quand il y a de nombreux élèves musulmans, a ajouté Bachman. Cela doit changer, a-t-il demandé, tout en exprimant dans le même temps sa confiance que le Premier ministre Stefan Löfven va essayer d’aborder ces question. « C’est un gouvernement attentif à ces besoins. »