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L’armée américaine frappe de nouveau les Houthis au Yémen

Depuis le 19 novembre, la tension est montée en mer Rouge avec des attaques des Houthis visant le trafic maritime en solidarité avec le groupe terroriste palestinien du Hamas

Le destroyer lance-missiles Arleigh Burke USS Laboon s'approchant du pétrolier USNS Kanawha, à l'arrière-plan, pour une opération de ravitaillement en mer en mer Rouge, le 25 décembre 2023. (Crédit : Elexia Morelos/Département de la Défense des États-Unis/AFP)
Le destroyer lance-missiles Arleigh Burke USS Laboon s'approchant du pétrolier USNS Kanawha, à l'arrière-plan, pour une opération de ravitaillement en mer en mer Rouge, le 25 décembre 2023. (Crédit : Elexia Morelos/Département de la Défense des États-Unis/AFP)

L’armée américaine a mené samedi une nouvelle frappe contre des sites des Houthis au Yémen après que ces derniers eurent renchéri dans leurs menaces contre le trafic maritime international en mer Rouge.

Tôt samedi, la chaîne des Houthis, al-Masirah, a fait état de frappes sur au moins un site de la capitale Sanaa. « L’ennemi américano-britannique cible la capitale, Sanaa, avec un (certain) nombre de raids », a communiqué al-Masirah sur son compte X (ex-Twitter), citant son correspondant dans la ville.

Puis, le Commandement militaire central des Etats-Unis (Centcom) a confirmé une frappe américaine vers 03H45 locales samedi (00H45 GMT) « contre un site radar au Yémen ».

Depuis le 19 novembre, la tension est montée en mer Rouge avec des attaques des Houthis visant le trafic maritime en solidarité avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Tôt vendredi, des frappes américaines et britanniques ont visé des sites militaires tenus par les Houthis, qui contrôlent de vastes régions du Yémen, dont la capitale Sanaa, relançant les craintes d’un débordement régional de la guerre à Gaza déclenchée par l’attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Le président américain Joe Biden avait menacé les Houthis d’autres frappes sur des positions de ces yéménites si ces derniers ne mettaient pas un terme à leurs tirs en mer Rouge.

Les Houthis ont menacé de riposter aux frappes menées vendredi par les Etats-Unis et le Royaume-Uni au Yémen en s’en prenant aux intérêts de ces deux pays, considérés désormais comme des « cibles légitimes ».

Or après les frappes britanniques et américaines de vendredi, les Houthis ont tiré « au moins un missile » qui n’a touché aucun navire, a indiqué l’armée américaine avant la frappe de samedi matin menée par le destroyer USS Carney utilisant des missiles Tomahawk.

A l’ONU, le secrétaire général Antonio Guterres avait plus tôt appelé « toutes les parties concernées à éviter une escalade (…) dans l’intérêt de la paix et de la stabilité en mer Rouge et dans l’ensemble de la région », selon son porte-parole Stéphane Dujarric.

Le mouvement des Houthis fait partie de « l’axe de la résistance » établi par l’Iran, qui réunit dans la région des groupes qui ont juré de détruire Israël, notamment le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien et des groupes armés en Irak et en Syrie.

Les frappes américaines et britanniques de vendredi, « 73 raids », ont visé des sites militaires à Sanaa et dans les gouvernorats de Hodeida (ouest), Taëz (sud), Hajjah (nord-ouest) et Saada (nord), avait indiqué plus tôt le porte-parole militaire des Houthis tandis que l’armée américaine avait évoqué 30 positions militaires ciblées sur un total de plus de 150 frappes.

Joe Biden a parlé de son côté d’une opération menée « avec succès », évoquant une action « défensive » pour protéger notamment le commerce international.

Reprochant aux Houthis d’avoir ignoré « les avertissements répétés de la communauté internationale », le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait qualifié les frappes de mesures « nécessaires (…) en état de légitime défense ».

Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l’Australie, le Canada et Bahreïn ont souligné que leur objectif était la « désescalade » en mer Rouge.

À Moscou, le Kremlin a sans surprise condamné des frappes occidentales jugées « illégitimes du point de vue du droit international », tout comme le président turc, Recep Tayyip Erdogan, parlant d’une réponse « disproportionnée ». Et lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant de la Russie, Vassili Nebenzia, a fustigé ce qu’il a appelé une « agression flagrante » et une « frappe massive » contre « la population du pays dans son ensemble ».

L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a, elle, prévenu qu’aucun navire n’était à l’abri de la menace. « Nous ne pouvons pas tolérer que des voyous harcèlent le transport international », a déclaré au Telegraph le ministre britannique de la Défense Grant Shapps, appelant l’Iran à ce que ses « intermédiaires » dans la région, comme les Houthis ou le Hezbollah, « cessent leurs activités ».$

Le secrétaire à la Défense britannique Grant Shapps pendant une conférence de presse à Londres, le 11 décembre 2023. (Crédit : Kirsty Wigglesworth/AP)

Lors d’un entretien avec Liu Jianchao, à la tête de la division internationale du Comité central du Parti communiste chinois, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a souligné « l’importance de maintenir et de défendre les droits et libertés de navigation en mer Rouge » tout en évitant « une nouvelle escalade ».

12 % du commerce mondial

Les attaques des Houthis, menées avec des missiles et des drones, ont poussé de très nombreux armateurs à délaisser le couloir de la mer Rouge entre Europe et Asie, au prix d’une hausse considérable des coûts et temps de transport, le dernier en date étant vendredi la compagnie de transport maritime danoise Torm.

Pour y faire face, Washington a mis en place en décembre une coalition multinationale afin de protéger le trafic maritime dans cette zone par où transite 12 % du commerce mondial.

Or les Houthis ont poursuivi leurs opérations et lancé mardi 18 drones et trois missiles qui ont été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et des avions de combat. Le gouvernement britannique a parlé de la « plus importante attaque » des rebelles yéménites à ce jour.

En début de semaine, le Conseil de sécurité de l’ONU avait exigé l’arrêt « immédiat » de leurs attaques et Washington avait averti de représailles en cas de nouvelles attaques en mer Rouge. Mais jeudi, les Houthis ont tiré un autre missile antinavire. Et dès le lendemain matin, les frappes américaines et britanniques ont retenti.

Des manifestants yéménites participant à une marche de solidarité avec le peuple palestinien à Sanaa, capitale du Yemen contrôlée par les Houthis, le 11 janvier 2024. (Crédit : Mohammed Huwaïs/AFP)

L’Iran, soutien clé des Houthis et ennemi N.1 d’Israël, a alors condamné une « violation flagrante de la souveraineté » du Yémen. Vendredi, à Sanaa, la capitale du pays sous contrôle des Houthis, des centaines de milliers de personnes ont protesté contre les frappes américaines et britanniques, scandant : « Mort à l’Amérique, mort à Israël ».

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