L’armée démolit la maison du terroriste qui a tué les jeunes frères Yaniv à Huwara
Selon l'armée, des affrontements ont lieu près du domicile d'Abdel Fattah Kharousha, auteur de l'attentat de février, dans le camp de réfugiés d'Askar, près de Naplouse
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

L’armée israélienne est entrée dans un camp de réfugiés palestiniens près de Naplouse et a démoli dans la nuit de lundi à mardi le domicile d’un terroriste palestinien qui a tué deux Israéliens en Cisjordanie, selon un communiqué de l’armée.
L’armée a indiqué que des heurts ont éclaté dans le camp de réfugiés Askar durant l’opération de démolition du domicile d’Abdel Fatah Kharoucha, situé au 3e étage d’un immeuble, selon l’agence de presse palestinienne Wafa.
Le 26 février, Kharousha, 49 ans, a ouvert le feu en direction de Hallel Yaniv, 21 ans et Yagel Yaniv, 19 ans, alors qu’ils circulaient, en voiture, à travers la ville de Huwara, en Cisjordanie. Ils ont été tués sur le coup.
Kharousha, membre de la branche armée du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas, a pris la fuite. Il a été tué le 7 mars dans un raid de l’armée israélienne à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
La démolition de la maison de Kharousha à Naplouse est prévue depuis plusieurs mois, de même que celle de son fils, qui a été inculpé pour avoir participé à la préparation de l’attentat.
L’armée a publié une vidéo montrant des ingénieurs de l’armée en train de percer la maison pour y placer des explosifs, avant qu’une forte déflagration n’emporte le dernier étage du bâtiment de trois étages.
Tsahal a déclaré que des tireurs palestiniens avaient ouvert le feu et lancé des explosifs en direction des troupes, et que d’autres émeutiers avaient lancé des pierres et mis le feu à des pneus au cours de l’opération. Les soldats ont répondu avec des moyens de dispersion, a déclaré l’armée, ajoutant qu’aucun soldat n’a été blessé.
Des témoins ont fait part à l’AFP d’affrontements entre les soldats et des Palestiniens armés pendant cette incursion.
Un ambulancier du Croissant rouge palestinien a affirmé à l’AFP que six personnes avaient été blessées dans ces heurts dont une par balles réelles.
Israël démolit régulièrement les maisons des Palestiniens accusés d’avoir perpétré des attaques terroristes meurtrières ainsi que de leurs complices. L’efficacité de cette politique a fait l’objet de vifs débats, même au sein des services de sécurité israéliens. Cette politique israélienne est décriée par des organisations de défense des droits humains pour qui elle s’apparente à un châtiment collectif.
Le processus de démolition prend généralement plusieurs mois, le temps que des préparatifs soient menés et que l’ordre passe par les tribunaux. Les forces de sécurité attendent souvent le moment optimal pour entrer dans les villes ou les quartiers palestiniens en vue de l’opération.
Les fils de Kharousha, Khaled et Muhammed Kharousha, ont été arrêtés le 7 mars lors d’un raid à Naplouse, en même temps que le raid à Jénine, au cours duquel leur père a été abattu.

Des actes d’accusation ont été déposés contre les deux hommes en mai, les accusant d’avoir intentionnellement causé la mort – l’équivalent du meurtre selon le tribunal militaire – et d’infractions à la législation sur les armes.
Selon l’acte d’accusation, les deux fils ont aidé leur père à planifier l’attaque et ont recueilli des renseignements.
Au départ, les fils étaient censés rejoindre leur père lors de l’attaque proprement dite, mais dans les jours précédant la fusillade du 26 février, ils ont convenu que Kharousha l’exécuterait seul, ajoute l’acte d’accusation.
Seule la maison de Khaled Kharousha est vouée à la démolition. On ignore pourquoi l’armée n’a pas relevé les dimensions de la résidence de Muhammed Kharousha.
L’assassinat des frères Yaniv avait déclenché la colère de certains résidents d’implantations, qui ont saccagé Huwara quelques heures après la fusillade, incendiant des maisons et des voitures et attaquant des personnes dans ce que certains, au sein de l’armée, ont qualifié de pogrom.

Depuis un an et demi, la violence s’est intensifiée en Cisjordanie, avec une augmentation des tirs palestiniens contre des civils et des soldats israéliens, des arrestations quasi-quotidiennes par l’armée et une recrudescence des attaques de Juifs extrémistes contre des Palestiniens.
Les attaques terroristes palestiniennes en Israël et en Cisjordanie ont fait 28 morts et plusieurs blessés graves depuis le début de l’année. Selon un décompte du Times of Israel, 168 Palestiniens de Cisjordanie ont également été tués au cours de la même période – la plupart lors d’affrontements avec les forces de sécurité ou lors d’attaques, mais certains étaient des civils non impliqués et d’autres ont été tués dans des circonstances peu claires, y compris par des Israéliens armés.
L’AFP a contribué à cet article.