La plus vieille mention hébraïque de Jérusalem retrouvée sur un rare papyrus de 2 700 ans
Le bordereau de livraison d’outres à vin “à Jérusalem” apparaît sur un rouleau de l’époque du Premier Temple qui aurait été pillé dans une grotte du désert de Judée
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives
Un rare papyrus antique datant de l’époque du Premier Temple, il y a 2 700 ans, porte la mention la plus ancienne connue en hébreu de Jérusalem.
Le texte fragile – « De la servante au roi, depuis Naharata (à proximité de Jéricho) deux outres de vin à Jérusalem » -, qui aurait été pillé dans une grotte du désert de Judée, aurait été acheté il y a quelques années. Des radio-datations carbone ont déterminé qu’il datait du 7e siècle avant l’ère commune, faisant ainsi de lui l’un des trois seuls papyrus en hébreu de cette période, et précédant les rouleaux de la mer Morte de plusieurs siècles.
Le feuillet du papyrus, qui a été officiellement dévoilé par l’Autorité israélienne des Antiquités mercredi, mesure 11 centimètres sur 2,5. Ses deux lignes d’écriture noire irrégulière en paléo-hébreu auraient été un bordereau d’expédition enregistrant la livraison de deux outres à vin « à Jérusalem », la capitale du royaume de Judée.
Le fait que la note soit écrite sur du papyrus, plutôt que sur un simple ostraca d’argile, suggère que la livraison des outres à vin a pu être faite à une personne de rang élevé.
D’autres informations sur le papyrus et son importance seront données pendant une conférence de presse mercredi à Jérusalem par le spécialiste universitaire de la Bible Shmuel Ahituv, lauréat du prix Israël.
Ahituv a étudié le papyrus après son acquisition par un individu qui a demandé à rester anonyme. La préservation du fragment pendant des millénaires suggère qu’il a été stocké et découvert dans un emplacement frais et aride, peut-être une grotte proche de la mer Morte.
Bien qu’il existe plus d’une poignée de textes en hébreu ancien gravés sur la pierre ou tracés sur des morceaux de poterie à cette époque, les seuls autres textes en hébreu inscrits sur un papyrus datant d’avant la chute du royaume de Judée en 586 avant l’ère commune sont le papyrus de Marzeah, qui proviendrait de la Transjordanie de la deuxième moitié du 7e siècle avant l’ère commune, et un palimpseste sur papyrus retrouvé à Qumran.
L’Autorité israélienne des Antiquités a pris des mesures pour empêcher les voleurs d’antiquités de piller l’héritage archéologique du pays, particulièrement dans les grottes calcaires qui parsèment les falaises descendant vers la mer Morte. Ces grottes éloignées ont donné deux des plus importants textes antiques en hébreu : les rouleaux de la mer Morte et les lettres de Bar Kochba.
Les opérations de ces dernières années ont permis d’arrêter des chasseurs de trésor et des marchands en flagrant délit dans les grottes du désert de Judée et les hôtels de Jérusalem, alors que les archéologues se dépêchent pour fouiller les grottes restantes de la région dans l’espoir de découvrir de nouvelles données scientifiques et, peut-être, plus de rouleaux.
Amir Ganor, président de la division de la prévention du vol des antiquités de l’IAA, a indiqué qu’il avait été ultérieurement déterminé que le papyrus provenait d’une grotte de Nahal Hever dans le désert de Judée.
Ahituv a expliqué que le papyrus mentionnait une « servante du roi » envoyant les deux outres de vin à « Yerushalem, » ce qui laisse suggérer qu’il avait été envoyé par une femme éminente de la capitale.
Il a souligné qu’il est significatif que le texte arbore la prononciation plus largement adoptée dans la Bible. Il y a seulement quatre exemples dans la Bible de Jérusalem qui sont orthographiés avec un ‘Yod’, de la manière dont le mot est prononcé en hébreu moderne.
Eitan Klein, de l’IAA, a noté que la date avait été confirmée par la comparaison de l’orthographe du textes avec d’autres issus de la même période.