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L’ancien patriarche de Volkswagen, Ferdinand Piëch est mort

Qualifié de "légende de l'automobile", il était le petit-fils de Ferdinand Porsche, le créateur, à la demande du régime nazi, de la Coccinelle

Ferdinand Piech, le 30 mai 2017. (Crédit ; THOMAS KIENZLE / AFP)
Ferdinand Piech, le 30 mai 2017. (Crédit ; THOMAS KIENZLE / AFP)

Figure du monde automobile, patriarche volontiers autocratique, l’ancien PDG de Volkswagen Ferdinand Piëch, décédé dimanche, avait fait d’une entreprise souffreteuse un véritable empire mondial comme jamais l’Allemagne n’en avait connu, avant d’être marginalisé.

L’Autrichien, président du directoire du constructeur de 1993 à 2002, puis du conseil de surveillance jusqu’en 2015, a rassemblé les marques VW, Audi, Seat, Bugatti, Lamborghini et Porsche dans le mastodonte Volkswagen pour en faire un groupe d’envergure internationale.

Mais ce père de 13 enfants laisse aussi derrière lui une entreprise affaiblie par le gigantesque scandale des moteurs diesel truqués. S’il n’a pas été directement mis en cause, son mode de direction à poigne et son obsession de la conquête du marché américain ont, selon ses détracteurs, préparé le terrain de cette affaire.

Surnommé parfois « l’empereur », il avait très tôt appelé à une « guerre de l’auto » avec, en ligne de mire, le japonais Toyota.

Cette « légende de l’automobile » selon le quotidien Bild, était l’une des figures les plus importantes de l’industrie allemande et le petit-fils de Ferdinand Porsche, fondateur du constructeur de bolides de luxe et créateur, à la demande du régime nazi, de la célèbre Coccinelle.

A lire : L’ingénieur juif inconnu qui se cache derrière la Coccinelle Volkswagen d’Hitler

Né le 17 avril 1937 à Vienne, Ferdinand Piëch a grandi dans l’univers de l’automobile avant de commencer sa carrière chez Porsche dans les années 70.

Il a par la suite redressé la marque Audi, dont il prend la direction en 1988, et mise sur les innovations technologiques pour en faire un concurrent à BMW et Daimler, maison mère de Mercedes.

Auréolé de ce succès, il est appelé aux commandes de Volkswagen, fortement endetté et déficitaire, et lui impose une cure d’austérité passant par la semaine de quatre jours imposée dans les usines, remplaçant au passage la quasi-totalité du directoire.

Quelques mots du milliardaire au regard bleu perçant suffisaient pour sceller le sort des patrons, comme celui de Bernd Pischetsrieder chez VW, dégagé en 2006 en faveur de Martin Winterkorn, démissionnaire à son tour après l’éclatement du « dieselgate » et aujourd’hui menacé de procès.

Qualifié par le magazine Der Spiegel « d’ingénieur du pouvoir », Ferdinand Piëch réussit en 2009 son plus grand coup en empêchant le rachat de Volkswagen par Porsche: au bout de plusieurs semaines de féroce bataille au sein des familles, c’est finalement Volkswagen qui avale Porsche  – plaçant « M. Volkswagen » à la tête des familles Porsche-Piëch qui contrôlent le groupe jusqu’à aujourd’hui.

Le règne de Ferdinand Piëch chez Volkswagen n’a pas été non plus sans scandale : en 1993, un ancien dirigeant de General Motors, Jose Ignacio Lopez de Arriortua, a été accusé d’être passé chez VW avec des documents secrets.

La première pierre de l’usine de Wolfsburg, siège de Volkswagen, fut posée en 1938 par Adolf Hitler (Crédit : domaine public)

Et Peter Hartz, directeur du personnel aux côtés de M. Piëch dès 1993, a été emporté par un scandale de corruption : il a reconnu avoir versé 2,6 millions d’euros de pots-de-vin au président du comité d’entreprise pour payer des prostituées ou des voyages exotiques, afin d’acheter la paix sociale au sein de l’entreprise.

M. Piëch a aussi mis en place une culture de réussite à tout prix « qui a permis un des plus grands scandales industriels de l’après-guerre », le « dieselgate », juge le quotidien Die Welt.

Après la gloire vint la chute. Il perd en 2015 un bras de fer avec son ancien protégé Martin Winterkorn, qu’il souhaitait écarter de son poste, et démissionne du conseil de surveillance quelques mois seulement avant l’éclatement du scandale des moteurs truqués pour afficher des niveaux d’émission polluante inférieurs à la réalité.

Le dossier a jusqu’ici coûté plus de 30 milliards d’euros au groupe et grandement écorné l’image du secteur automobile allemand, précipitant le déclin du diesel.

Ferdinand Piëch s’était depuis progressivement retiré jusqu’à vendre en 2017 l’essentiel de ses parts dans Porsche SE, l’actionnaire principal contrôlant le groupe Volkswagen.

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