L’authenticité d’un papyrus ancien mentionnant Jérusalem contestée
L'université Hébraïque de Jérusalem, a expliqué que le papyrus a été retrouvé plié, ce qui semble exclure qu'il s'agisse d'un faux
Des archéologues ont émis des doutes sur l’authenticité d’un papyrus présenté mercredi par l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA) comme du 7e siècle avant l’ère commune et portant la plus ancienne mention non religieuse de Jérusalem.
Ce document avait été présenté quelques heures après l’adoption par l’UNESCO d’une résolution sur Jérusalem qui ignore le lien millénaire entre les juifs et la ville sainte.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait affirmé que ce papyrus constitue « une carte postale du passé adressée à l’UNESCO » et sa ministre de la Culture, Miri Regev, l’avait qualifié de « preuve que Jérusalem a été et restera toujours la capitale éternelle du peuple juif. »
Mais « comment peut-on savoir qu’il ne s’agit pas d’un faux destiné au marché des antiquités ? », se demandait pourtant vendredi dans le quotidien Haaretz le professeur Aren Maier, spécialiste d’archéologie à l’université Bar Ilan.
Il a critiqué l’IAA pour avoir rendu public ce document « alors qu’il était clair à l’avance qu’il susciterait une controverse. »
Pour lui, la datation au carbone 14 est insuffisante : « il y a de nombreux exemples d’inscriptions rajoutées sur d’anciens supports. »
Christopher Rollston, professeur à l’université américaine George Washington, a souligné que l’on pouvait facilement acquérir sur internet d’anciens papyrus et y ajouter une inscription.
En réponse, le professeur Shmuel Ahituv, de l’université Hébraïque de Jérusalem, a expliqué que le papyrus a été retrouvé plié, ce qui semble exclure qu’il s’agisse d’un faux, et que les mots figurant sur ce support sont « très rarement utilisés ». « Un faussaire aurait choisi un texte plus impressionnant », selon lui.
En présentant le document mercredi, l’IAA avait affirmé qu’il s’agissait « de la première mention en hébreu de la ville de Jérusalem en dehors de l’Ancien Testament. »
Le papyrus avait été avait été saisi par les autorités israéliennes en 2012 peu avant sa mise en vente sur le marché noir international des antiquités par des trafiquants de la région de Hébron, selon l’IAA.
Ce morceau de papier végétal d’une dizaine de centimètres de long, recouvert d’une écriture en proto-hébreu encore bien lisible, est un bordereau de livraison pour des jarres de vins à destination du roi à Jérusalem, rédigé par une fonctionnaire de la région de l’actuel Jéricho.
L’IAA a affirmé que la présentation du papyrus à la date de mercredi n’était qu’une coïncidence, sans rapport avec le vote à l’UNESCO sur Jérusalem.