L’armée met en garde contre les conséquences d’une défection des réservistes
Selon l'état-major qui s'attend à une hausse du nombre d'anciens soldats refusant de faire leur service, l'état de préparation militaire du pays pourrait se dégrader d'ici 30 jours
Des responsables de l’armée israélienne ont fait part de leur inquiétude face au nombre toujours croissant de réservistes qui refusent de se présenter au service en signe d’opposition contre le projet de réforme du système judiciaire israélien avancé par le gouvernement actuel, estimant que les capacités opérationnelles de l’armée pourraient pâtir de ces défections d’ici un mois, a noté mardi la Radio militaire.
Ce reportage, qui n’a pas cité ses sources, a précisé que des membres de l’état-major avaient récemment discuté du problème, faisant part de leur préoccupation face à une possible augmentation du nombre de réservistes refusant de faire leur devoir si la coalition devait faire encore avancer son projet de loi visant à affaiblir considérablement le pouvoir de la Cour suprême – ce qui aurait un impact sur les capacités de l’armée à mener à bien sa mission.
Même si ces défections n’ont pas encore eu d’effet sur les capacités opérationnelles de Tsahal, a continué le reportage, les choses pourraient bien changer dans les semaines à venir – en particulier dans l’armée de l’air qui s’appuie beaucoup sur les réservistes pour ses missions.
La coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est formée de partis de droite, d’extrême-droite et ultra-religieux, tente actuellement de faire adopter à un rythme effréné des lois qui affaibliraient les capacités de la Haute-cour à agir comme un contre-pouvoir face au parlement et qui prévoient également de donner au gouvernement le contrôle de la Commission chargée de la nomination des juges en Israël. Des initiatives qui ont entraîné, depuis plus de deux mois, un mouvement de protestation massif et les mises en garde croissantes de personnalités publiques qui dénoncent ces réformes. Cela a notamment été le cas du président, de juristes, des chefs d’entreprise et de nombreux autres.
Des réservistes de plus en plus nombreux – ils constituent un élément déterminant dans les activités quotidiennes de l’armée, y compris au sein des meilleures unités – ont de leur côté fait savoir qu’ils ne serviraient pas dans un Israël qui ne serait plus démocratique, accusant le gouvernement de vouloir atteindre cet objectif dans le cadre de son plan.
Les hauts-responsables militaires ont insisté, pour leur part, sur la nécessité de ne pas impliquer l’armée dans un conflit d’ordre politique. Toutefois, de nombreuses informations indiquent que le mouvement de rébellion des réservistes ne cesse de prendre de l’ampleur.
De surcroît, les soldats se sont inquiétés qu’en l’absence d’un système judiciaire israélien indépendant et considéré comme fiable par les pays étrangers, des poursuites à leur encontre puissent être intentées dans les tribunaux internationaux sur la base d’actions entreprises sur ordre de la hiérarchie pendant leur service.
Dans un discours prononcé lundi devant les officiers, notamment devant le chef d’état-major Herzi Halevi, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a dénoncé cette vague d’insubordination au sein de Tsahal, disant qu’elle menaçait la sécurité nationale.
« Ce phénomène d’insubordination générale pourrait nuire aux capacités de l’armée de mener à bien ses missions », a mis en garde le ministre de la Défense.
Gallant aurait, selon des informations, averti Netanyahu qu’il pourrait présenter sa démission si la campagne-coup de poing menée à la Knesset pour faire adopter le projet de réforme du système judiciaire israélien controversé n’était pas ralentie.
Netanyahu aurait répété les propos de Gallant – qui avaient été exprimés en privé – devant le cabinet dimanche, selon les médias israéliens, une initiative qui a pu avoir pour objet de renforcer les pressions sur les membres de la coalition les plus impliqués dans la refonte judiciaire, afin de les amener à assouplir certains de leurs projets. Le ministre Yariv Levin du Likud et le député Simcha Rothman, du parti d’extrême-droite Hatizionout Hadatit et qui est également le président de la Commission de la Constitution, du droit et de la Justice, sont les principaux artisans de cette enveloppe de réformes du système de la justice.
La coalition a reporté certains projets de loi au lendemain du congé de Pessah, mais elle continue à faire avancer rapidement une législation qui accorderait aux politiques le contrôle de la Commission chargée de nommer les juges – un texte qui devrait être adopté d’ici la fin de la semaine prochaine.
Tandis que les partisans des réformes affirment qu’elles sont nécessaires pour freiner une Haute-cour qui, selon eux, est « outrageusement activiste », les critiques affirment qu’elles supprimeront un contre-pouvoir essentiel face à l’exécutif et face au Parlement, mettant en péril la démocratie.